Ecrit le 20.12.07 à 23h35
C’est marrant à quel point les rôles peuvent changer.
Il y a trois ans, c’était Poubelle qui écoutait mes frasques sentimentales, mes questionnements sur un Maro troublant et mystérieux. Maro, j’en aurais parlé ici, de cet énergumène.
Aujourd’hui, c’est Poubelle qui s’est pris au jeu. C’est elle qui l’attend et qui fait semblant de faire comme si non. C’est elle qui vient le voir dans son lit et lui qui l’y invite. Et ce sont eux deux qui jouent à qui est le plus fort. Et moi à la spectatrice amusée.
Je ne me fais pas de soucis pour Poubelle. C’est une des rares filles que je connaisse qui arrive à s’en foutre autant que lui. Alors dans un sens, ils se sont bien trouvés. Ils ne feront de mal à personne. A se badigeonner autour sans avoir à se donner vraiment, on ne souffre qu’à moitié. Parfois même, on ne souffre pas.
Maro pour moi, je crois que c’est fini. Il ne m’intéresse plus tellement, et mon regard ne parvient pas à se poser et frémir. Par pudeur peut-être. Même s’il fait la moue étonnée quand il me voit, moi, je ne le vois plus.
Sauf sur scène.
Parce que sur scène, c’est un autre homme. Sur scène, j’ai le droit de le fixer, et de sourire, parce qu’il appartient à tout le monde, parce que c’est gratuit tout ce qu’il donne et que l’on prend en pleine face. Son talent. Son être effervescent. L’excitation de la masse.
Et toute chose devient belle parce qu’il l’a touchée.
Alors je fais l’admiratrice à moitié blasée. J’ai tellement d’expérience en matière de fanatisme silencieux….Et je ne regrette pas. Je ne me dis pas « c’est pas grave » ou « tant pis ». Je ne me dis plus rien. Ca me passe sur le corps et ça défile sans s’arrêter, un peu comme la bave du crapaud, vous savez.
Alors ce sera toujours Maro. Mais ce sera Maro avec ma maladie en moins.
Je crois que je suis guérie de l’amour.
C’est un peu comme Blond. Je n’en parle plus. Je n’y pense même plus tous les jours. Enfin, c’est peut-être un mensonge. Disons que je n’y fais pas gaffe et que ça me vole au dessus de l’esprit, un peu comme la blanche colombe, sauf que ce serait le contraire. Une bave de crapaud flottante ou un truc du style. Blond peu à peu s’efface, comme son image dans mon cerveau. Me reste les souvenirs chaleureux qui certes n’aident pas à mon rétablissement. Mais disons que voilà, à force de couler, couler, couler les larmes et la déception, bah au bout d’un moment, il n’y a plus d’encre. Et le truc qui est bien, c’est que j’ai même pas envie de m’acheter une recharge. Je vais désormais laisser des tas de pages blanches. Je n’ai plus besoin d’inscrire quoi que ce soit sur lui ou ce qu’il pense. Je n’alimenterai plus rien, c’est fini. Je peux même tout débrancher. Ca ne me sert plus. Présentement, ça ne trouve plus d’utilité dans ma vie.
C’est bizarre de parler de ce genre de choses en terme d’utilité. Et pourtant. Je sais que Blond n’est pas fait pour moi à l’ordre d’aujourd’hui, mais je n’ai jamais cessé de m’accrocher. A quoi bon. Gardons tout ça dans un coin, et puis le moment venu, remettons-le en marche. J’ai juste peur qu’avec le temps, ça perde en pertinence et prenne un coup de vieux. Et qu’il faille opter pour un modèle plus performant. Je ne sais pas si le moment voulu, j’aurai envie de garder l’ancien, d’installer une nouvelle cartouche et de remettre le courant. Mais c’est un risque à prendre. Le laisser actuellement allumé gaspille tellement d’électricité. Ca suffit. Je ne veux plus perdre d’énergie.
Optimisons notre matériel. Donnons-nous en les moyens.
Je vais faire de mon mieux. Je vais vivre jusqu’au bout mon histoire avec As. En mettant le reste enfin de côté. J’ai trop d’éléments qui font doublons dans mon cœur, c’est une perte de mémoire, une perte de temps et de sentiments. Je vais vivre de tout mon possible. Tout mon possible pour le rendre heureux et être la femme qui lui donnera envie de se lever le matin. Je sais qu’il m’attend. Lui. Je n’ai pas à me retourner sur ce que j’ai fait. Je vais saisir les occasions pour faire de mon quotidien un parcours simple vers le bonheur et la maturité. Rien que ça. Et ceux qui ne m’attendent pas, je vais les laisser tracer leur route. Je ne les appellerai plus, à espérer qu’ils entendent encore ma voix et puissent se retourner. Ils sont peut-être déjà loin.
Ou peut-être est-ce moi…
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Delirium-Tremens