Je suis totalement folle de mon professeur d'harmonie.
A chaque fois que je l'écoute parler, je fonds. Quand il frôle ses doigts sur le clavier en se désolant de ne pas être pianiste. Il joue si facilement. Et quand il prend ses poses, limite pédant, surtout classieux. Oui, pour moi, il est la classe incarnée.
Je me rappelle en début d'année, la seule fois où j'ai osé porter une jupe au dessus des genoux à la fac, arborant les LooseSocks que Nem m'avait fraichement rapportées du Japon.
-"Tu reviens du cours de danse?"
M'avait balancé le monsieur sur un ton cynique et moqueur, quand j'étais passée devant son bureau pour rejoindre ma place. Il pouvait plaisanter, va. N'empêche que je l'ai vu, regarder mes jambes. Alors je me suis assise à l'extrémité du couloir, où il circule habituellement pendant ses envolées lyriques qui n'ont aucun rapport avec le cours. Alors il parle, s'avance vers ma rangée, jette un œil, repart, revient, je change de position. Il regarde encore ces jambes pendant qu'il discourt, s'attarde un peu plus, je balance mes pieds dans sa direction, il est tout près et bloque, un instant :
-" Heuu...j'ai oublié ce que je voulais dire...." s’égare-t-il.
Il se retourne, marche jusqu’au tableau. S'ouvre son Coca Light Lemon, et avale une gorgée, par fétichisme.
Peut être en réalité…regardait-il par terre, les carreaux beiges de la salle, voguant dans ses délires intérieurs.
Je préfère penser qu'il fixait mes jambes. Allez savoir pourquoi...
Il y a toujours eu une attirance chez cet homme incroyablement charismatique et célibataire. Il peut être à la fois intensément fou et inaccessible, et parfois simplement bizarre et dérangé. Comme quand il se casse la gueule tout seul et qu'il croit naïvement que personne n'a remarqué. Comme quand je lui rends ma copie de partiel en lui demandant :
-" Il faut écrire son nom sur la deuxième page, c'est ça?"
Et qu'il me répond, affolé :
-" Quoi, la deuxième vache?"
Aucun rapport vous serez bien d'accord avec moi.
Peut-être en référence à la fois où je l'avais abordé à la fin du cours avec Mambo, en lui citant une des vannes de sa journée :
-" Pardon de vous déranger, mais l'harmonie et moi, c'est comme une vache qui regarde passer le train : j’ai beau visualiser, je ne comprends toujours rien. Ca n'arrive pas à entrer dans le cerveau. "
Il avait un peu flippé en regardant ma feuille d'exercice et mes pauvres accords à deux sons. Mais il me parlait avec une telle douceur, me faire prendre conscience de ma nullité sans m'humilier, quelle délicatesse de sa part :
-" Tu vois, l'harmonie, il faut s'y habituer, l'encrer dans son quotidien. C'est comme quand tu te brosses les dents, tu vas pas dire : ho ça me plait pas alors je le fais p..."
-" Heu.....le coup de la brosse à dent, vous nous l'avez déjà sorti aujourd'hui…(renouvelez-vous quoi, merde!)"
-" Oui mais je te le disais à toi parce que tu avais les dents blanches, c'était bien approprié, tu dois souvent te laver les dents, non?"
-" Heeuu..."
Pendant les partiels, je levais la tête et il avait les yeux posés sur moi. Alors je retentais de temps en temps l'expérience, pour vérifier que ce ne soit pas simples coïncidences. Parfois on se fixait avec un semblant d'insistance, il abdiquait toujours avec un sourire en coin.
Comme une fois lorsque j'étais assise au tout premier rang, à côté de l’instrument, et qu'il voulait nous montrer l'effet strident "martelage du piano", en soulevant sa lourde carapace avec certaines difficultés, je l'avoue. J'avais spontanément lancé sur un ton satyrique face à l'effort :
-" Quel homme!"
Ma voisine de gauche n'a pas pu s'empêcher de pouffer de rire à 30cm de son visage, et lui de sourire...à répétition.
Soyons francs, se sont de vrais films, hein. Des moments ayant réellement existés, et en même temps totalement illusoires. Mais c'est marrant de pouvoir se les imaginer de cette manière là.
Non, plus sérieusement, celui qui m'aime bien, c'est le prof de solfège. (On avait dit plus sérieusement, Dine...)
Déjà, depuis la rentrée, à tous ses cours il me traque :
-" J'aime beaucoup votre cahier de portées."
-" Vous trouvez? Merci."
Evidemment la critique est facile quand on sait que j'écris la musique sur des feuilles A4 à grands carreaux.
Cet homme, c'est un George Clooney en puissance. Toutes les filles s’agglutinent autour des bureaux de devant, pour ses beaux yeux, et son humour décalé. Quand il écrit sur le tableau "mercredi je ne serais pas là " en dessinant une flèche vers le bas, et qu'il se met juste en dessous, ça me fait rire, je l'avoue. Ou quand il annonce fièrement :
-" Et maintenant, dictée rythmique en ré mineur."
Et dire qu'il venait à mon bureau à chaque cours pour me demander sous son ironie de m'acheter un vrai cahier de portées. N'empêche que je suis sûre que c'est grâce à lui que j'ai été choisie en tant que pianiste pour l'opéra. Pourtant, j'avais pas vraiment brillé le jour de l'audition. Je me rappelle qu'ils m'avaient demandé de déchiffrer un truc bizarre contemporain, avec un accord tous les six temps, enfin c'était gore. Je ramais dans la boue pour essayer de trouver les notes hyper haut perché sur la partition lorsque Mister Clooney, percussionniste de vrai métier ajoutait :
-" Je vois que vous avez le sens du rythme."
Je me suis tournée vers lui, cinglante :
-« C’est une blague, c’est ça ? »
Mais apparemment non.
Pour une fois dans sa vie, il était sérieux. C'était tombé pile poil à cet instant.
Les profs m'ont ensuite demandé de déchiffrer encore un peu, je regardais les pages, posait mes doigts sur les touches, m'arrêtait :
-" Bon, ce passage je l'ai déjà fait, hop on passe!"
Et les profs à répéter en chœur, immitant mes gestes :
-" Hop on passe!"
Ah ils se marraient bien.
D'ailleurs, mister clooney, quand je faisais des blagues au claveciniste à coté de moi, c'est lui qui riait, et pas le claveciniste.
Puis quand je lui ai rendu ma copie de solfège aux partiels, il a pris ma carte étudiant et a zieuté ma photo en badigeonnant :
-" Ho, vous êtes bien charmante là dessus!"
C'est ça, dit tout de suite que je suis moche en vrai…
Ha là là ces professeurs de musique, tous des chenapans!
Commentaires :
Re:
Mister PD Obèse, mort de rire! C'est quoi ces surnoms, sérieux!
Ha là là, moi je me plains vraiment pas de mes profs de Fac, c'est pas dans mon habitude de flasher sur des vieux débris mais là, si débordants de vitalité, on ne peut que craquer! Chais pas, des fois je me dis....hmmm....la promotion canapé, pourquoi pas? ;)
Huhu. Bref, calmons nous.
En plus c'est même pas drôle...
"N'empêche que je suis sûre que c'est grâce à lui que j'ai été choisie en tant que pianiste pour l'opéra."
Tu joues à l'OPERA??????????
Re:
Heu oui heu non, oublie!
L'OPERA, C'est le projet d'un opéra réalisé par les musicos de la fac dans le cadre du partiel de musique collective. C'est pas l'opéra, genre The OPERA The Must of The World à l'Opéra de Paris (The World?) ou autres hein... J'ai un niveau pourrave en piano c'est horripilant...
...mais quand même, ça fait plaisir d'avoir signe de vie de ta part! Il a fallu que j'écrive quelque chose d'ambigue en matière d'ambition musicale pour que tu rappliques....je recommencerai, alors. Huhu.
Sinon, ça roule ma poule?
Oh tient, mon avant-première ( oui, je sais, je me la pète encore.)
Même que je l'aime d'un feu ardent ton prof d'harmonie ( tu trouves pas que ça sonne super égocentrique quand on en sait un peu plus sur mon extrait de naissance?) (inside joke les enfants, je me lâche)
Je suis en pleine découverte musicale, j'espère que tu te connecteras demain que je te file quelques trucs.
C'est une tragédie, j'attrape un double menton. La fin du monde est proche, jte le dis.
La de suite je te visualise au cours de Mambo en train de danser avec tes grandes chaussettes de manga, ça fait drôle ( mais j'écris que de la merde moi ce soir...)
Je vais aller voir sous la couette, si j'y suis
Biz'
Re:
Moi aussi je l'aime d'un feu ardent mon prof d'harmonie. Il est trop sexy et trop pédé.
En ce moment, niveau musical, je me suis mise un peu (un chouya) à quelques trucs français. Et puis je suis allée voir PoumTchack et ça m'a remonté pour au moins un mois. Puis en juillet j'vais p'tetre rejoindre Nolita pour voir Muse, si j'ai la foi. Et des potes de la fac en deuxième année de musico ont sorti leur album, à l'assiduité d'où je l'écoute, dans trois jours je connais toutes les chansons par coeur. En plus ils sont tous trop beau, et ça y fait beaucoup. Puis y'en a un qui a la gueule de Maro, et pour couronner le tout son cheveux sur la langue. Je craque.
J'aime bien quand t'écris ta merde. Ca me fait chier de meilleure qualité le soir au cacaroom.
Par contre pour le double menton je te l'interdis. C'est horrible ne fait pas ça.
J'aimerais bien te causer sur le net, ce soir. Si le coeur m'en dit, et si ta charité est assez grande pour me supporter. Alors ça serait pas mal.
BiZOo poulette.
elfiane
échange mister clooney contre mister PD obèse (prof de droit administratif invivable). Ca te convient?
Mais pourquoi j'en ai pas moi, des pros comme ça?