Ecrit le 11.05.09 à 00h05
Nous étions seuls, nous et les moustiques. Un sentier tracé en terre boueuse entre les crevasses salées et ce grand lac à perte de vue en plein milieu du désert. Voilà où nos chemins paumés avaient pu nous mener. Sur le bord de la route et de l’eau, une vache s’était étendue là pour périr. Dans le silence. Au centre du paysage, le sentier se transformait en bute brune et dessus une maison carrée de béton blanc ou peut-être de pierre. Elle avait une porte fermée et pas de fenêtre, un escalier qui montait directement sur le toit terrasse d’où on pouvait admirer la nature en plein accomplissement. Sûrement un truc de touriste qui se vend très cher. Mais pas à cinq heures du matin.
On s’est posés pour regarder le soleil se lever. On s’est tus, mais c’est peut-être qu’on était seulement fâchés. Puis on a repris la moto et on s’est encore perdus dans l’itinéraire de retour. Le soleil tapait maintenant dans notre dos et peu à peu on s’est serrés plus fort. On n’a pas dormi, on n’a pas eu le temps. Il fallait qu’on dise au revoir à trop de monde. Tous ces visages que l’on a croisés et qui nous ont immédiatement donné chaud au cœur, accueillis dans leur maison. Il suffisait de chantonner un petit refrain et la course de taxi nous était offerte. Il suffisait de se laisser porter et tout venait à nous, les rencontres, les destinations. Les cadeaux faits main qui se décrochent des murs du salon. Les dîners partagés à une heure du matin et les leçons de musique. Les gens qui courent avec nous derrière l’autocar et ceux qui nous attendent devant sa porte, de peur qu’on les oublie. Le cœur serré de Blues devant toute cette gentillesse. Ces gens là, il ne les reverra probablement jamais. Ce petit village égaré au fin fond du désert. Alors il est touché et il déprime. Il aurait tellement voulu casser l’hypocrisie du touriste, il s’en veut d’avoir fui certaines invitations parce qu’il croyait avoir mieux à faire sur le moment alors que, qu’est-ce qui est plus important que de prendre simplement ce que l’on te donne. De toute manière, ils nous ont soignés, ils nous ont tous laissé un petit souvenir à emporter avec nous avant le départ, dans nos sacs. Mais eux, que voulaient-ils de nous.
Que de premières fois. Toutes particulières. Particulièrement prenantes au niveau du ventre. Mais il y en avait une. Si j’avais su. Si j’avais su ce que tu me cachais, alors j’aurais sûrement agi autrement. J’aurais attendu, encore, même si de nos jours ça ne se fait plus vraiment. J’aurais préservé davantage ce que tu gardais si précieusement. Parce que c’est si beau, si rare. C’était un cadeau, ça aussi. Je te l’ai pris des mains sans réelle reconnaissance. Et c’est passé, comme ça, si rapidement d’un camp à l’autre. La transition on a même pas pris le temps d’y assister. C’est peut-être parce que j’étais dans tes yeux. Dans l’expression de ton visage qui se tordait, se plissait, expirait, rendait l’âme. De tes bras qui me retenaient comme s’ils voulaient me dissoudre en toi. Tu es la personne que j’aime le plus au monde, tu m’as dit après ça. Et comment pourrais-je mériter un tel aveu.
Alors que.
Commentaires :
Re:
Tu me parles beaucoup de ces mots sur lui que j'ai pu prononcer sur Paris. J'espère que je pourrais en prononcer d'autre à nouveau avec toi! Septembre c'est toujours ok? Faudrait que tu me rappelles tes dates. Je suis pas sure de pouvoir aller sur Gre par contre. Ca dépendra de ce qui restera dans mon porte monnaie à ce moment là et de l'agenda aussi, un peu.
C'est marrant de penser que je fournis à quelqu'un la preuve de quelque chose. :)
" Je pense à toi parce que je me dis "mais ouais elle a raison ca existe, et c'est la première fois que je vis ça". " La première fois que tu vis ça....tu le vis, en ce moment? ;)
Depuis, il m'a dit d'autres choses tu sais. Il s'est confié à moi. Beaucoup.
Alors tu as raison.
C'est amusant que ton commentaire vienne à ce moment précis, quand on pense à l'article qui le suit juste après.
passionnee-par-les-reves
Juste très beau ce texte. Bourré de simplicité, de justesse. Je dis ça ssans doute parce que j'ai entendu tous ces mots une première fois de ta bouche. Et tu ne t'imagines pas à quel point c'est agréable de lire tes dernières textes, même si je ne laisse pas toujours de trace. Agréable parce que je sais quelques petites choses déjà, tu sais le sable, les clés perdues. Et puis agréable parce que quand même. Tu nous offre la preuve que oui c'est possible. la simplicité d'aimer quelqu'un d'autre. Ce qui ressemblerait au bonheur peut etre non?. Et je pense à toi Dine en ce moment. Je pense à toi parce que je me dis "mais ouais elle a raison ca existe, et c'est la première fois que je vis ça".
Et pour finir, ce qu'il t'a offert. Sans reconnaissance? Mais voyons s'il t'a dit cette phrase juste superbe après c'est que toute la reconnaissance est là.
Tes derniers textes me portent, tu sais.