Ca a commencé comme ça (click) :
"Alors il y a bien ce type auquel je n’ai pas encore trouvé de pseudonyme qui me donne envie de lui attraper la bouche et de le faire rougir. De l’enlacer et le poser contre mon cœur pour le protéger des autres et de lui-même. Je le vois s’emporter de joie pour chaque chose et mon sourire s’anime parce qu’il m’amuse, m’attendrit lui et son côté enfant. A jouer du piano tous les deux seuls dans le silence jusqu’à 5h du matin le lendemain du nouvel an. Inventer des chansons et s’extasier d’être ensemble dans la musique seulement. Me dire "toi aussi tu l’as senti, à un moment, ça nous dépassait". Oui, ça s’appelle la cohésion. On était bien. Je le suis toujours, quand il est là. Mais même s’il a beaucoup de qualités, il est aussi empreint de déjà vu dans ses mauvais côtés et je ne peux me permettre de vivre la même chose une deuxième fois. Maintenant que je sais ce que je ne veux pas, peu importe le reste. J’ai le besoin d’être dans l’exigence pour cette fois-ci." 
C’était l’année dernière à la même époque, je venais d’évoquer Blues pour la première fois.

J’y pensais depuis un moment, il avait ce truc insaisissable qui m’attirait et me rebutait à la fois. Il ne me regardait jamais. Et quand je m’approchais d’un peu trop près il partait en courant. Il y avait cette soirée le lendemain du nouvel an que l’on a fini juste tous les deux dans le noir devant la cheminée, à se raconter nos rêves et nos bizarreries. Je lui avais dit quelque chose de doux sur son côté innocent et passionné, il m’avait répondu qu’il se sentait si gêné qu’il n’oserait plus dire quoi que ce soit. Alors dans le silence on s’est levé et on a changé de pièce. Il y avait ce vieux piano un peu désaccordé mais au son chaleureux. On y a joué pendant des heures, insatiables. C’est ici qu’on a composé notre chanson, celle que l’on fredonne encore aujourd’hui. Il était 5 heures du matin quand on s’est décidé à troquer le piano contre le matelas. Je voulais tellement qu’il me dise de rester. Puis je savais que ce n’était pas raisonnable, peut-être. De toute manière je n’ai pas eu à réfléchir longtemps, il est parti se coucher seul sans une once d’hésitation. Ce n’était pas une fulgurante attirance. Avec lui, je me sentais juste à ma place.

Oui, on peut dire que ça a commencé comme ça.

J’y croyais pas à cette histoire. J’avais pas d’espoir, je voyais bien qu’il n’y avait aucun moyen qu’il s’intéresse à moi. Il était trop occupé par que sais-je, la musique, les sorties, l’interdit. Je savais pas que m’ignorer complètement et refuser mes avances, c’était sa technique à lui pour me montrer que je lui plaisais et qu’il pensait sans cesse à moi.
Elle est marrante mon histoire avec Blues. Bourrée de quiproquos. Avec le recul ça en devient drôle et attendrissant. Dans le moment présent c’était pas forcément une partie de rigolade….
Je me rappelle la première fois sur sa moto à moitié déglinguée (click). Il avait maladroitement osé faire un pas vers moi et la vie ressemblait à un film. Tellement étrange et timide. Je ne comprenais pas la trame du problème à l’époque. Alors j’avais le sang qui remuait à cent à l’heure dans chacune de mes veines totalement dépassée par les évènements. C’est pas faute d’avoir essayé pourtant. Ce lever de soleil que l’on devait se faire tous les deux (click), et il invite un pote au dernier moment. Il a toujours été comme ça, à ce qui parait. A fuir les filles dont il était amoureux. Le seul moyen de l’apprivoiser, c’était la musique.

Oui, la musique. Je le sais sera la clé. De l’amour, de l’amitié.
Bref.
C’était lors de nos quatre mains que je pouvais frôler ses doigts, son épaule. Et il me laissait alors timidement rester en tête à tête avec lui. Je pense qu’il avait tout bonnement envie de disparaître lentement de la pièce lors de ces moments là. Ou de mourir de honte, au choix. Je le connais maintenant. Je sais pourquoi il réagissait de la sorte. Notre premier baiser, sur le pas de la porte (click). Il y avait un petit mur pour s’abriter, mais nous on était sous la pluie exactement, pas à côté juste en dessous, à grelotter de froid et de pudeur. Trembler maladivement. Je l’ai serré dans mes bras pour lui souhaiter bonne nuit et puis. On est resté comme ça. A pas savoir s’embrasser.

C’était il y a un an et aujourd’hui dans ces yeux je vois autre chose. Tous ces petits bonheurs passés ajoutés aux moments présents, ça fait une bonne dose d’étincelles dans le regard. Ca fait des jours avec et des jours sans, aussi. Et des questions sur ce que pourra être l’année prochaine.

Sinon mon Joueb a 5 ans.
Faudra que j’écrive la suite, pour fêter ça.