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La soirée de l'étrange
--> Oui, je sais...personne n'aura le courage de tout lire

Ecrit le 23.09.08 à 23h25
Ce week end, c’était la fête du Bip. Quatre années consécutives que j’arpente les mêmes rues. Cette fête est un grand vortex bizzaroïde en réalité. Il mélange le passé et le nouveau à l’envie. J’ai jamais terminé normalement une de ces soirées. Il s’est toujours passé quelque chose de saugrenu, de surprenant, de touchant parfois. L’année dernière, j’écrivais sans n’avoir jamais pu en arriver à bout :


Ecrit le 01.10.07 à 01h00
Il doit y avoir de ces évènements particuliers qui marquent le déroulement particulier d’une vie. Cet évènement, pour moi, il revient tous les ans aux alentours de la même date. C’est la fête du Bip. Un petit truc, pourtant, le temps d’un week end les gens se réunissent en musique dans un même quartier. Chaque année. Et ce sont ces mêmes gens disparus de ma vie qui se révèlent à mes yeux durant cette soirée magique. Il doit y avoir un lien étrange qui nous unie. Nous, ces anciens lycéens qui avons tourné le dos à nos cartables, nos diplômes et nos camarades de récré. Parce que chaque année, c’est à cet endroit que l’on se revoit, sans rendez-vous ni programme, sans rien, juste le hasard qui fait son chemin. Qui crée les histoires, le temps de ces soirées, des schémas uniques qui n’appartiennent qu’à cette ambiance là, et qui permettent de se retrouver comme avant, avec un petit je ne sais quoi de pas vraiment logique dans nos regards.

Et j’avais raison. Il y a ce sortilège qui scelle le mécanisme d’une journée pour chaque être qui s’engage dans ces ruelles ce samedi là. C’est vraiment spécial, et tout le monde est atteint de la même maladie. Je me rappelle, quand je me suis retrouvée à marcher près du quartier en début de soirée, j’avais les DVDs des Monthy Python que m’avait prêté Typiak dans le sac, bien décidée à trouver chaumière pour les visionner.

- sans suite -



Aujourd'hui.

Et voilà. J’avais des millions de péripéties à raconter mais je me retrouve encore avec un récit incomplet, et une série de termes mnémotechniques qui me ramènent tous à un passage différent de l’histoire. Mais elle était folle, cette nuit là. Je l’ai commencée avec Eden, sa copine Priscilla et un ami dans une chambre universitaire, à mater And Now For Something Completely Different. Au début ça n’a fait rire que moi. Puis quand Eden a débarqué, on a ri à deux sur quatre, c’était déjà ça. C’était la première fois que je me retrouvais en vase clos avec sa nana (click !), ça ne me dérangeait pas. J’avais pris le parti que ça ne nuirait pas à mes blagues, mes envies, mon moral. Alors bien sur qu’il était attentionné avec elle et plus distant avec moi. Faut savoir rester à sa place. Mais il n’a rien fait de déplacé. Ils ne se sont pas bouffés la bouche, on a continué à se marrer ensemble comme des enfants et puis on est sorti.
J’étais pas au courant mais c’était la fête du Bip, à ce qui parait. D’habitude, c’est moi qui l’attends plus que les autres cette fête, mais j’avais juste oublié ce soir là je crois.
Je ne vous raconte pas le nombre incalculable de personnes que j’ai pu croiser.
Enfin si, un peu.

Rooky, encore une fois cette année. Evidemment pas de nouvelles depuis l’année dernière même date. Il me dit :
-« Je pensais à toi ces derniers temps, mais comme à chaque fois que je te rencontre je suis totalement explosé, ça te dit qu’on aille sur l’île du F****l ensemble la semaine prochaine ? J’ai un bateau ! »
-« Ensemble avec qui ? »
-« Bah avec toi et moi. »
Il est aide soignant maintenant. Il est vraiment passé par tout et n’importe quoi. Et c’est gentil de sa part de vouloir discuter avec moi une fois clean. Mais je le connais, il ne rappelle jamais. Alors je lui souris et lui dit au revoir de la main.

Je fais trois pas et je croise quelqu’un que je connais. As et toute la troupe, mon amie italienne de Bologne, Nero mon contrebassiste, Legolas du lycée, mon ancien meilleur ami Ray que je fais maronner avec mes Dvds des Monty Python. Fut un temps, on se régalait bien sur le sujet.
Je marche mais je ne sais toujours pas où je vais pouvoir dormir ce soir. Les chambres universitaires sont déjà occupées outre mesure, Poubelle est en vacances, As est bourré et déjà loin, Ray a invité sa copine (c’est un peu un rendez-vous amoureux) mais néanmoins il me propose son canapé contre les Monty Python. J’accepte en le prévenant que si je trouve ailleurs, je le laisserai roucouler tranquillement auprès de sa donzelle.
La nuit est encore longue.

Betty Boop est revenue de son voyage au Maroc et manque de me sauter dans les bras quand elle m’aperçoit. Bon, elle fait ça à tout le monde. Je ne la connais pas plus que ça mais elle me prend par la main et m’embarque avec son groupe. Je viens officiellement de paumer Eden et les autres. Betty ne lâche pas ma main, ne veut pas me perdre. C’est rigolo. J’aime bien tenir la main aux filles. On danse au fil des rues et des musiques, on va d’immeubles en immeubles, d’étages à étages. On en sème la moitié mais ça c’est normal, c’est la règle du jeu. Betty me dit qu’elle et son copain m’hébergent sans problème, mais que leur portable n’a plus de batterie donc que je ne dois pas trop m’éloigner. Putain, ils sont tous en couple. Ca me saoule.

Il commence à être tard, on finit la nuit à faire une queue pas possible pour rentrer dans une after Drum and Bass cafie de gens (haha l’expression du sud). Tout le monde transpire, le sol est trempé de sueur et de bière. Les basses résonnent en nos poumons, Betty Boop monte sur la scène et m’attrape le bras. Oké. D’habitude, je me moque de ceux qui se sentent obligés d’aller faire leur show en hauteur. Puis là c’était Betty qui avait certes l’alcool joyeux mais moi, j’avais rien. On danse ensemble, elle commence à me chauffer. Et je ne sais pas, c’est parti tout seul, les mouvements qui se libèrent d’eux-mêmes, la danse. La vraie danse, celle qui va de soi, pas celle engagée à séduire. Sur cette scène à côté des DJ’s, je me suis mise à danser sans mâcher mes mots, y’avait des hurlements d’encouragements et des vagues de mains levées. Et parmi les cris, il y avait Eden.

Je l’avais oublié celui là. Y’avait son sourire qui s’illuminait alors qu’il poussait déjà la foule pour venir m’atteindre dans les premiers rangs. Il se débrouillait pour hurler plus fort que les autres et tendre son bras comme s’il allait parvenir à me toucher. On a dansé ensemble comme des fous, même si c’était à distance, même s’il n’y avait aucun contact physique. C’était une danse primitive et pulsionnelle. Je suis descendue de mon nuage quand j’ai vu qu’elle l’avait rejoint, Priscilla, et qu’elle essayait de m’encourager aussi. Ca m’a foutue une claque. Qu’est-ce que je foutais là ? J’étais pas toute seule, merde.

Je sors quelques minutes dehors. J’ai le cœur qui va exploser. Je crois que j’ai trop bougé d’un coup d’un seul. Le groupe à Eden sort, me parle de ce que j’ai fait dans cette salle. Son regard a changé, il est plus décontracté, plus naturel, même en présence de sa copine. Ils me disent qu’ils doivent rentrer, on se fait la bise. Là, je me rends compte que je ne sais plus où est Betty. Je croise un pote à elle, il me propose son appartement en cas d’éventuel problème pour la suite de l’histoire. Très bien, je gère. Je ne dors pas dans la rue ce soir. Je croise Eden qui marche en sens inverse, il vient de perdre son portefeuille contenant tous ses papiers. Les deux qui le suivent n’osent absolument pas lui adresser la parole de peur de le contrarier plus qu’il ne l’est déjà. Et moi je les console. Je rassure Priscilla en lui indiquant les marches à suivre. Cette situation est bizarre.

Finalement, je ne rerentrerai pas dans la salle Drum and Bass. Il fait encore bon dans les rues à cette heure ci. Betty rencontre une vieille amie à elle, et moi je vois débarquer Gourou et son inséparable cajon. Accompagné de Friz. Wow. Plus d’un an que je ne l’ai pas revu, celui là. Il était en Inde, au Costa Rica ça c’était la dernière fois, là il repart en Australie. Il a une tronche sereine, un air plus mature, un regard posé. Ca me réconforte et me réjouit. Ca me rappelle mes années lycées et la maison folle à lier, je ne peux pas m’en empêcher. Gourou entame la session musique dans la rue, et la fête redémarre. Là aussi je danse, mais c’est pas la même. Ce sont des pas qui n’appartiennent à personne, qui sont juste la conséquence de l’impact musical. Et puis je chante. Ca faisait longtemps qu’on n’avait pas partagé cela avec Gourou. La musique dans la rue, après m’être séparée d’As, je m’en étais un peu volontairement éloignée. Certaines personnes s’arrêtent de discuter et se rapprochent de ce cercle imaginaire pour venir à leur tour poser leur patte. N’importe laquelle. La droite ou la gauche, tant qu’ils le font dans le respect du groupe et de l’esprit musical. C’est tellement plaisant de valser sur les pavés, de lever la voix et sentir l’écho des vieux bâtiments. Pas trop longtemps, on le sait, on n’a pas forcément le droit. A travers les êtres de passage, je crois reconnaître ce type que m’avait présenté Ray un soir de pluie il y a trois ans, et cet autre gars totalement décalé mais complètement magnifique qui avait consterné le peuple en prenant le micro dans un bar il y a six mois de ça. Y’a pas à dire, pour les beaux gosses, j’ai la mémoire qui ne flanche jamais. La session musique s’arrête lorsque les gens commencent à être plus bourrés qu’attentifs, ce qui a le don d’agacer Gourou, surtout quand certains se mettent à taper n’importe comment sur son instrument. Oui, monsieur est délicat. Mais je le comprends. Lui aussi m’offre la possibilité de son hospitalité, ben dis donc. Mais j’ai vu Betty pas loin alors je ne m’en fais plus. Lorsque le peuple se disperse, il y a ce garçon grand et blond qui me fixe en se mettant à sourire.
-« La danseuse… »
-« C’est à peu près moi. »
-« Alors comme ça, tu aimes danser ? »
-« Je crois savoir que toi aussi. J’ai le souvenir d’une de ces scènes ouvertes il y a six mois dans un bar juste à côté où tu avais bougé et chanté d’une manière si étrangement bourrée que tu en avais laissé les gens perplexes d’effroi. »
-« Haha ! Tu te souviens de cet épisode ! C’est vrai qu’au début, tout le monde restait silencieux avec une expression bizarre, mais après, ils se marraient bien ! »
-« Enfin voilà, je me rappelle de toi, pas forcément sous ton meilleur jour, mais c’est mieux que rien ! »
-« Moi c’est Clément, et toi ? »
-« Dine. Tu es d’ici ? Je ne te vois pas souvent dans le quartier. »
-« Oui, je suis à la fac pas très loin, en commerce. Mais la semaine prochaine, je commence enfin une école de cirque sur Lyon ! »
-« Ha, alors c’était ça. C’était le cirque. »
-« Tiens, d’ailleurs, je te présente Bulle qui fait du cirque avec moi. »
-« Je le connais. »

-« Ah bon ? »
-« Bah enchanté quand même. »
-« Tu es ami avec Ray, non ? »
-« Heuu…oui, mais… »
-« Bah voilà. On a passé une soirée ensemble il y a quelques années de ça, juste tous les trois à se raconter nos vies, dans le snack juste en face de toi. »
-« Je ne m’en souviens pas du tout. Tu es en train de m’impressionner, là. Tu as une mémoire phénoménale. Ca me fait penser que j’ai vraiment trop abusé de substances illicites au cours de ma jeunesse. »
-« Ah, je me rappelle même qu’il y avait un débat en fond, à la télé, entre Sarko et Segolène. »
-« Bizarrement, avec ce détail, ça me revient. Oui, c’était juste avant les élections et on était assis tout au fond du snack sur les coussins par terre ! »
-« Alléluia ! »
-« On revenait Ray et moi d’E***** J********, on était crevés. D’ailleurs, maintenant, j’en suis le président ! »
-« Bon, ça parle, ça parle, mais quand est-ce qu’on file ? »
-« Ha t’es là Marion! Figure toi que cette fille a une mémoire incroyable ! On s’était vu une fois en trois ans avec Ray, et puis, tu le connais Ray, tu sais, d’E****** J******** ! »

-« Oui, le jongleur de Bolas. D’ailleurs à ce sujet est-ce qu’il s’est déjà vanté qu’il était désormais le président d’E****** J******** ? »
-« Oui, ça c’est fait. »
-« Oh, j’ai le droit d’être content ! »
-« Tiens Dine, on va sûrement faire une petite after tous ensemble, ça te dit de venir ? »

Assez incroyable. Ces deux gars à tomber que je croyais ne plus jamais revoir, je les retrouve à cette fête du Bip ENSEMBLE. Et là, si je ne suis pas déjà dans mon lit à rêver, ils sont en train de m’inviter à finir la soirée avec eux….Qu’est ce que je fais ? La question ne se pose pas, non ?

-« Eh bien, c'est-à-dire que je n’habite pas du tout dans ce coin. Ce serait avec plaisir mais la demoiselle Betty, un peu plus loin sur ma droite, est mon hébergement, et si je la paume, je suis plutôt foutue. »
Je vais m’égorger.
-« Ho, mais ça c’est pas très grave, puisqu’on dort tous chez Bulle. Hein, Bulle ? »
-« … »
-« N’est-ce pas, Bulle ? »
-« … »

-« Bon, ouais youpi, tous à la maison… 
Au point où on en est. »

Devant l’enthousiasme de Bulle, charmant pince sans rire, je m’en vais demander l’autorisation à Betty Boop de découcher ce soir. Celle-ci me saute dans les bras en insistant pour que je lui montre les objets du délit. (muahaha, les "objets", bref) Tout le monde prononce enfin les au revoir définitifs et chacun sa piaule. Je suis les deux zigotos et la fille. On se marre bien sur le chemin, tous les gens qui passent disent bonjour à Bulle. Je me retrouve dans cette maison de fous, dans un quartier super craignos. Mais, étrangement, je suis à l’aise avec ces inconnus. Bulle a un humour grinçant comme je les aime. Clément n’arrête pas de me fixer avec ce sourire. Ah ça y est, j’ai compris. Lorsque les autres s’en vont dans la cuisine faire du vin chaud, Clément se lève et commence à faire le clown. Enfin, quand je dis clown, je parle évidemment de cirque. Ses gestes sont lents et déliés, il joue beaucoup avec ses mains. Même son sourire est clown. Je me demande d’ailleurs si en dehors de ça, il lui arrive de sourire normalement. Je ne sais pas. Ils insistent tous pour regarder le Labyrinthe de Pan, qui personnellement m’a un peu traumatisé. Dans la pénombre, Clément pose ses doigts sur ma nuque, c’est agréable. Lors des scènes un peu rudes, je me lève pour aller m’aérer la tronche. Et lorsque je reviens, il m’attend debout dans la cuisine pour m’agripper les lèvres. On se mord l’un l’autre, parce qu’on savait que ça devait arriver. Il n’a pas forcément envie de visionner la suite du film, moi je voulais même pas revoir le début alors. On s’éclipse dans la rue. On marche lentement au milieu de la route, main dans la main, la nuit silencieuse est belle elle aussi. Les rencontres sont si (im)prévisibles. Furtives.

Sa fenêtre a une vue imprenable sur toute la ville, un endroit exclusif et audacieux. Je passerai finalement ma nuit ici. Après avoir erré, changé un millier de fois de destination, j’atterris là. Chez ce magnifique blond repéré il y a six mois. On a rien fait de franchement indécent blottis l’un contre l’autre. On était bien, c’est tout.

Le matin au réveil, je regarde une nouvelle fois par sa fenêtre le toit de toutes ces maisons, les gens en bas qui s’agitent, la mer au loin et la statue qui brille. Rien que pour cet instant, je ne peux pas regretter. On sort à la lumière du jour et avant de se quitter, on fait une petite mise au point. Il s’en va dans une semaine mais c’était quand même bien. Ouais, je suis plutôt d’accord.

Quelle soirée.

Ecrit par Dine, le Mercredi 5 Novembre 2008, 13:14 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

Kyrah
Kyrah
05-11-08 à 23:45

c'était même pas un défi ^__^

avec plaisir, comme d'habitude, j'ai dévoré tes mots...

 
MangakaDine
MangakaDine
07-11-08 à 01:48

Re:

Oh ben ça fait plaisir!
J'ai du coup un peu moins l'impression d'écrire pour rien...