Ecrit le 12.11.08 à 22h15
J’ai envie de me remettre à la danse. Y’a quelque chose qui me pousse fortement dans ce sens depuis quelques temps. Les rencontres, les situations, les envies. J’ai l’impression d’être trois ans en arrière, avec Gemey et la musique. Il y a la découverte de la personne qui te donne l’énergie nécessaire pour aller là où tu aurais voulu être. Mais avec mon cœur, je ne peux pas faire un mouvement intensif plus de dix minutes. A la fac, j’avais triché avec mon certificat médical, parce que je voulais plus que tout reprendre la danse. Mais dès que j’allais à des cours de haut niveau, mon corps suivait pas la cadence. Y’avait des pointes dans ma poitrine, des barres dans ma tête et un creux dans le ventre comme s’il m’était impossible de faire rentrer l’air dans mes poumons. J’osais le dire à personne parce que. J’aurais pas dû être là.
Aujourd’hui, c’est censé aller mieux, même si j’ai les mêmes symptômes. Il aurait suffi que je remuscle mon cœur. Le problème, c’est que je n’arrive plus à me lâcher. Je me suis créée un décalage psychologique avec les autres. Mon niveau en danse il vaut plus rien et j’ai perdu un temps énorme. Je ne sais plus comment m’épanouir sous la contrainte d’un sujet. J’ai peur de recommencer. J’ai peur de ne plus avoir suffisamment de moyens. Et physiques, et mentaux.
Avant, ça allait tellement tout seul.
Il faudrait qu’on me guide. Peut-être même que ce dont j’ai besoin, c’est d’un partenaire.
Alors le tango. Si on me propose. C’est un mot qui revient souvent à ma bouche. Danser avec quelqu’un….est-ce que c’est mieux que de danser avec soi-même ? Si l’on se fond dans l’autre, alors peut-être qu’il y a de fortes chances que ça le soit… Le tango, le tango. Pourquoi pas. J’aimerais vraiment que ça avance pour une fois.
Un peu comme quand j’attrape le micro dans un bar. Il y a un truc dément en moi qui prend le pouvoir, je me sens si bien, j’ai envie de sortir les lions, les tripes, le truc qui stagne en moi. Et ce type qui a la voix de James Brown et l’expression trisomique, et cette asiatique qui soul et qui funk en français. Elle m’a dit « tu m’as donné envie de chanter » et elle est montée nous rejoindre. C’était fou. Ce qu’on peut se donner mutuellement, en une chanson. Même si on connaît pas les paroles, tant mieux, on improvise. On fait ce qu’on peut, on sort ce qu’on a. Et puis au bout d’un moment, on réfléchit même plus. Ca dépasse tout procédé mental, ça devient pulsionnel. Alors, à ce moment précis, on existe.
La musique, ça peut réunir les êtres d’une manière directe et fulgurante. Comme si on se connaissait tous d’un coup depuis toujours. Y’a quelque chose qui rapproche les gens d’une façon forte et instantanée. Ce qu’on partage avec les notes, ça ne s’oublie pas.
C’est pour ça que ça me donne envie de pleurer. Ses musiques brésiliennes. Suffit que j’entende les chansons dans mes écouteurs et mes jambes soudain se mettent à chanceler lorsque je marche dans la rue. Les rythmes et les sonorités me parlent d’un ailleurs pas si lointain que ça. Quelques centaines de kilomètres seulement. Ca pulse dans ma poitrine et mes yeux regardent différemment. Mais c’est peut-être parce qu’ils sont embrumés par la musique et toutes les sensations qu’elle parvient à me rappeler. A travers le chant d’un autre, je suis empoignée si fort que les larmes me montent comme un réflexe insaisissable. Je ne sais pas pourquoi. Je suis émue. Si profondément touchée. Je me souviens des moments et rien n’est triste ni mauvais, ni malchanceux. C’est juste trop fort pour moi. Trop intense pour me laisser de marbre.
Rom, il suffit à chaque fois d’une chanson.
Commentaires :
Re: Les vies dansent
Bonne soirée à toi Art-Orange.
Re: Les vies dansent
Il y a une seule chose que je ne comprends pas, c'est qu'un sud ne veuille pas t'élire.
Le monde marche vraiment à l'envers de ses trésors, ce n'est pas étonnant.
bonne soirée à toi alors, et puis moi c'est Eric ;)
Oui, sans doute c'est plus facile à 2. Parce qu'il y a l'énergie de l'autre, les sourires qu'il te renvoit, les gestes qu'il esquisse et que tu reprends.
Mais je me suis retrouvée dans des cas l'année dernière où j'auraus tellement voulu qu'on me foute la paix avec l'écoute de l'autre, tout ça. Je n'arrivais déjà pas à m'écouter moi-même..
Le Tango, pourquoi pas. C'est caractèriel!! Je suis dans le Rock en ce moment pour les Danses à 2, et je dirai que pour s'amuser faut trouver un partenaire de son niveau. Sinon l'ennuia rrive vite.
Quant à ton coeur, jaurais fait la même chose, je n'aurais rien dit à personne, technique de l'autruche.
Et puis ce que tu as dit sur la musique, les chansons improvisées, cent fois j'aurais pu dire la même chose sur la Danse.
Re:
Je comprends qu'on ait envie de s'écouter. On n'est pas vraiment à l'aise, ni vraiment libre de s'abandonner à quoi ou qui que se soit quand le corps ne suit pas la pensée ou l'être.
Ouep, faut trouver LE partenaire. La personne qui s'écoute, et qui t'entend. Qui anticipe, qui te mène et t'inspire et ça c'est pas donné à tout le monde, même à un bon danseur. C'est aussi la question d'être sur la même longueur d'onde. Tu penses que deux personnes qui s'entendent très bien dans la vraie vie, du genre qui finissent les phrases de l'autre ou qui se comprennent par le regard, arriveraient plus facilement à danser ensemble?
La danse et la musique, même combat. Peut-être. De toute façon, c'est de la communication. De l'art communicatif qui se prolonge dans le présent. Différent de la peinture, par exemple, ou il y a un différé. Par contre, pour l'improvisation, probablement que chaque art fonctionne d'une manière similaire. C'est juste se dépasser, dans le fond....
Re:
Mais le plus important c'est d'essayer. J'aurais aimer plusieurs Danser pour quelqu'un ou quelqu'un d'autre. On passe souvent à côté des dernières Danses.
Re:
Re:
C'est ce qu'il faut réussir à atteindre oui. Danser avec le moi, avec soi, avec le vrai de notre corps et de notre esprit. Mais ce n'est pas tjs évident à atteindre. Et même, c'est tellement plus facile d'être dans la forme. De reproduire la technique. Sans âme. Je m'y suis confrontée, et quand on te le fait remarquer, ça ne fait pas du bien!
La Danse enlève les barrières, à condition d'être ouvert je crois.
Art-Orange-2004
Les vies dansent