Se tenir la main sous les palmiers de Siwa et l'ocean romantique d'immondices qui nous entoure. S'il n'y a pas de murs eriges precisement a cet endroit c'est peut etre juste parce que c'est une decharge pour les autres. Ca expliquerait ceci et cela. Mais au moins ici, on peut se donner la main.

Le monde est petit, c'est ce qui fait qu'on rencontre toujours les memes personnes, meme dans le desert. Je fais des reves bizarres. Mais quand je me reveille il est la pour me serrer dans ses bras, et meme que parfois il n'est pas au courant. Le chat l'est. Meshmish, un truc du style. Ca veut dire abricot. On est d'accord que abricot pour une chatte, ca n'a pas vraiment de rapport. Mais elle nous suit partout et dort avec nous la nuit. Parfois on en oublie de manger. Alors on se retrouve a deux sur un velo sans selle ni pedale a pousser au beau milieu de la nuit, les gens dans la rue se marrent bien. Se foutent de nous. Et pour nous remercier du fou rire nous invitent a boire le the et fumer la chicha jusqu'a trois heures du matin, c'est le rendez vous du quartier, la famille, ils nous font a manger, nous montrent les danses siwis, nous apprennent a parler et me regardent bizarre. Non, je ne suis pas egyptienne. Non, meme pas un peu. Non, je ne suis pas mariee, ni a marier et je ne parle pas la langue. Lui en revanche, si. Il ne quitte pas son super bouquin de vocabulaire et le feuillette a longueur de journee. Ne lui adressez pas la parole, il ne vous entend plus. Il apprend. Avec son accent a croquer. Il roule les r quand il s'exprime en anglais. Il fait le portrait des gens sur les nappes des restaurants. Mais moches, en plus gros et plus vieux. Il signe, To Mohamed, the old monkey. Que le pauvre Mohamed se rassure, il ne ressemble pas a ca en vrai. En vrai, on visite chaque personne, on accepte tous les rendez-vous mais il y en a trop, trop d'hospitalite, trop de thes a la mente si bien qu'on en dort pas de la nuit. Elle est belle, celle la. Paisible. Les voitures n'existent pas a Siwa.

Les lyceens nous montrent comment ils taquinent les figures de motocross et nous chalent sur leur bolide pour nous ramener dans le centre. On en reverait, d'une moto, et partir n'importe ou suivis par des trainees de poussieres. Faire l'amour sur les dunes de sable aussi. Le temps n'est pas le meme ici, c'est un vortex, c'est trop fort, trop doux et intense mais ici seulement. Les mots jaillissent et ne se ressaisissent jamais. Les yeux sont mordores et brillent a la lumiere du soleil. Je fonds. Je fonds sous sa tendresse.