Ecrit le 30.01.09 à 15h30
Il m’a rattrapé sur les marches, et les autres s’éloignant pour rentrer il m’a serré dans ses bras et m’a murmuré.
-« Merci pour tout. Je ne sais pas si je mérite autant. »
Je n’avais pas envie de partir. Mais on s’était dit qu’on prendrait le temps alors. Petit à petit. Je ne sais pas trop ce qui m’arrive. Peut-être est-ce juste impossible pour moi de ne pas m’attacher à quelqu’un. Quand on s’éclipse pour marcher dans les rues froides et paumées quelques secondes, je m’emballe. J’ai le smile. Tout le temps, comme il tend à me le faire remarquer. Mais, c’est parce que… J’ai une excuse. Je ne réalise pas encore trop sa main dans la mienne. Ses baisers dans mon cou. A chaque fois je m’étonne et je pense, comme c’est agréable, et je souris. C’est pour ça. C’est parce que c’est trop bien.
A se déshabiller en plein soir d’hiver au milieu de la rue, semer nos vêtements comme le petit poucet et se plaquer contre les murs en crépi. Il y a des couches de glace sur les vitres des voitures. On se gèle mais on rit comme des mômes. Même qu’on sait pas s’embrasser. On a 12 ans. Ou peut-être 14. C’est comme si c’était mon premier petit copain. Je suis vierge. Je ne connais pas la marche à suivre, je suis perdue et stressée. Comment faire ? J’ai des yeux d’enfant. C’est ce qu’il a dit.
Si seulement il pouvait se regarder.
Et dire que si je n’avais pas fait le premier pas, il n’aurait jamais osé. Moi qui croyait qu’il ne pensait pas à ça, qu’il avait d’autres choses en tête que les filles. Qu’il m’aimait bien, mais pas dans ce sens. Que si les gens faisaient des allusions, c’était juste pour se moquer de sa pudeur candide et le mettre mal à l’aise. Je suis vraiment stupide.
Depuis le début, il était en admiration. Depuis le début, quand j’étais là, il ne savait pas quoi dire. Paralysé, il ne sortait que des répliques à la con et alors il se trouvait nul et pas à la hauteur. Il avait peur d’être seul avec moi. De me décevoir. Il pensait à moi tous les jours, depuis plusieurs mois. Il saoulait les gens pour que je vienne. J’étais loin, inaccessible, impossible pour sa raison. J’étais trop bien.
C’est incroyable. Il ne répondait jamais à mes avances. Quand on dansait ensemble je le sentais mal à l’aise, je sentais son envie de s’échapper de mes bras. Je me disais, houlà, il n’ose pas m’avouer que je le gène. Quand on passait des nuits entières tous les deux à faire de la musique et parler et qu’à la fin il allait sans hésiter se coucher seul dans son coin, c’était clair pour moi, il n’y avait pas une once de doute ou de sous-entendu possible. Quand on prévoyait un truc fou à deux et qu’on se retrouvait à faire ça avec ses potes je me disais, il n’a même pas pensé que je voulais être juste avec lui. Mais en fait. Depuis le début, il n’y croyait pas. Il ne s’imaginait pas avoir le droit de. M’envisager.
C’est tellement touchant.
Quand j’ai demandé à Blues si je lui plaisais, il a bafouillé et sorti des onomatopées en pagaille en hochant frénétiquement de la tête.
-« Tu ne….tu sais pas…….tu sais pas….…tu sais pas à quel point. »
Les gens viennent souvent s’excuser à sa place pour sa maladresse et m’affirmer qu’il tient vraiment à moi, que c’est un type bien, qu’il est juste timide, etc. Evidemment c’est la mascotte d’un peu tout le monde. Moi aussi avant, je pensais que Blues était à tout le monde. Qu’il n’avait de faible pour personne. Je commence seulement maintenant à comprendre. Les autres, pas forcément.
C’est pas grave s’il n’agit pas comme le reste de la planète. Ou qu’encore si pour des yeux extérieurs on forme un couple étrange. Moi ça me convient. Moi c’est comme ça que je le vois. Je ne veux pas plus, au contraire. Je ne me sens pas encore prête à foncer. Je ne me suis pas tout à fait relevée de mes épreuves et faiblesses. En convalescence. Alors, ne me brusquez pas. Oui, je sais, Blues est un peu fou. Blues m’amène face à mes peurs et mes limites et les dépasse sans ralentir le pas. En dérogeant aux règles. Pour s’amuser, pour le geste, pour toujours aller voir ce qu’il y a derrière la porte fermée à clef. Parce que ça doit sûrement lui faire sentir des choses, ou juste le mettre à l’endroit où il se sent à sa place. Dans un lieu où personne ne va. Où personne n’a le droit.
Blues aime l’interdit. Pas moi.
Commentaires :
Re:
Hahahaha!
C'est bien connu, les contraires s'assemblent. Enfin je voulais, qui se ressemble s'attire! heu non, en fait.....
Ouaouh, ma vie c'est comme le plus beau des Arlequins! Ca c'est du compliment! ;)
Mais franchement, si elle peut intéresser quelqu'un, je suis plutôt super contente.
Alors voilà.
:))))))
Dine content! Gneuh!
ninoutita
Je vais bientot arrêter les commentaires stupides et vains. Mais tu me fais rêver là, j'ai l'impression de lire un Arlequin (en beaucoup mieux écrit je suppose, je n'en ai jamais lu). Enfin le plus beaux des arlequins, t'inquiètes bébé.