Ecrit le 25.05.08 à 16h55
-« Vous êtes très en beauté ce soir. »
Le speech de présentation de l’œuvre obnubile le public présent dans la salle. Moi, ce sont ses yeux lorsque je me retourne pour lui sourire.
-« Merci. »
Il y a un silence intérieur. Adossés tous deux contre ce mur blanc, je ne peux m’empêcher de ne prendre tout cela au sérieux.
-« Je ne peux pas en dire autant de toi… »
Nos regards vont dans des directions opposées et lentement, nos épaules se collent l’une à l’autre. Et. A attendre de monter sur scène, je pense à lui. Je pense à nos épaules. Je pense à nous qui devrions prendre exemple sur elles, et nous coller très fort, nous serrer. Frissonner. Mon cœur se suspend déjà rien qu’en pensant que tu es à mes côtés, à me toucher silencieusement, juste pour signifier que. Que toi et moi, c’est nous et les autres. Dans cet ordre là.
Mais lorsque ma jupe noire frôle le sol, et le mégaphone ma bouche, je suis loin. Je prononce des mots qui me dépassent et me font me dépasser. Ton trombone souffle sur mon cou. Ce n’est pas grave. Je n’y suis pas. Je suis dans la musique.
Eden, tant pis. Tant pis si mes poils se hérissent et si mes yeux te cherchent. Tant pis si tu réponds. Il vaut mieux en rire que pleurer sur notre sort promis à la décrépitude. Qu’est-ce qu’on fait, là, hein ? On sauve les pauvres parcelles d’amour qu’il nous reste. On se retient de se les donner. Tout ça pour….pour regretter ? Tout ça pour ça.
Et tes bras dans mon dos hier soir, après m’avoir entendu chanter pendant les répétitions. Ils étaient là pour me réconforter et me rapprocher en même temps. J’y avais tellement pensé la veille, je l’avais tellement voulu, te serrer contre moi, après ce mur blanc et ton épaule. Mais c’est toi devant le théâtre en plein préparatifs qui m’a tendu tes mains. Il allait pleuvoir et je faisais ma représentation en extérieur. Les bâches encerclaient le piano et j’ai posé ma tête contre ton torse. Et tu m’as enlacé dans un élan compatissant surjoué. Alors, on est resté dans cette position, ma tête contre ton torse, tes bras dans mon dos, hypocrites. A pas savoir se dire qu’on mourrait d’envie d’être comme ça. A rester ainsi sans pouvoir se lâcher. Et mes mains incapables de bouger, pétrifiées par mes envies et les sensations. Pourtant, j’aurais voulu moi aussi avoir le courage de te le rendre, de t’étouffer de mon amour, l’espace de quelques secondes. Quelles secondes. Elles étaient belles et hors du temps.
On s’est soudain éloignés l’un de l’autre comme si rien n’avait jamais existé.
Et la vie a repris son sens initial.
Il était derrière les arbres, camouflé. J’avais beau le chercher parmi les notes et entre les chansons, je n’aurais pas pu le trouver, puisqu’il était derrière moi. Puisque je ne sais pas ce qu’il pensait. Peut-être que si nos regards s’étaient croisés lors de ce moment là, on serait tombés un peu amoureux. Peut-être. Parce que je lui aurais tout dit à travers ma musique. Qu’il aurait pris mes émotions en pleine face et que, comme certains à cette soirée, il n’aurait pas supporté cette chose si directe. Ce lien si franc.
Mais il était là, Eden. Il m’a écouté. Et il n’y a pas eu de pluie, finalement. Finalement, il s’est avancé vers moi lors de ma dernière chanson. Et alors.
Et alors, inévitablement, on est tombés un peu amoureux.
Commentaires :
Re:
On n'a pas toujours envie. Parce que parfois ça fait mal d'être amoureux, une sorte de supplice que le coeur inflige.
J'ai 5 jours de vacances en réalité, aujourd'hui est le dernier. j'ai profité de Paris sous le soleil. Et à partir de demain, centre aéré. programme très peu réjouissant pour cet été. L'été me tiraille, connard!
Et toi?? Tu chantes?!
Ce fut un plaisir de repasser, de lire ce texte, d'avoir un peu plus le temps aussi.
Bise ;)
Re:
Ah, centre aéré. Moi j'trouve ça moche. Sûrement parce que je suis pas très marmaille. Je te souhaite de survivre!
Moi je chante dans la rue, quand ça me vient ou quand on insiste. Petit à petit je me fais des contacts. Petit à petit je forme des groupes. C'est encore très lent, et même si on ne voit toujours rien de bien détectable, on voit déjà plus qu'avant.
Bisous à toi. :)
Sourire fois 10.
Trop jolie fin déjà, et un texte qu'on lit d'une traite, parce que. Peu importe pourquoi. On le lit; et on l'apprécie.
Re:
Que fais-tu de tes vacances?
Merci pour ton mot, en tout cas. Et puis je l'aime bien, ce texte. Il me rappelle plein de jolis souvenirs...
inconsciente
Comme c'est bon de te lire.
Comme ça donne envie, encore, plus fort, d'être amoureux.