Pourquoi t'es venue, alors?

Si c'est pas pour la mer, le vent dans les cheveux, les chemins sinueux et le caractère corse, c'est pour quoi?
Dine, tu veux pas le lâcher un peu, merde...
Ca fait longtemps maintenant. On croyait que t'avais compris. On croyait que tu t'en étais assez pris dans la gueule. Mais à croire qu'une femme amoureuse, c'est plutôt invincible. Quand elle le croit tout du moins. Et puis une femme amoureuse, c'est un peu comme un piège à cafard. Ca les attire pour mieux les tuer quelques heures après. Des fois, ils se refilent même ça entre eux, les bougres. Moi mon piège, il doit pas être orienté dans la bonne direction.

Je ne sais pas ce qu'il attend.
Je ne sais pas s'il attend.
Mais moi, je me fais chier. Je me fais chier à pas pouvoir lui caresser le visage, ou lui lancer quelques phrases porteuses de ma passion à la figure, lui chopper le tee-shirt et le lui enlever, descendre la fermeture de son sac de couchage et faire autre chose que fixer son dos à la place de dormir. Regarder mais pas toucher, on nous a appris.
Oui bah on nous apprend que de la merde.
Voilà.

Et puis...c'est nul les réminiscences. Surtout quand je sais pas comment ça s'écrit. Je suis si loin de ma raison, de l'autre côté de la mer....alors je perds un peu pied, je savais pas que je pouvais m'enfoncer si profond. Je pensais être un minimum sevrée. Je me rends compte que de tout ce que je puisse être sevrée en sa présence, c'est de celle des autres. Et c'est chiant, si vous saviez. A pas pouvoir profiter quand il n'est pas là.
Mon coeur frissonne toutes les trente secondes. Surtout qu'il se fait des frayeurs pour un rien. Ou plutôt, pour ce qui n'a pas lieu d'être. Parce que le seul qui ne me regarde pas avec cette pensée là, c'est lui.

Au moins, il me regarde. Il me sourit. Oui, je commande un panini et il sourit sans vouloir m'en dire la raison. Du genre, je savais. Il sourit quand je parle aux autres, et quand je fais des trucs insignifiants (la preuve, je n'ai même pas retenu quoi), et il ne veut jamais me dire pourquoi. Devrait avoir honte.

Et puis, il me donne la main. Mais ça, c'est encore insignifiant, comme son sourire. C'est parce que je me perds dans la foule qui danse, et que mes talons divaguent. Mais moi, cette main, s'il savait à quel point elle a du sens. S'il savait comme ça a fait silence dans mon crâne, à cet instant. Sacré, l'instant. Tant attendu dans mes rêves.
C'est que j'aimerais pas finir sur une main.

Je suis peut-être trop ellitiste.

Peut-être même que j'aime bien ajouter des mots qui devraient pas être là. Comme moi, un peu. Je l'...
Je l'exapère, je crois. Doit en avoir marre que les gens lui disent qu'il est bidon de pas m'aimer. Même son patron, à la payotte. Il a même plus à réfléchir tout seul, les autres lui crient déjà ce qu'il doit faire.
-"Alors, t'as conclu?"
J'ai pas pu entendre sa réponse. Mais malheureusement, je la devine.
NON.
Pas conclu. Pas signé. Pas rentré ni sorti. Même pas tatté un peu. Rien.

Ah si. Une main. Et un semblant de proposition de massages. Suivi de tout un tas de restrictions débiles pour finir sur un "finalement, laisse tomber". A quoi ça sert, sérieux?
Je deviens insomniaque à le regarder pioncer. Lui et son dos. Non parce que s'il était de face, comprenez, ça serait la porte ouverte à toutes les fenêtres. Mais des fenêtres, j'en ai. Pour m'y jeter bien violemment. Ca ferait toujours moins mal que ces mains qui se contorsionnent toutes seules pour ne rien tenter de trop dangereux. Il est même pas très beau en plus. Il est juste...

Et si c'était juste une question d'ego? Et si c'était simplement parce qu'il me résistait?
Ca serait tellement plus simple de penser cela.
Au moins, je pourrais dire que c'est de ma faute. Que j'ai qu'à.
Parce que là, moi, je sais pas ce qui m'arrive. Je sais pas comment ça Singer. (et en plus je fais des jeux de mots trop laids) Je sais pas comment ignorer, et si c'est possible. Si c'est possible de faire comme si, alors qu'il s'abandonne au sommeil juste derrière moi. Moi aussi je veux être son sommeil. Et le protéger quand il dort. Et lui faire rêver de plein de choses jolies juste pour voir son sourire. Encore une fois. Et puis encore.

Et puis qu'il m'embrasse parce que bon...