Ecrit le 09.06.06 à 23h00

Evidemment, la première chose que j’ai faite, c’est composer ce putain de numéro quand les larmes coulaient le long de mes joues. Et je me rends compte à quel point il est la seule personne que j’ai envie de voir lorsque le moral est à la baisse. Il était à la B.S, comme toujours. J’ai ouvert la porte, il s’est levé sans mots puis est sorti me rejoindre. Il a souri :
-« Qu’est-ce qu’il y a encore ? »
J’ai balbutié.

Mais bizarre, impossible de lâcher un sanglot devant lui, j’aurais voulu me jeter dans ses bras, vraiment, j’étais si mal. Si mal d’avoir quitté Jules. De penser à ce qu’on a raté, nous deux. Et de me dire qu’il allait souffrir que je le laisse seul, et qu’il ne voudrait probablement plus me revoir. Alors je l’avais, cette envie de pleurer. Mais devant Blond, mon inconscient ne veut pas perdre la face.

Pas plus tard qu’une heure auparavant, Jules me faisait encore des menaces sur Blond. Mais bon, il m’en faisait sur tous les types qui lui tombaient sous la main alors ça me dérangeait pas plus que ça, sauf qu’il avait ajouté :
-« Tu tiens à sa gueule, non ? T’as pas envie que je lui défonce la tronche pour que tu puisses plus oser le regarder en face, hein ? Si tu tiens tant que ça à lui, t’en approche plus trop… »
J’ai repensé à cette phrase de Jules, à l’absurdité qui m’avait menée ici et j’ai dit à Blond :
-« J’aurais pas dû t’appeler… »
…mais il était le seul pour qui je me serais confiée.
Alors il a sorti son diapason, et l’a fait vibrer sur mon nez. Ca fait beaucoup de chatouilles. Et j’ai ri, pas longtemps, mais à grand éclat. Et je m’en suis voulu de désirer l’aimer encore plus.

On avait partiel d’anglais dans une heure, et je n’avais vraiment pas le moral à réviser. Lorsque je suis arrivée dans la salle de classe, il m’a fait signe de m’installer auprès de lui, il m’avait gardé la place. Je me suis dit que c’était un retour de ce matin. Lorsque je lui avais réservé sa chaise près du mur alors qu’il était en retard. Je me rappelle, ce matin, il avait été simplement touché par ce geste. Puis bon, après il avait pas arrêté de m’embêter toute l’heure, découvrant ma faille : les chatouilles. Alors il s’était amusé, hein, il n’avait fait que ça :
-« Haha ! C’est trop marrant, tu te forces mais tu n’arrives pas à résister. »
-« C’est vrai, j’arrive pas à te résister… »
Je sais, c’était bidon comme répartie. Mais il avait soupiré et enfoui sa tête au creux de ses bras pendant de longues minutes après ça. Puis, passé ce délai, il avait recommencé.

Puis là, avant la distribution des énoncés d’anglais, il a voulu savoir si j’avais trouvé Truc. Je l’avais cherché dans le grand hall, à la cafeteria, dans les jardins, les couloirs, je voulais un peu discuter avec lui pour me changer les idées mais impossible de mettre la main dessus. Blond veut qu’on conclue Truc et moi, ça n’a pas changé. Mais ensuite, il a recommencé à parler de Jules, à en rajouter, alors que bon….je faisais tout pour essayer de ne plus y penser, surtout avant d’entamer un examen. Il a dit des choses et j’ai baissé les yeux, parce que ça me remontait encore, l’envie de chialer. Blond a soupiré, puis a posé sa main sur ma joue et m’a caressé, doucement.
-« Tu sais, si tu lui fais le coup de la fille triste à Truc, il va tomber amoureux c’est sûr… »
-« Tu crois ? J’essayerai alors… »
-« Si tu as besoin d’aide pour l’anglais, n’hésite pas, je suis juste à côté… »

Et heureusement qu’il était là. Il m’a donné la force de me plonger dans ma copie. Et quand je décrochais dans mes pensées, il m’écrivait sur la main, pour me ramener à l’ordre. J’aurais pas cru qu’il puisse être comme ça, à ce point. Si attentif et discret. Et puis quand il s’est levé après seulement une demi-heure d’épreuve pour rendre sa copie remplie, il m’a encore demandé si je ne voulais pas qu’il reste, pour m’aider, avec ses petits yeux désolés, là.... Moi j’ai fondu en le laissant partir, je voulais pas qu’il se prive pour moi. Il a rendu sa feuille, puis quand il a ouvert la porte, il s’est tourné vers moi et a souri, encore. Il m’a regardé pendant un moment, et transmis plein de bonnes choses. Je lui en suis si reconnaissante.