Ecrit le 04.09.08 à 22h00
Je regarde ces histoires d’amour américaines au cinéma. Ca ne ressemble à rien. Les bases sont superficielles, les émois s’embrasent à une allure folle et en un jour ils sont amoureux. Les doutes durent une fraction de seconde, le temps de verser sa petite larme, une déclaration et l’affaire est dans le sac, marrions nous, puisque ça fait déjà deux semaines. Puisque j’ai tout quitté pour toi, tout ce qui me faisait avancer, pour partir avec mon âme sœur, ta modeste personne qui a construit notre relation sur un gros bobard.

Il n’empêche qu’en chacun des acteurs, je te vois. Je vois les traits de ton visage se reproduire à l’infini, même si en vrai je ne t’ai vu qu’une fois, même si en vrai le temps me manque pour avoir terminé mon dessin mental, ne reste alors que des brouillons, des ébauches de ton sourire.
Je ne sais pas pourquoi lui plus qu’un autre.
Mais il rayonne en ma mémoire. Je n’ai pas le haut, j’ai comme une bande horizontale braquée sur tes lèvres qui s’écartent d’une manière tendre, tes dents malicieuses qui font contraste avec le noir du 16/9^e. Je suis dans une fiction, encore.

Je me suis toujours demandée si l’admiration n’était pas le point de départ culminant à toute forme d’amour prononcé pour quelqu’un. Avec toi, j’ai été émue. Une poigne qui m’a serré le ventre de toutes ces choses que tu ne montrais à personne. J’ai juste descellé une présence dans l’obscurité. Oh, elle n’est pas éblouissante, mais elle me parle directement sans que j’aie à plisser les yeux ni à tendre l’oreille. Après tout, c’est comme au cinéma. La plupart du temps, on y va pour s’en prendre plein la vue. Mais les films que l’on retient, ce sont ceux qui réussissent à nous toucher, à nous parler dans un autre langage. Ou avec nos propres mots.

Toi, mon manouche sans guitare, j’en suis encore à t’écrire alors que c’est bel et bien terminé. Je suis rentrée chez moi maintenant. J’ai repris ma vie normale.
Pourtant, j’ai l’impression d’être partie avant la fin du film.
Vous me direz, j’ai peut-être raté le massacre du siècle. Certaines personnes pourraient me féliciter d’avoir échappé à ça, d’avoir su m’en aller avant qu’ils ne gâchent tout avec leur morale à deux balles et leur dénouement tarabiscoté pour pas un rond.
Mais je m’étais attachée, moi, à ton sourire.
Pour de bon.

Alors je fais quoi maintenant ?
Je me repaye une séance ? J’y verrai autre chose qu’à la première fois, tu penses ?
Est-ce que je comprendrai plus ce qui m’a traversé l’esprit ce moment là ? Est-ce que la différence avec les autres me paraîtra aussi évidente et est-ce que je discernerai enfin pourquoi ? Est-ce que mes envies seront partagées par autre chose qu’un grand écran blanc ? Qu’un grand écran vide. Qu’un truc qui ne visualise rien dans mes yeux, rien de plus que. Et puis merde.

J’ai envie de te revoir, je crois.