Je suis triste. Moi qui me faisais une joie de le revoir. De l'écouter, rire à ses vannes miteuses. J’étais heureuse de penser me retrouver 2 ans en arrière, encore. Mais il ne m’a attendue ni pour commencer, ni pour partir. Il ne m'a pas donné d’explications. Juste un sourire ironique en coin quand il m'a dit au revoir. Ca m’a très fortement donné envie de l’ignorer. Sur plusieurs années.

Mais je sais d’avance que je ne m’y tiendrai pas. C’est comme ça, il me rend heureuse et triste à la fois. Ce sentiment, je ne peux pas l’oublier. Je ne peux pas l’oublier, mais je peux m’en servir. Je peux le tuer. L’étouffer. Porter un cierge à sa mémoire. Je peux feindre sa disparition totale, faire semblant qu’il n’existe plus. Il n’existe plus. Voilà. C’est fait. Je ne l’appellerai pas, je ne le solliciterai plus. Il est mort. Il est mort dans mon cerveau. Mon cœur l’aimera en tant que souvenir fort bien enterré.

Et si jamais il revient en souriant, je m’effondrerai, comme d’habitude.

Mais je m’en fous. Je ne veux plus avoir à l’attendre. Surtout quand celui qui est en retard ne sait même pas qu’il est attendu. Merde à la fin ! Marre de faire des agissements inutiles, des actes qui n’ont de sens pour personne. Je veux vivre. Sans obstacles ni barrières. Sans homme à aimer de trop. Sans scrupules. Pourquoi se ronger les sangs à savoir s’il nous regarde, s’il pense à nous comme on pense à lui ? Il ne peut pas. C’est sentimentalement impossible qu’il puisse autant ressentir, ou du moins ressentir cela. Est-ce qu’il a mal ? Est-ce qu’il réfléchit à comment me faire sourire ? A comment masquer son enthousiasme à mes côtés ? Non, il ne peut pas. Il est mort, je vous dis. Il n’existe plus. Il existe autant que j’ai pu exister pour lui.
Néant.

Et la peine qu’il m’a fait entasser aux creux de la poitrine, je la lui rends. Qu’il aille la fourrer ailleurs. Qu’il aille se couler au fond d’un lac avec. C’est tellement lourd, plus lourd que lui. Plus lourd que nous deux réunis. J’en veux plus. Je le tue. Le disperse dans le vent d’automne. En espérant que ce dernier puisse en tirer quelque chose. Des bribes d’amour à semer ailleurs. Loin de mes terres.