Ecrit le 15.05.09 à 01h45
Il s’est écrié « tiens c’est marrant, je pensais justement à toi ! » au téléphone. Moi depuis qu’on s’était quitté sur Paris j’osais pas trop l’appeler mais ce soir je m’étais dit que j’allais sortir en ville et je cherchais justement des compagnons de bringue. Pourquoi lui.
Je me suis surprise à être totalement paralysée par sa question aussi. C’était anodin et un peu taquin, et moi j’ai fait la pudique.
Est-ce que t’as déjà dit je t’aime à Blues.
Non mais. Si. Mais c’était particulier. C’était l’Egypte et Blues et moi on s’était dit qu’on garderait ça pour là bas. Comme un secret. Un moment spécial et hors du temps, qui n’aura pas de répercutions sur la vie banale de notre quotidien.
Ce soir j’ai appelé quelqu’un d’autre aussi. Je me suis permise parce que j’ai appris la nouvelle par une copine hier, sur msn.
« -y’a un pote à toi qui m’a demandé de tes news
un certain Eden je crois
-ah bon ?
l’arnaque !
chuis sure que c’était pour te draguer !
genre la phrase d’accroche
-nop il m’a demandé si j’avais des news de toi
parce qu’à force de pas t’appeler t’avais laissé tomber et que voilà il se demandait comment tu allais
lol réaliste
-c’est vrai il a dit ça ?
-bin à peu de choses près
en gros il s’en voulait de pas t’avoir donné de news ?
-bah finalement il est plutôt perspicace »
J’ai eu du mal à croire ce que je lisais tout de même. Ce type à qui je pensais encore aujourd’hui avec quelque chose comme de la déception, de la rancœur, de l’amertume, et de l’indifférence dans mes jours meilleurs. Un peu de nostalgie aussi. Je me disais, comment il a pu oublier. Et pourquoi il n’a pas autant envie que moi de faire perdurer toutes ces choses que l’on a à se partager. C’était un ami. Et bien avant que j’en prenne conscience, je tenais à lui, j’avais déjà besoin de lui, il ne pouvait plus me laisser. Il ne pouvait pas, et pourtant. Il n’a jamais répondu à aucun de mes appels, et la seule fois où il l’a fait, en janvier, c’était pour finalement me poser un lapin magistral et m’infliger son silence. Je l’ai bien revu il y a quelques mois de ça, en mars, quelque chose comme. Je me suis ouverte avec un grand sourire, je lui ai annoncé, voyons nous de nouveau, essayons de renouer ces liens qui se desserrent parce que tu restes quelqu’un d’important pour moi. Il m’a répondu, adresse toi auprès de mon pote Héguy si tu veux prendre rendez vous.
A partir de là, c’était tout vu je crois.
Alors oui j’ai arrêté de le solliciter, je ne suis pas maso à ce point, si Eden me prend pour je sais pas qui, ou juste, pour les autres. Il n’est pas un des autres pour moi. Et toutes ses phrases alors quoi, des mots en l’air ? Toujours. Et eux, quand vont-il se rétamer contre le sol.
Je l’ai appelé. J’étais sure de tomber sur le répondeur, les bonnes vieilles habitudes. Mais il a décroché au bout de la deuxième sonnerie. J’étais toujours en quête d’un partenaire de soirée. Mais il était en déplacement, et pourtant il a décroché son téléphone. Il m’a dit qu’il était disponible la semaine d’après, il a insisté pour qu’on se voie. Je ne l’ai pas retenu plus longtemps et lorsque j’ai dit au revoir sa voix est restée suspendue. Prise de cours.
Je ne comprends pas ce retournement de situation. Et si jamais il s’en veut, il n’a rien fait pour réparer sa merde. Il suffisait qu’il prenne le téléphone et tapote dix ridicules chiffres. Il aurait suffit d’un minuscule pas peut-être. Il a choisi de continuer à m’ignorer.
Il a brisé ma confiance à maintes reprises, alors que.
C’est précieux.
Merde, c’est précieux !
Je n’ai plus d’images en mémoire. Tous ces gens, je ne sais plus à quoi ils peuvent ressembler.
Même Blues. Je n’ai que des fragments de visages décomposés. Dans ma tête c’est du Picasso. Un miroir fissuré. Je n’ai pas le sens du détail visuel. Je ne retiens pas les gens par leur image, même si j’ai une mémoire des personnages assez hallucinante. Je reconnaîtrais des faciès croisés en maternelle de promotions différentes de la mienne, même avec leur physionomie d’adulte. Mais Blues. Il est où. Il est où bordel. C’est tellement en pagaille là dedans. J’ai besoin de le revoir. Je suis perdue sans lui, son image, sa silhouette, sa cambrure, son dessin. Si je suis trop loin pour pouvoir le toucher, laissez moi au moins l’admirer en mon esprit. Je suis myope des souvenirs, les visages sont à chaque fois si flous. Les paysages eux je les retiens bien. Alors. Si de tout ça on devait en conclure quelque chose. Finalement, inconsciemment.
Peut-être que les gens ça m’intéresse pas plus que ça.
Commentaires :
Re:
Oh, c'est sympa de te voir par ici! ^^
Ouais c'est plutôt frustrant de ne pas avoir les images. Comme si on avait un problème d'antenne et qu'on captait mal la fréquence. C'est comme les voix. On en a pas forcément conscience mais quelle est la voix de la personne qui nous parle en nos souvenirs? Est-ce la même? Est-ce la notre? Et quand on se parle à nous-même, est-ce notre voix? A chaque fois sans exception?
Bon, sur ces belles paroles sans aucun sens je m'en vais perdre connaissance entre mes draps oui il n'est pas encore le lendemain et pourtant j'ai déjà sommeil.
Des bisous petite buleuse je sais pas quand tu liras ce message alors bonne soirnée. :)
Nel-
Ne fais pas attention, je ne fais que passer, quand ma maigre connection internet du moment me l'autorise :-) Mais c'est juste que j'étais obligée de dire "pareil" pour les visages flous dans les souvenirs, alors que le reste est bien trop précis ... Rageant.
Des bises