Ecrit le 12.12.08 à 02h05
Elle était sympa cette nuit de pleine lune. Je n’arrive pas à m’empêcher de repenser à tous ces joyeux souvenirs, lorsque par mégarde, sa tronche revient dans le paysage l’espace d’une soirée. Aujourd’hui je suis sure de moi. Oui, c’étaient de belles images. Il n’y a plus à nier, ni à le trouver moins charmant, il n’y a plus à me dénigrer et compter les balles dans son camp ou dans le mien, et les larmes gaspillées par manque de tact ou de courage. Maro.
Je l’observe gratouiller sa guitare et je ne le trouve plus si répugnant. Je peux même lui concéder quelque chose de sexy ou d’agréable et alors comprendre pourquoi. Pourquoi il y a 4 ans. C’est plutôt amusant, non ?
Aujourd’hui, je chante à pleine voix. Qu’il soit là ou non.
Ca paraissait tellement improbable auparavant. Auparavant, il suffisait que je sache qu’il pouvait entrer dans la pièce pour ne plus réussir à sortir un son de ma bouche, par blocage. Par complexe, parce qu’il était trop haut, trop haut dans mon estime pour envisager ne serait-ce qu’une seconde lui faire affront de ma présence. Mon cerveau se comprimait, mon cœur aussi. Je n’étais plus capable de penser à autre chose que lui. Je détournais le regard mais mes yeux transperçaient mon crâne comme si, peu importe mes gestes, mon corps transcendait ma volonté, ne m’écoutait plus, voulait lui, répondait par lui et se bouffait de l’intérieur pour lui laisser la place.
Mais aujourd’hui, je chante à pleine voix et Maro derrière sa guitare n’ose pas lever la tête. Il fixe ses doigts se tromper d’accord mais il écoute. Il ne me dira jamais que c’est bien, ou que ça lui plait. Parce que je suis sa rivale. Et ça, sans qu’il le sache, c’est un immense cadeau.
Parce qu’aujourd’hui, je peux faire des phrases. Je peux faire rire. Je peux m’exprimer sans me soustraire à ses côtés et il peut me répondre. Il peut se confier à moi. Me faire part de ses erreurs et de ses doutes. On peut discuter. On peut rester ensemble plus de deux minutes sans subir le silence. Sans subir la pression. Sans se demander pourquoi on ne va pas parler à quelqu’un d’autre. Parce qu’il rit enfin à mes blagues. Parce que je me moque des siennes. Parce qu’on se regarde et qu’on sourit des choses qu’on ne s’est pas dites autrefois. Parce qu’on s’en fout. Puisqu’il ne me drague pas, moi. Puisque tout ça, c’est du passé. C’est une autre et un autre. Ce sont des chemins différents et plusieurs prises de recul.
Aujourd’hui, il voit peut-être pour la première fois une ébauche de ce que je suis. Réellement. Ce que j’ai toujours voulu lui montrer. Ce que j’aurais aimé lui donner et partager avec lui. Toutes ces phrases qui amorçaient un sujet simple et que pourtant j’étais incapable de prononcer. Toutes ces idées que je n’ai plus honte d’exposer, sur la musique ou tout simplement, sur lui. Ce que je pense de lui, avec ma vision particulière, mon amour.
Si aujourd’hui, je peux me permettre d’être comme cela, si aujourd’hui j’ai la force de jouer à jeu égal c’est parce que. Quand il n’était pas là. Je l’ai remplacé. Avec ces bouts de lui qu’il m’a laissé. Cette parcelle d’âme que j’ai fait fructifier et qui a grandi. Il y a deux ans et demi, dans Désormais Je Verrai Avec Toi Tout Le Quotidien Morose, j’écrivais :
« Mon corps change, mon mental évolue et je m'éloigne, petit à petit, de l'empreinte qu'il m'a laissée. Je la réutilise, parce que je ne peux pas nier ce qu'il y a au fond de moi. Je l'imite, je fais de l'art avec son image. Et je laisse la vie me guider, abandonnant certaines questions qui m'embrument l'esprit. Parfois j'agis comme le reflet de son miroir, d'autres fois je corrige ces gestes, pensant perdre mon identité. Il est moi. Il est dans moi. Il est tout ce qu'il n'aurait jamais accepté d'être. »
C’était ça, exactement ça.
Aujourd’hui quand je me regarde l’intérieur, je vois ce fruit qui s’est modelé, mûri par le temps et je le trouve vraiment beau.
Il est ce que je chéris et ce qui me permet d’exister.
Commentaires :
Re:
Alors merci. Merci pour le "touchante" aussi. Merci de lire à chaque fois, et de revenir, et de prendre du temps pour m'écrire. Merci pour tout ça. Parce que moi je fais pas autant d'efforts alors....
Tu me rassures.
J'aimerais en dire plus mais je ne peux pas.
J'espere que cette phrase te suffira, parce que pour moi elle veut dire beaucoup.
Re:
Quand tu dis cette phrase, tu penses à une certaine personne j'imagine....non?
En tout cas merci. :)
Comment tu vas?
(j'vais pas tarder à assassiner tes dreads)
(tu me diras...."mais c'est pas déjà fait depuis le temps?!")
Art-Orange-2004
Laisse-toi le chant libre alors et ton miracle s'accomplir naturellement.
Je suis certain que ta route est intrinsèque à toi plutôt qu'aux chimères qui s'acharnent,
juste un point de vue certes, mais cerné d'un certain réalisme.
Je ne sais, à force, exprimer toutes tes capacités, comme tant d'autres personnes ici,
à travers des Maro ou d'autres gens qui t'ont rendu touchante sincèrement.
Ne change rien surtout.