Ecrit le 17.02.05 à 01h30

Ce mardi, je suis allée voir Ray. Ca m'a fait du bien, c'est grâce à sa présence. Et puis je suis soulagée, on a pu communiquer comme de bons amis qui se charient à longueur de journées mais qui pensent tout le contraire. Il m'a tapé, comme avant. Mais avec une certaine retenue d'autant plus touchante. Il m'a traité de tous les noms parce que je lui faisais entendre qu'il n'était qu'un looser...

Aaaah....qu'est ce que c'est chouette de s'entendre aussi bien avec quelqu'un...ça fait chaud au coeur.

Il m'avait manqué ce con de Ray. Avec les événements récents, j'avais peur qu'il ne revienne plus jamais me voir. J'en aurais perdu le sourire. Ou non, j'aurais affirmé à tout le monde que ça m'était égal jusqu'à des années après me rendre compte que j'étais dans l'impasse jusqu'au cou. Je pige jamais rien sur le moment présent. Faut toujours que ça prenne le temps de monter jusqu'au cerveau.

C'est comme pour tout. Pour m'apercevoir, entre autres, que Ray est vraiment un gars formidable. Que malgré toute la douleur que j'ai pu lui engendrer, il me parle encore sans rancune. Est-ce que j'aurais été capable de faire une telle chose, moi, à sa place ?

C'est un surhomme. Je dirais même plus, c'est une femme ! (hum hum...désolée pour la blague pas drôle...)

Un peu avant l'heure fatale des adieux, il a eu le courage de me demander comment ça allait avec Maro. Je lui ai répondu ce qu'il voulait peut-être entendre : qu'il en avait rien à battre de ma gueule, qu'il se servait de moi, qu'il me mentait. Ray a soupiré et hoché la tête :

-"Poubelle t'avais prévenu qu'il était comme ça...elle te l'avait dit...tu savais."

Oui je savais. Mais je croyais aussi.

-"Comme moi qui ne suis qu'attiré par des filles dépravées opposées à mes convictions propres, toi Dine, tu n'es qu'attirée par ceux qui te font souffrir..."

C'est si vrai...

-"Et les gars qui ne se moquent pas de toi...."

Il baisse la tête, s'arrête de parler. Dans la mienne, j'ai fini sa phrase.

"Et les gars qui ne se moquent pas de toi, Dine, tu les repousses. Tu t'en éloignes. Tu t'en lasses."

Finalement, c'est une réaction très banale. On poursuit ce qu'on ne peut obtenir. Mais je veux faire une distinction :

-" Je te l'avais proposé Ray. Si c'était trop pesant comme ça, on aurait pu l'officialiser. Mais tu ne voulais rien commencer avec moi parce que tu me connaissais trop, tu disais toujours. C'était toi qui mettait un frein."

-"Les sentiments évoluent..." a-t-il rajouté d'une manière si sincère.

Mais maintenant, je ne pense que par Maro. Je m'en veux tellement de m'être éprise d'une ordure pareille. Je raconte à Ray ma détresse et les réactions de Maro en ménageant les détails, mais Ray ne supporte vraiment pas que je me laisse traiter comme une trainée qu'on utilise et qu'on jette. Lui, un homme si moraliste. L'autre, ce type si déplorable et dégoutant. Moi, qui ne peut m'empêcher d'en sourire. Car même si j'ai conscience que Maro est un gars sans aucune éthique amoureuse, je ne peux lutter contre la force de mon affection à son égard.  Et Ray l'a bien compris :

-"C'est ton deuxième plus grand amour, c'est ça ?"

Je n'irai quand même pas jusqu'à affirmer cela aussi rapidement. Il continue :

-"Tout à l'heure, tu as comparé tes sentiments avec ceux éprouvés pour ton Ex. Ton Ex, ça a été ton grand premier amour, non ? Ca a été celui aussi qui a finalement été le plus odieux avec toi...

...Maro est encore pire."

-" Oui mais au départ ils sont tout gentil, ça se passe à merveille et puis...."

-" Ca doit être ton karma."

Silence. Ray se met à esquisser un petit sourire et continue :

-"Tu sais, ça me fait penser à une légende indou ou à un truc du style....c'est l'histoire d'un gars qui ne peut jamais manger son assiette en entier. A chaque fois qu'il va pour la finir, un événement survient, et il peut jamais bouffer son plat tranquille.Tu me fais penser à ce type. A chaque fois que tu tombes amoureuse, hop, c'est le drame."

Oué...déduction douteuse...mais ça vient de Ray, alors ça n'étonne personne. Néanmoins je pose la question :

-"Et est-ce qu'à la fin il arrive à la terminer, son assiette ?"

-"Mouis..."

-"Aaaah...et il fait comment ?"

-"Il avale un dieu."

-"..."

Hum...changeons de sujet. Je dois rentrer chez moi. Mais avant de partir, je veux finir de parler :

-"Mais tu sais, Ray......Maro, je sais vraiment pas ce que je lui trouve."

-"Il brille."

-"Quoi ?"

-"Par la musique. Il brille.......et d'une lumière que tu connais."

Sur ces mots trop significatifs pour moi, je m'en suis allée. Mais j'avais envie de lui avouer....

Toi aussi tu brilles, Ray.

C'est juste que je suis trop conne pour te dire à quel point ta lumière est éblouissante.