Ecrit le 08.11.08 à 01h35

D’accord on est bien. C’est vrai. C’est un mélange de tant de qualités de liens. Fluides mais solides, élastiques, tenaces et joliment noués, confortables. Confortable. C’est pour ça qu’il ne faut en parler à personne ? C’est un secret.
Ce que nous avons toi et moi, exclusivement.

D’accord tu dors par terre. Tant pis pour moi, j’ai pas eu envie d’en profiter. Ou juste pas eu le courage. Juste que nos mots et nos rires, j’aime bien te faire croire que ça suffit. Quand je glisse sur les dalles verglacées et que tu veux me tenir la main. Marcher tous les deux enlacés ? Je refuse. Je suis trop pudique pour oser imaginer ce que pourraient me provoquer de telles sensations. Quand tu chauffes mes doigts gelés, tu t’étonnes qu’ils restent froids. Mais c’est comme ça. Il faudrait d’abord réchauffer mon cœur.

D’accord tu m’écoutes dans le silence. Parler de mes erreurs avec le sourire. Est-ce que tu es dupe ? Comment tu le vois mon sourire ? Il est triste, hein. C’est une manière de se réconforter soi-même des choses qui ont fait mal. Quand je baisse les yeux en souriant de la sorte, je te sens me fixer. Je sens ton silence de spectateur impuissant. Dans un sens il me fait du bien. Il m’indique ton désarroi. Alors, je ne suis plus seule à pleurer sur mon sort. Je l’ai vu. Ton regard larmoyant quand je te lisais ce texte sur lui (click). Tu as soupiré et juré un peu sur ce que les autres perdaient, et ça montait jusqu’au rebord de tes paupières. Je te l’ai dit. « Tu as les yeux qui brillent, ça n’arrive pas souvent ». « C’est parce qu’il est tard ». C’est parce que tu as sommeil. J’ai cru que t’allais pleurer. Verser tes larmes pour moi ? Je me sens tellement plus importante depuis que tu t’interposes entre mes maux. Depuis que tu t’impliques comme si ma vie c’était la tienne. Je ne t’avais jamais vu dans cet état. D’habitude c’est moi.

Certes, on n’en est plus à s’émoustiller pour des bouts de peau. C’est pas la première fois. Bientôt on se dévisagera nus l’un en face de l’autre, comme un jeu de miroir. Comme ce que tu crois qu’on est. Toi et moi dans une case bien à part, tu me le soulignes dans chacune de tes idées.
D’accord on n’est pas comme ces gens.
Si tu insistes. Si ça peut donner une raison concrète à nos rapprochements, je veux bien. M’en aller avec toi sur des terrains d’égo et te rattraper lorsque tu chutes de trop haut. Parce qu’on est intimes, parce qu’ensemble on est à poil. Je ne peux pas m’empêcher. Ton corps presque nu m’émeut. M’effleure les yeux. Je ne dois pas. Je suis ton amie. Je suis ta spéciale. Je suis la numéro deux.

D’accord Eden, je l’avoue. Je me pose des questions. Je sème des "Et si ?" et je les laisse crever dans l’obscurité. Dans ta couette je ne dors pas. Je gamberge. Je trouve le sol trop dur pour ton côté sensible. Je veux te sentir respirer contre ma tempe. Je veux te rendre ce qui t’est dû. Je veux te rendre ta place. Mais j’ai envie de rester. Ce lit est trop petit pour nous contenir tous les deux, n’est-ce pas ? Il n’est déjà pas capable de contenir mes pensées impropres aux circonstances. Et tous les ronds que je dessine les yeux ouverts dans la nuit. Pour passer le temps. S’il te plait, viens près de moi.

Je ne te le dirai probablement jamais.