Ecrit le 14.04.06

Le 5e mois qui s'achève. Aujourd'hui.
Cinq mois à l'avoir supporté, mon Jules.
Ou n'est-ce pas le contraire?

Ca y est, en ce moment il est repassé en mode gentil. Il a cessé de me faire pleurer tous les jours, de me reprocher toujours les mêmes choses, inlassablement. Peut-être a-t-il enfin compris que j'étais définitivement une bonne à rien et qu'il était inutile de vouloir me changer. Non, ce serait trop beau...

C'est bizarre à quel point il est devenu beaucoup. A quel point je ne suis pas hystérique. Je suis tombée sur un type bien. Un peu pédant et frigide, mais bien. Non, c'est pas vrai. Il est juste casse-couille et lunatique...

Je n'ai plus compté le nombre de fois où je lui ai dit je t'aime, il y a deux jours. Peut-être que ça rentre enfin dans mon cerveau. S'il est sensé pouvoir contenir quelque chose... Bon, quand il arrêtera de me parler de gosses et de mariage, je pourrai peut-être voguer sereine...quoi que cette idée là ne me paraisse pas forcément impossible. Mais il est trop bien pour moi, non? Il n'arrête pas de me reprendre, corriger ce que je dis. Je suis un peu idiote à côté de lui. Mais qu'est ce qu'on rigole....

Le problème, c'est que je n'arrive plus à me projeter dans le futur avec quiconque.

J'ai toujours peur de tout perdre du jour au lendemain. Et je me suis tellement collée cette idée là en tête que ça ne me ferait même pas mal si cela se finissait. Mais ce post it épinglé sur mon front m'empêche de plisser les yeux, de voir vraiment et ressentir....en liberté.
Dans mes relations antérieures j'ai surtout donné de ma dignité, de ma confiance et admiration. Je me suis donnée au point de former une empreinte de l'autre, un tampon qui a diffusé son encre en moi et a transformé les cellules de mon être. Je suis moi + les autres. Ceux que j'ai réellement aimés, qui ont influencés ma vie. Je ne suis pas moi sans eux. Et au fond de moi, il y a comme un manque. Leur non présence. Aujourd'hui j'ai l'impression de me fermer, ne plus vouloir être modifiée chimiquement par les atomes d'autrui.
Mais je me trompe.

Je n'y peux rien, je le sais. Je n'ai pas l'impression d'aimer mais c'est faux. C'est quelque chose dont je me persuade. Je valse à droite et à gauche parce que je refuse de voir ce qu'il y a devant mes yeux. De m'avouer vaincue et dénuée de forme sans ses mains pour me modeler. De comprendre que je ne sers plus à rien s'il n'a pas besoin de moi. Que j'aurais des centaines et des centaines d'heures vacantes s'il ne vient plus me rendre visite. Et pas de quoi les occuper. Car il est aujourd'hui ma seule occupation, mon seul souci. Et ça me fait peur.

5 mois aujourd'hui.
Et combien encore devant nous?