Ecrit le 26.12.07 à 00h45
Sur la moto, les images furtives qui défilent, ça fait comme un électrochoc qui s’amplifie avec la vitesse et le vent sur les joues. Ca fait comme il y a deux ans en marchant dans cette rue. Il y avait toujours l’eau qui s’écoulait à un moment ou à un autre et puis le Corbusier, au loin. Il y avait ce huitième étage et cette vue splendide sur la ville et la mer. Les petits déjeuners au fromage. La basse qui résonne. Tellement de souvenirs qui se sont enfuits sans moi.
Drôle de penser qu’ils ont mis deux ans à revenir. Je suis un peu en retard pour la nostalgie. Ou en avance ? Qu’importe le temps passé à oublier et se rappeler ensuite, les données de vie qui m’imprègnent surgissent soudain comme un cheveu sur la soupe du midi et voilà. L’air de rien ça commence à me manquer.
Avec Jules on s’amusait bien.
Avec Jules on riait toujours. On pleurait aussi. On était dorlotée, bichonnée, réprimandée ensuite. On aimait bien ce cercle d’intimité, son cercle d’amitiés, des gens bien dans leur peau, accomplis. Jules, lui, il s’est accompli avec une autre à l’heure qu’il est. La bague, le gosse, tout ça. Le petit Trotolo, comme on se moquait à l’appeler. C’était bon enfant. C’était pas sérieux.
Il n’empêche que y’a la petite larme inconsciente qui s’immisce entre ma rétine et son appartement. Un coin rien qu’à lui et à moi, dans mes souvenirs. De belles images, vraiment. Où sont passées les autres ? Celles qui pourraient me conforter dans mon choix présent….on dirait que plus elles avancent, moins elles font le poids. De loin, tout parait si beau. Si évident.
Dommage que l’amour ne l’eut pas été aussi.
On ne se rend pas compte quand on vit dans le présent, à quel point ces instants pourront être gravés dans une mémoire future. Tous ces échanges, ces promesses, ces soirées et cuisses de poulet partagées à deux. Les déboires aussi. Les empreintes sur chaque mur. Tout ça, là, comme ça fera mal un jour, d’oser les regarder.
Ces parcelles de temps, cette rue, ces bars, ces recoins chaleureux, ces voix qui s’élèvent plus haut et tous ces gens qui dansent, les concerts de mes idoles de proximité, Maro, Gemey, Poubelle, Ray et cetera, la jeunesse qui file comme la nuit et les déclarations, Blond, ses pieds dans l’escalier, As pour la première fois. Toujours le même endroit. Encore cette même rue. Tellement loin de chez moi mais tellement plus vécue. Comme ça, à fleur de peau, à s’en faire saigner passionnément et voir le sang couler. A voir le sens couler, on aurait envie de rire et crier « Tant Pis », « Tant mieux », « Tant pis et mieux pour vous », vous êtes tous entrés là, tous entrés dans ma vie, tous entrés dans cette rue…et pourvu qu’on y reste !
Et pourvu qu’on y reste…
Commentaires :
Re:
D'ailleurs, il me touche tout particulièrement, celui-là. Peut-être parce qu'avec les mots, me viennent les images et les réminiscences. Et puis parce que c'est vrai. C'était bien là bas. Et toutes ces magnifiques rencontres. J'ai tellement peur que ça s'arrête...
Mais au fond la vie, c'est ça. Un éternel cycle de fins et de recommencements....
Merci pour ton commentaire. C'est si bien dit.
passionnee-par-les-reves
Si c'est une métaphore la rue, je la trouve jolie. Mais je ne crois pas qu'elle le soir tant. Il est tout crescendo Dine ton texte. Et la fin, elle t'arrive en plein dans le ventre. Comme ça. Bam.