Ecrit le 08.01.09 à 12h45
Je repense à ses mots inscrits en rose sur des petites feuilles blanches spécialement découpées pour l’occasion Time’s Up.
Vindicte.
Ploutocratie.
Dispendieux.
Ecclésiastique.
Rocambolesque.
…
Mais comment tu veux faire deviner ça sérieux ?!
Rom a un petit côté sadique que je ne connaissais pas. Tiens, qui d’autre aurait poussé le vice à écrire des mots impossibles sur les papiers d’un simple jeu de devinettes ?
Blond. Eden. Pour sur.
Merde.
Ils ne se ressemblent en rien. Non, cette fois-ci. Non. Rom n’est pas comme eux. Pas aussi prétentieux, égoïste, arrogant en surface et lâche à l’intérieur.
Néanmoins, ses mots biscornus, j’en étais trop fière.
Je dois aimer ça au fond.
Je n’ai pas encore raconté mon jour de l’an et mon épopée avec Poubelle. Vous ne savez même pas pourquoi je me suis retrouvée à Grenoble. Moi non plus.
Poubelle voulait voir la neige.
Ca devait bien faire 10 années que je n’avais pas pris dans mes mains froides un bout d’eau granitée, vu des étendues blanches et les approcher tout près. Je crois qu’en un sens, j’étais nostalgique. Je trouvais ça dommage que ce genre de paysage se restreigne à ne me rappeler qu’un vague souvenir d’enfance un peu lointain. Alors avec Poubelle on est montées dans le train et puis on a marché aussi. On demandait aux gens « elle est où la neige ? » « on a pas de sous on veut voir la neige !» Puis on s’est retrouvées dans un village en haut de la montagne avec des gens gentils partout, une luge chacune sous le bras. On était absolument pas habillées pour. C’est pour ça qu’on est revenues entièrement trempées. Mais on s’en fout. On a tracé dans la neige à côté de la station, on était seules. Nous et les empreintes de pas d’animaux, les arbres qui amortissaient nos chutes. C’était beau. Frigorifiant mais beau. Ca faisait peur aussi parfois quand la vitesse annihilait les freinages. Alors on était comme des gosses. A flipper pour rien mais se lancer quand même, à chaque fois.
Je suis contente d’avoir fait ça avec elle. C’est comme si là-bas on s’était construit des souvenirs antérieurs à notre rencontre. A valser dans le tramway. Prendre de l’élan pour se jeter dans l’éventail tournant, s’y enfouir tête la première et se faire écraser le visage lors des virages. C’est marrant. Entrer dans des bars branchés et danser sur de la musique electro debout sur les bancs pour le concept, choisir et désigner les gars les pires coincés pour nous remplacer, distribuer le stock de cartes postales à l’entrée dans tout le bar, pour le non sens. Prendre la place des videurs « non, l’écharpe à carreau ça va pas être possible » « les cheveux non plus », vouloir slamer dans la foule mais se rabattre sur les pogos. Mettre en rogne un gros balourd qui nous bouscule et veut nous tailler une tronche au carré. M’asseoir sur les genoux de Rom. Faire des tours sur moi-même au téléphone. Mission pipi dans la rue en pleine journée. Embarquer chez Rom un cinquième pour une partie endiablée de Time’s Up fait maison. Mes doigts dans la pomme pourrie. Courbeille, le mot qui n’existe pas. Rom qui mime Batman. La veste polaire verte bleu violet jaune rose des années 90.
Les prises de conscience à coup de fromage qui fond.
Et puis en fin de soirée, la couverture posée sur ma tête, doucement, et le pied sur mon ventre dans l’obscurité. « Poubeeeeelle…. ». Mes mains massant la plante d’un pied trop grand pour que ce soit le sien. Lever la couverture et se rendre compte. Rom et moi assis seuls dans le salon et dans le silence, un rituel amazonien en fond musical. Se regarder sans se regarder, à tour de rôle. De longues minutes. Mes mains sur sa jambe, et reprendre chacun sa place d’un geste furtif quand quelqu’un entre dans la pièce. Mais quelle est la place de chacun ?
J’ai peur de ne trop savoir.
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Bizzz
missdiamond