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Je ne veux pas vivre dans ce monde là
--> Pourquoi est-ce que ça me révolte autant?

Ecrit le 19.01.09 à 00h15
Ce week-end, je faisais Biiiip dans un spectacle pour enfant. Biiip, c’est mon job depuis trois ans. Le seul, alors je le chéris et j’y fais attention. Mais voilà, à la deuxième séance de samedi, gros bug, les gradins du haut font du replacement sur mes places numérotées non libres. Après va expliquer gentiment aux gens qu’il faut les déplacer de l’endroit où on les a déjà replacés, mais on sait pas encore où, parce que leurs billets ne font pas partie de mes gradins et qu’on ne m’a pas mise au courant. Les gens s’offusquent, ne veulent plus bouger, ceux qui ont leur place numérotée commencent alors à lever le ton aussi, etc. je ne vous fais pas un dessin. Bien sur tout ceci se passe pendant le grand coup de bourre, cinq minutes avant le début du spectacle, et ma file d’attente commence à faire 15 mètres de longueur et plus si affinité. Le genre de situations catastrophiques où tu te fais pourrir même si t’y es pour rien. Par la patronne surtout.

Ils m’ont envoyé 4 filles en renfort qui ont dû laisser leur poste pour un emplacement que je suis censée desservir seule. Je me suis dit, ça y est, c’est le début de la fin. C’est pas la première fois qu’il m’arrive des merdes de ce genre et je suis engagée en fonction des prestations, trop facile de ne pas me rappeler, quoi. Un peu après, le show entamé, les lumières éteintes, un type vient me voir. Un supérieur. Ce n’est ni ma patronne qui s’occupe de gérer l’accueil, ni le responsable sécurité. Peut-être un gars de la production ? Ca sent le roussi. 
Il m’aborde avec quelque chose du genre :
-« Ca va? J’ai vu que tu avais des problèmes alors j’ai appelé tes collègues pour venir t’aider. Qu’est-ce que qu’il s’est passé ? »

C’est le boulot de ma patronne ça, absolument pas le sien.
Ca y est Dine, décapitation. Au revoir les amis, ce fut de belles années passées en votre compagnie. Je m’en vais le cœur lourd de ne pas avoir accompli ma tache jusqu’au bout…
Bon en gros, un supérieur qui fait le sale boulot, c’est MAUVAIS.

Néanmoins, je lui explique la situation et les différentes méprises. Il m’écoute attentivement et me conseille d’en informer la Biiiip qui me remplace à la prochaine séance qui a lieu à la suite de celle-ci (parce qu’on a l’habitude de tourner), au cas où elle aurait à rencontrer le même problème. Et là, c’est plus fort que moi, je ne peux m’empêcher de glisser une sale vanne sarcastique et pince sans rire juste avant qu’il ne s’en aille (je vous passe les détails de son contenu). Ce à quoi il répond :
-« Eh bien, bonjour la solidarité ! »
Je me mets à rire.
Et puis après à réfléchir.
(comme d’hab)

Je viens de lancer ma plus belle blague de mauvaise foi à cet homme inconnu qui, allez savoir, n’a pas été éduqué avec le même sens de l’humour que le mien. Et là, je me retrouve seule en plein flip. Vous savez, ce genre d’enchaînements de petits trucs pas terribles qui font un gros tout inquiétant pour la suite. Ce type, en soi, il avait l’air sympa, je ne dis pas. (Et très mignon, mais chut.) Mais ayez conscience que ce sont de vraies putes dès que vous avez le dos tourné. Et puis, juste avant de quitter le travail, il passe devant mes gradins et sans vraiment me regarder, se met à rire tout seul dès qu’il arrive à ma portée.
Mais qu’est-ce que c’est que ce truc, sérieux ?

Alors je me fais un sang d’encre toute la soirée, je pense à mon fabuleux destin fatalement réduit en cendre enfin…je sais pas si j’attendais mes règles mais j’étais anormalement stressée.
Le lendemain dimanche je travaillais au même endroit pour le même spectacle à neuf heures du matin. Je le cherche dans la salle. Il est tout en bas à superviser je sais pas quoi avec je sais pas qui. Quand il me voit il sourit et me fait un timide hochement de la tête, de très loin, séparé par plusieurs milliers de sièges.
Là, bizarrement, je commence à me poser des questions.
Du style, c’est un homme. Je suis du sexe féminin. (jusque là ça va) Il vient m’adresser la parole. Il me vient en aide et va jusqu’à faire le boulot à la place de ma patronne pour cela. Il me sourit et me reconnaît, je crois que je suis la seule Biiiip à qui il fait ça. Il faut dire que dans le milieu, c’est rare. Chacun marche à fond pour que le spectacle tourne, personne ne se calcule réellement, on a d’autres choses à penser, d’autres chats à fouetter. Mais lui je l’avais déjà repéré parce qu’il dégageait un certain charme assez attirant, et bon, fantasmer ça fait passer le temps. J’avais de ce fait remarqué que lorsque nos regards se croisaient, il hésitait à me dire bonjour. C’est vrai, après tout, nos tâches respectives ne se confrontent jamais. Alors il me faisait un sourire à la place. Craquant, le sourire. Il fallait le dire.

Avant que la deuxième représentation du dimanche ne démarre, il est passé par ma porte d’affectation en coup de vent et lorsqu’il m’a aperçue s’est avancé vers moi avec un large smile :
 
-« Ca va la miss ? C’était mieux cette fois-ci, n’est-ce pas ! »

"la miss" ou "demoiselle" je ne sais plus exactement, je n’ai pas réussi à vraiment saisir le côté "ça y est maintenant on est pote" du ton qu’il a employé. Bon, il m’a pas fait la bise pour autant mais cette fois il n’a pas hésité à me dire bonjour et arrêter sa démarche pressée quelques instants pour discuter avec moi des banalités du travail, tout en ignorant magistralement les autres employés travaillant à mes côtés. La classe.
La classe ?
Je sais pas trop.

J’ai décidé d’assister en entier à la dernière prestation du week-end. Je me suis assise sur un siège vacant, au milieu des enfants et de leur regard illuminé par la féerie des décors et lumières multicolores. Et puis j’ai cherché ce type parmi la foule. Je l’observais déambuler et le temps défilant petit à petit, je commençais à lui trouver quelque chose de vraiment beau. Dans sa silhouette, son expression faciale, sa manière de se déplacer. Je me demandais pourquoi en trois ans de présence, on n’avait si peu avancé l’un vers l’autre. J’envisageais ces choses qui germaient en mon imagination avec amusement. Et pendant l’entracte, j’étais debout. Je n’écoutais pas les autres Biiiip raconter leur vie palpitante, j’avais les yeux rivés sur ses pas pressés. De loin, je le suivais dans ses trajets le menant à ce petit bout de choux du premier rang qu’il a soulevé pour prendre dans ses bras. Mon regard ne parvenait pas à se détacher de la scène. Une petite fille blonde à qui il montrait du doigt les divers éléments de la piste de glace sur laquelle se déroulait l’histoire. Lui ressemblait-elle ? Etait-elle sa gosse ? Je suis restée bloquée plusieurs minutes, assez choquée, lorsque je l’ai vu alors se diriger vers une femme brune à qui il reboutonnait le pull en lui parlant dans les yeux. Et ce même sourire auquel j’avais eu droit quelques instants plus tôt sur son visage. Il avait une femme et un gosse. Je me sentais si con.

Si.

Dégueulasse. D’avoir osé penser ces choses.
De lui avoir rendu ses sourires aussi, de l’avoir laissé faire. Qu’est-ce que c’est que ce monde, franchement. J’y comprends pas grand-chose. Ses ficelles, son fonctionnement, ses retranchements, ce qu’il faut ou ne faut pas faire ou imaginer. Ce soir j’ai encore en ma poitrine ce truc qui naissait de rien. Qui n’avait aucun but. Ce type a une femme et un gosse et j’ai cru qu’il me faisait du rentre dedans, et j’étais contente de ça. Et quelles que soient les raisons, il n’y en a aucunes qui ne se justifient de manière convenable. Elles sont toutes pitoyables, à différentes échelles de valeurs. Toutes.

Pourquoi est-ce que ça me révolte autant ?


Ecrit par Dine, le Lundi 30 Mars 2009, 00:16 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

castor
castor
30-03-09 à 00:35

Bah, on peut pas tout savoir, faut pas dramatiser...

Mais un petit coup d'œil sur les mains du mec, histoire de voir s'il n'y a pas un anneau doré dessus, cela peut être utile.

 
MangakaDine
MangakaDine
30-03-09 à 01:56

Re:

Ouep, ça peut servir!

Bisous Castor.

 
alberto
alberto
30-03-09 à 19:19

Castor n'est pas bête !

En chacun de nous, la nature humaine dévoile ses secrets. Dine, qui n'est pas bête non plus, à la fibre si affinée (ce qui n'est pas en chacun de nous) qu'elle en prend relativement conscience en découvrant cette terrible opposition de l'être charnel contre l'être spirituel (qui est en chacun de nous) !

Âpre combat que ce combat là et si âpre qu'elle aimerait fuir ! "Je ne veux pas vivre dans ce monde là" écrit-elle !

Courage Dine ! Tu n'es pas bête !

 
MangakaDine
MangakaDine
06-04-09 à 20:05

Re:

Merci Alberto.
Comme tu le décris, c'est peut-être un combat, effectivement.
Parfois, c'est juste aussi l'impression un instant d'avoir ouvert les yeux.
Enfin bon.

Bonne journée à toi et merci pour tous ces encouragements!

Des bises.

 
Art-Orange-2004
Art-Orange-2004
30-03-09 à 23:42

Ton cœur est d'une beauté inestimable même si ce monde est injuste.

 
MangakaDine
MangakaDine
06-04-09 à 20:08

Re:

Merci. :)
Je ne sais pas trop quoi répondre à ce genre de phrases....mais je me sens touchée.