« Et si ça s’estompait avant même de commencer
   Vite s’il te plait j’ai si peur de me tromper
   Et d’être sûre… »

Je rêve encore de lui. Et encore. Et encore. Je l’entends faire des prières pour nous deux, je le vois qui m’embrasse, me donne des rendez-vous au téléphone, je revis sans arrêt des voyages, ce voyage, celui où…
C’est une si triste obsession.
Quand j’entends cette chanson écrite à mon retour de Corse, elle me fait désormais pleurer. C’était pourtant la seule qui essayait de communiquer un message positif. Ou alors c’est ce regain de bonheur qui me fait fondre en larmes. Je l’ai enregistré seulement 3 jours après l’avoir faite, j’étais encore dedans. A fond dedans.

Blond, ça me fait mal de prononcer ton nom. Ca me fait mal de penser à quand tu étais présent. Quand j’avais ton regard qui déshabillait mon cœur de toute la pudeur que j’essayais de préserver. Ne t’en va pas. Ne t’en va pas. Ne t’en va pas, je t’en prie. Je te le jure, si tu me demandais quoi que ce soit, je pourrais…. Demande moi quelque chose, s’il te plait, compte sur moi, ne me laisse pas, ne m’oublie pas, reste à mes côtés encore un peu, garde tes doutes, garde ce semblant de truc qui faisait que, ce semblant d’envie. Fais moi vivre encore à tes yeux.

Fais moi vivre, je t’en supplie…
Ne me laisse pas crever du rien qui m’habite depuis que tu es parti.

Je crois que je t’aime pour de bon. Ou non, j’en sais rien si ça pourra durer toujours. Et puis ça sert à rien de savoir ça. Parce que….parce que c’est nul d’encore espérer un retournement de situation. Plus j’espère, plus tu t’enfonces dans la voie opposée alors je me dis, c’est pas grave, m’en fous du temps, il suffit que tu te retournes, c’est tout. Y’a que moi qui pense que c’est pas vain. Personne n’y croit, et encore moins toi.

Il s’est trouvé quelqu’un. Elle est belle, drôle, intelligente, sportive. Rien à voir avec son ex. Rien à voir quand on est amoureux, de toute façon. Il a enfin compris. Et c’est pas moi qui lui ai ouvert les yeux.
C’est moi qui rien.

Moi je pleure et j’emmerde le sort. J’emmerde mes rêves qui n’ont que le goût du vide. Pourquoi c’est si beau les yeux fermés seulement ? Pourquoi ça doit pas exister, pourquoi ça n’en a pas le droit ? Si l’amour, ça peut devenir cent fois plus fort, je dis pas mais….pourquoi, pourquoi, pourquoi…..Tu pioches une figure dans un tas de cartes, et l’autre doit piocher la même que toi sinon, bah toi avec ton pauvre 7 de carreau t’es là, t’attends, tu te dis que peut-être il a la même, tu te dis que peut-être il va s’en rendre compte, mais non lui il a le roi de pique, et il a déjà fait la paire avec le roi de trèfle de la fille assise à côté de toi. T’es niquée. Voilà t’es niquée avec ton 7 de carreau qui est pour couronner le tout la plus petite des cartes d’un jeu de 32. Elle vaut zéro dans toutes les parties, de toute façon. Qu’est-ce que tu vas en faire, maintenant que tu l’as, maintenant qu’elle est dans ta main, tu peux pas la jeter elle est à toi, t’as plus qu’à attendre qu’un couillon pioche le 7 de cœur, mais est-ce qu’il y est dans le tas au moins? Est-ce qu’ils t’ont pas fait une blague ? Est-ce que t’étais pas en train de jouer au mistigri et c’est toi le chat ? Tu sais, avec la carte en trop. Celle que personne ne veut.

C’est pas vrai. Au fond, c’est toi qui ne veux personne. C’est toi qui veux pas qu’on la pioche, cette putain de carte. Tu ferais quoi sinon ? Toi qui as tellement espéré sur celui d’en face, celui qui avait le roi de pique. T’aurais tellement voulu avoir le roi de trèfle que finalement, tu préfères ne faire de paire avec personne. T’es nulle. C’est pas comme ça qu’il faut penser.

Mais Blond, je l’aimais. Je l’aimais, merde. Est-ce que j’aurai encore la force de ne rien attendre, et pour combien de temps ? Combien de temps encore je vais devoir rêver de lui malgré moi ? Rêver et frémir comme jamais je ne ressens dans la réalité. Pourquoi ma vie semble meilleure dans les rêves ? Pourquoi tout peut-être beau parfois, mais si peu palpable ? J’arrive pas à profiter de mes battements de cœur succins. Prendre ça comme un hymne à la vie, ou je sais quoi d’autre d’aussi merveilleux que l’existence. Blond aime quelqu’un et moi depuis plus d’un mois j’essaye de faire comme si. J’essaye de respirer de l’air comme avant. J’essaye de toucher les choses et les sentir entre mes doigts, les différentes matières, me rappeler, j’entends les sons et je les distingue les uns des autres, je les associe, je fais ce mélange pour me rappeler, je regarde le ciel et je vais au plus profond, et je voyage dans les nuages, je les colorise, je les peints pour me rappeler, je sens les odeurs je goûte chaque saveur, je fais des mixtures de plaisirs dans mon imaginaire pour me souvenir, pour me rappeler qu’un jour j’ai existé. Qu’un jour, j’ai vécu et que ça m’a plu, que je suis allée avec le temps dans le sens du vent et que c’était bien. Qu’il n’y a pas eu que des moments comme ceux de maintenant. Qu’il n’y a pas eu que le vide mais les joies aussi, la simplicité d’être là et de l’éprouver à travers tous tes pores. Je suis en transparence. J’attends qu’on me mette de la matière, puisque Blond ne peut me remplir. Puisque Blond avait un roi de pique et moi un 7 de carreau. Je n’existe plus. Je ne marche plus dans aucune direction, mes pieds sont devenus fragiles et hésitants, s’ils le pouvaient, ils se marcheraient dessus pour ne pas avoir à faire le pas en premier. A quoi ça sert d’avancer. Pourquoi on ne s’assoit pas et on attend de mourir. Pourquoi on fait pas des ronds sur nous-mêmes et on compte les tours, inlassablement ? Pourquoi est-ce qu’on est obligé d’avancer malgré tout ? Malgré les échecs et les gens qu’on laisse derrière, malgré les paysages qu’on aimait bien et qu’on aimerait revoir une fois, ne serait-ce qu’une fois. Mais on a pas le droit de se retourner. C’est comme ça, c’est la règle. Si je pouvais, si je pouvais….je reviendrais à ce bel endroit et je ferais des tours sur moi-même, pour l’éternité. Comme dans mes rêves. Ceux là même qui persistent à ne pas vouloir passer à autre chose. Ils ont pas encore capté le coup des cartes, c’est pour ça. Alors ils continuent d’emmagasiner l’espoir.
Et ils me font pleurer.

Blond, soit heureux va.
Moi je vais aller m’asseoir un peu et mourir jusqu’à ce que ça passe.