Et il était là, se levant de sa batterie, s'approcher près de la scène, pour me chanter le seul mot qui lui appartient de la chanson :
"maniaco-dépressif"
Le doigt pointé vers moi genre spéciale dédicace.
Quel rêve de merde.

Tout ça, c'est la faute à la soirée d'hier. Y'aurait tellement à dire dessus que j'ai presque tout oublié.
Heureusement que les bonnes étoiles, ça existe. On serait jamais rentrées à la maison sinon.
Et puis lui là. Qui m'envoie des bisous en plein concert....c'était pas un rêve, bordel. Il était encore à fond. A nous courir derrière :
-" Attendez moi, j'ai juste à prendre mon sac et j'arrive!"
C'est bon, ton camion il est à vingt mètres, pas la peine de taper un sprint... Comme il est marrant. Gentil et attentionné, il n'a toujours pas changé, ce Gemey. On va se revoir c'est sûr. C'est sûr?
C'est presque sûr.

En tout cas, il a fait son boulot. Il a réussi à me faire repartir, son album sous la main. 12 euros. C'est pas comme si j'avais pas prêté mes thunes à tout le monde avant, en plus. M'enfin, il était content, moi aussi. Alors bout en train, j'ai ajouté :
-" Comme ça, quand je connaitrai bien les chansons, je pourrais me moquer et dire MOuahaHa! Là c'est nul, et ce passage là, trop bidon, vous vous êtes trop ratés!"
Sadique.

On nous a pris pour des groupies. Je sais pas comment on s'est débrouillées, la sécu ne nous a pas virées à la fin du festival, on regardait les gens ranger le matériel un peu penaudes et je me sentais presque coupable de ne pas travailler avec eux.
-" Excusez moi les filles....vous avez un pass?"
-" Heuuu c'est queee, en fait heuuu, on attend quelqu'un..."
Heureusement qu'on était de sexe féminin, hein. Le baratin, ça marche moins bien quand t'as pas deux paires de nichons et deux beaux sourires. Bref, on a même trouvé un toit pour dormir, si ça vous intéresse. Un groupe de trentenaires totalement bourrés et hippies à l'intérieur de leur corps. Ils nous ont sauvés de la béatitude totale lorsqu'on se demandait encore comment on allait passer la nuit et où était la gare, perdues dans ce trou paumé sorti d'on n'a toujours pas su où. Je me suis endormie avec les chats en guise de coussin. Trop la classe. Je l'avais un peu moins avec mes cheveux remplis de sable terreux soulevés par les pogots extérieurs, alors fallait compenser.
Au final, c'était pas moche. Expansif, mais pas trop moche. On est rentrées saines et sauves en train vers les huit heures du matin, elle s’est achetée un pain au chocolat et un chausson aux pommes qui colle aux dents, et moi une pizza et un mini gâteau au chocolat plutôt pas mauvais. Un peu pour oublier qu'on s'est fait baiser comme des merdes pour le trajet du retour par nos pseudos amis responsables de notre vie et de leur permis de conduire. Mais ça, Ryne le racontera mieux que moi. A moins qu'elle ne veuille même plus aborder le sujet...

Parlons-en, de Ryne. Ou en fait non, une prochaine fois.
J'en ai déjà trop dit pour aujourd'hui.