Ecrit le 11.04.05 à 16h30

Son appel, au bout d'un mois, le lendemain de ma rupture symbolique avec Maro, le lendemain de ce rêve si mélodieux, et ces plumes blanches dans le ciel.

Son kéfier vietnamien à mon cou, alors qu'il venait d'annoncer qu'il y tenait comme à la prunelle de ses yeux et qu'il ne l’avait jamais prêté à personne.

Sa façon de me toucher les cheveux, en les enroulant autour de ses doigts pour s'enivrer de leur parfum. "Ca sent la pomme...." a-t-il décrété.

Ses yeux pétillants , impossible de les soutenir durant plus d'une seconde, tout s'emmêle.

Selon lui, je ferais souvent ma fille au regard perdu dans le vague...

Encore selon lui, il y aurait beaucoup de questions qu'il aimerait me poser par écrit, c'est plus facile d'écrire....

Mon bout de papier marqué de mon numéro de tel et du commentaire : "Appelle moi bordel!", gardé enfoui dans la poche de son pantalon le mois entier, attendant un coup de fil de ma part.....

Le fait qu'il revienne me voir tous les jours.

Le fait qu'il perde une journée de travail pour pouvoir rester encore un peu plus dans ce lit avec moi.

Le fait que dans ce lit même, il ne me touche pas. Juste ses doigts parcourant mes longs cheveux bouclés.

Le fait qu'il ne croit pas en l'amitié fille/garçon.

Le fait que je sois la seule personne qu'il revoie, de ses années collège.

Sa réaction, après avoir voulu relire les lettres qu'il m'avait envoyé durant ces années :
-" C'que j'étais con à l'époque..."

Ce petit message, le stylo à fourrure verte en main, prêt à l'essayer sur une des pages de mon carnet intime....
-" Je ne sais pas quoi mettre" m'avait-il annoncé, embarrassé.
-"Pfff....ça sert à rien de se prendre le chou pour tester un stylo! C'est juste une phrase pour voir si t'arrives à écrire avec....marque ce qu'il te passe par la tête, comme tu le sens....je sais pas moi....style je vais à la boulangerie acheter du pain....." avais-je alors rétorqué.
Il avait refermé le livre, gêné :
-" Si j'avais su qu'un jour j'écrirai un truc pareil.....j'ai honte....tu le regarderas quand je serai parti.....j'ai vraiment trop honte...." avait-il dit, rougissant.
Et moi toute la soirée, omnubilée par son mot dans mon carnet. Tenue en haleine par sa phrase, voulant qu'il s'en aille, voulant qu'il reste. Voulant lui.
Puis à la fin, après l'avoir raccompagné. Moi, me jetant sur sa prose, révélatrice de son état d'esprit :

"Je teste le stylo." avait-il noté.

Sacré Rooky.