Bon ben...je crois que je suis heureuse.
Je crois qu'il est en moi à chaque seconde. Et je comprends ses mots d'hier soir lorsqu'il me murmurait comme un enfant :
"tu me traverses, ça me fait tout chaud à l'intérieur"
C'est ça, y'a quelque chose qui est entré, pour lui comme pour moi. Peut-être parce que maintenant, on a passé l'épreuve. Celle du doute.

Celle qui fait qu'on sait pas pourquoi on est là.
Ca y est, on a plus besoin de savoir. Ca n'a plus aucune importance. On se fout des raisons lorsqu'on aime. Qu'on s'abandonne pour mieux sentir cette épaule collée à la notre. Alors oui, chacun, on a nos propres sourires cachés, et les petites manières de l'autre qui nous attendrissent en secret. Il a cet air égaré et fragile qui me fait fondre. Puis il y a ses bras d'hommes qui m'enlacent, avec la force retenue, la douceur et la sensibilité condensée par sa puissance. Je pourrais m'endormir sans crainte dans ces bras là. C'est d'ailleurs, ce que je fais.

"Avant, j'étais quelqu'un qui broyait du noir. Mais depuis que tu es entrée dans ma vie, je suis devenu rose, avec des fleurs."
Et moi, depuis que je t'ai immiscé dans la mienne, j'en oublie un peu de tirer la tronche. J'en oublie qu'avant, il n'y avait rien de bien. J'ai l'impression de vivre autour d'un grand feu de joie. Où tout le monde chante et danse en choeur, et exprime aux autres avec simplicité à quel point exister est merveilleux. Le matin, quand je me réveille en sentant ta peau contre ma joue, je ne peux pas être malheureuse. Je ne peux pas me plaindre quand tu me serres pour me retenir lorsque je sors du lit, ni penser à autre chose que tes yeux lorsque je ferme les miens. Et quand je les réouvre, c'est magique, tu es là, toujours, et tu me regardes de la façon dont j'aimerais que tu le fasses. C'est comme si je n'avais pas besoin de te le dire. Toute l'attention, tu me la donnes avant que je parvienne à en manquer. Comment fais-tu? Comment te débrouilles-tu pour faire de ma vie quelque chose de beau et d'attirant?

Hier soir, lorsque j'ai ouvert la fenêtre de ton salon, j'ai entendu. La mélodie que tu jouais, à l'autre bout de la rue. Il n'y avait plus un son, plus un chat, c'était déjà la nuit bien entamée, je me sentais seule, je voulais ouvrir cette fenêtre pour te rejoindre, mais ta musique était là, elle était douce et allait bien avec les étoiles, elle était seule elle aussi dehors, il n'y avait que les échos pour l'accompagner, et moi, pour l'écouter. Tant pis si certains se sont plaints. Après tout, ce n'est que de la musique.
Je continuerai de chanter pour toi, s'il le faut. Toi qui croit en moi, qui n'ose même pas lever les yeux lorsque je lève la voix, qui la montre à tout ton monde, en restant silencieux. Tu as dit que si je t'avais appartenu, tu aurais été fier. C'est vrai, tu ne me possèdes pas, et je te remercie de ne pas essayer. Mais tu as le droit d'être fier à ma place. Il y a en ce moment tellement de gens qui viennent à moi pour me parler de ma façon de chanter, m'encourager à continuer, me dire que je ne suis pas comme les autres et que pourtant ils en ont vu passer que j'ai besoin de toi et de ta fierté à mon égard. J'ai besoin que tu aprécies ces compliments pour moi, pour pas que je m'en prenne trop en même temps dans la face, au risque de la faire gonfler. Et puis j'ai besoin que ce soit toi qui me les dises, ces mots qui font battre le coeur un peu plus fort. Que ce soit tes yeux qui s'illuminent quand je te regarde, parce qu'au fond, c'est tout ce qui compte.

On pourrait parler d'amour plus ou moins détourné. Ou de grande affection. Je n'aime pas m'avancer ni me projetter dans le futur. Je pourrais tomber amoureuse. Ou pas. Je pourrais peut-être enfin vivre une relation harmonieuse, simple, et paisible. Ce sont des choses que j'ai toujours voulues, comme un but que je me serais fixé. Mais lorsque je suis avec toi, que je sens ta présence, tes doigts, ta peau, ton odeur, je me rends compte que ça n'a pas d'importance. Simple ou pas simple, tu es là. Tu es là, et ensemble, on essayera de dépasser les contraintes et barrières qui nous obstruent la route. J'ai envie de te montrer ce qu'il y a au bout de ce chemin, et promis, je ferai des efforts pour marcher à ta vitesse, quitte à presser un peu le pas.
Allons-y, tu veux?