Ecrit le 15.10.08 à 01h50
Je viens de finir de regarder The Holiday. C’est l’histoire d’une fille en vacances qui rencontre un type génial juste avant de prendre son avion et qui finalement reste. Mon résumé est vraiment moisi mais c’est ce que j’ai retenu. C’est le "et qui finalement reste".
Dans la vraie vie de Dine, c’est l’histoire d’une fille en vacances qui rencontre un type génial juste avant de prendre son train (qu’elle prend vraiment) et qui passe le restant de ses jours à se ronger les ongles. Se mordre les doigts.
Là je suis en train d’attaquer mes moignons à coup de canines. Mais n’ayez crainte. C’est long et douloureux. Tout comme on les aime.

Mes plus grosses sensations fortes du moment, c’est quand j’ouvre mes mails et que je zieute si y’a un petit chiffre entre parenthèse à côté de "boite de réception". Là, deuxième frisson à savoir si c’est encore du viagra, un élargissement de pénis, ou si c’est lui qui m’écrit. Rom. Ses deux messages ont un intervalle d’une semaine. Les miens, d’une semaine aussi, environ deux heures après qu’il me les envoie. Je retourne un peu au collège. J’ai l’impression qu’il me marque des petits mots dans mon cahier de texte, et je tourne les jours au fur et à mesure des pages et je me laisse surprendre par les dates et. Pfffff…
Une correspondance.
Quelle idée.

Aujourd’hui on envoie « kikoolol komen tu va ? » par texto et ça suffit à garder contact.
J’ai même pas son numéro de téléphone.
Je ne vais pas aller jusqu’à dire que je n’ai jamais correspondu avec quelqu’un par lettres ou par mails. Mais recevoir les phrases d’un quotidien, banal ou bancal, ou juste des réflexions m’étant adressées, juste à moi et personne d’autre, juste du temps qu’on pose et réserve à quelqu’un qui est loin, c’est plus dans mes habitudes. Ce type je ne l’ai vu qu’une fois, merde. Pourquoi est-ce qu’il se confie à moi d’une manière aussi simple et aisée ? C’est quoi, une fille facile hein ? Oui, c’est facile.
C’est…super facile.
Pas que c’est débile, mais plutôt que ça à l’air de tomber sous le sens, chez lui. Il me raconte en vrac toute sa vie, comme ça. Il me déblatère les faits divers de ses journées. Je suis pas sa maîtresse, je lui ai jamais demandé de me faire un compte rendu, ou une rédaction à corriger pour dégourdir mon vieux stylo rouge rouillé. Du coup, il me force à lui dire des trucs stupides moi aussi. Voilà c’est sa faute. Je lui adresse des pages et des pages de banalités, de souvenirs barbants, de choses honteuses et loufoques. Et lui me fait des listes. Bientôt j’aurai droit à des post-it jaune, un par truc qui lui manque dans son frigo.

Je ne sais pas dans quel but il agit de cette façon, et selon quelle pulsion bizarroïde de l’être humain. On ne se connaît pas. On a juste passé….une nuit de folie ensemble.
Juste.
Il ne se rend pas compte.
Tous ces détails insignifiants qu’il me donne, ça me rapproche. Je me sens tout près, malgré la distance. Je ne me sens plus étrangère ou inconnue parce que c’est comme si j’y étais. Chaque jour qu’il retranscrit, ils sont là sous mes yeux, ils sont à lui mais un peu à moi à présent et j’ai plus qu’à imaginer pour entrevoir les soirées, les paysages, les situations.
Est-ce que c’est ce qu’il veut ?
Qu’on apprenne à se comprendre ? Qu’on ait l’impression de se connaître depuis toujours ?
Qu’on garde un truc d’intime, malgré la cruelle évidence.
On ne peut pas s’attacher.

Alors oui, quand je le lis, tout a l’air simple. Facile, cohérent, sincère.
Dans son esprit ça se passe comment ?
Vous n’allez pas me dire qu’il est intelligent et en plus pas compliqué ! Ca n’existe pas. Jamais vu cette espèce sur Terre. Et en plus, il ne fait aucune allusion à ce qui s’est passé il y a un mois. Il m’écrirait donc sans arrières pensées, juste parce qu’il trouverait dommage de ne pas garder contact avec moi ?

On en viendrait presque à regretter qu’il n’y pense pas.