Je marche j’ai chaud au front, j’ai froid dans le cou je me sens vaciller, c’est la fièvre qui m’empêche de tourner de l’œil pour changer de direction. Alors avant-hier j’ai regardé bien devant moi très profond dans la nuit et j’ai vu cette énorme boule en fusion tournoyer sur elle-même et se consumer de son entier jusqu’à se faire disparaître. Elle partait de nulle part et s’est éteinte au milieu de rien. Aucun point précis. Je me suis demandée à quel endroit elle avait pu commencer sa trajectoire et si beaucoup de gens l’avaient aperçue eux aussi. Un truc de cette envergure, si lent et si énorme tourbillonner dans le ciel ça ne peut pas filer incognito au milieu des étoiles sans que personne ne remarque rien. Qui sait. Un léger décalage dans la direction et nous aussi en catimini tous autant qu’on est on aurait brûlé avec elle quelques secondes, ça aurait vachement raccourci l’histoire.
Je raconte de la merde.
C’est parce que je suis perturbée. Il me dit que c’est comme une rengaine, un souvenir persistant, mélancolique, quoi que je puisse évoquer, je le fais avec une tristesse poussiéreuse. Il me dit qu’il ne me reconnaît pas, qu’il n’arrive pas à m’imaginer dans ces mots, à s’identifier ou poser des images vivantes, finalement il n’arrive pas à croire à tout ça, même si lui-même l’a vécu, si ce sont des faits communs et récents. Il me dit que je ne suis pas comme mes textes. Moi je suis enjouée, je souris, je fais des blagues je taquine je suis pleine d’humour, de dérision, de malice, de joie de vivre, de légèreté. Mes textes sont sérieux. Mes chansons sont sérieuses. Il ne parvient pas à lire mes pensées dans mes mots. Il me dit que chacun de mes textes pourraient se résumer en une phrase. Une phrase sans cesse ressassée. Sans cesse. Comme un écho lointain.
Alors j 'en perds la parole.
Je me rappelle cette phrase qu’Eden m’avait sorti un peu après qu’il m’ait entendu chanter. (click !)
"-« Mais tes chansons, c’est toi. C’est vraiment toi, il n’y a pas de doutes. »"
Ca m’avait, houlà, plus que touchée. Ca m’avait soulagée. Je m’étais soudain sentie comprise, libérée de toute justification.
J’avais juste envie que quelqu’un qui comptait pour moi me dise un jour cela.
J’aurais tellement aimé que Blues comprenne cette partie là de moi.
Mais je ressasse encore. Encore, je commence mes phrases par le mot qui termine la précédente. Je fais. Des phrases courtes coupées par un point en plein dans leur élan. Ou alors, à outrance, je mets, sans nécessité réelle, des virgules en abondance. Tout le temps je répète les mêmes gestes. Je me relis et je rajoute des négations. Alors qu’en vrai je parle pas comme ça. Je parle pas avec des mots aussi soutenus. Quand je parle rien ne me soutient, ça file tout seul et c’est burlesque ou emporté par l’émotion. Mes textes sont morts de tristesse avant même d’avoir été écrits.
Alors quoi, je suis comme ça aussi. Je suis quelqu’un de figé dans le temps. Et pourquoi ce seraient pas mes rires les falsifications ? Pourquoi mes blagues ce serait pas le masque qui cacherait toute cette déception que je retiens pour pas agacer les autres ? Pour ne pas les ennuyer, pour qu’ils continuent à me parler sans se poser de question, pour qu’ils m’aiment encore, pour qu’ils ne m’abandonnent pas ? Pourquoi ce ne serait pas moi ?
Pourquoi ce blog je ne le montre à personne de mon entourage, pourquoi je persiste à écrire aussi régulièrement, à me confier à des anonymes qui en connaissent bien plus que ceux qui prétendument profitent de mon sourire au quotidien ?
Si tu voyais mon visage se déformer lorsque j’aligne les phrases sur mon écran, tu comprendrais alors que ces phrases là je les vis autant que les autres, que je les prononce de ma bouche en silence à chaque touche enfoncée de mon clavier et ça te choquerait peut-être qui sait d’observer en vrai cette expression si moche, se mouvant aussi vite que toutes ces lettres qui défilent sous mes yeux, qui défilent, aussi vite que l’on peut prononcer les syllabes avec une voix et quelqu’un à qui raconter, oui je ressasse, et pourtant chaque fois que tu relis la même chose pour moi c’est différent, ça a un sens, qui m’est propre, c’est à chaque fois pointer du doigt un peu plus près ce que je ressens dans le fond et non, ça ne peut se résumer en une phrase. Dans ma tête c’est un vieux roman pour filles bourré d’empreintes et de souvenirs, y’a jamais juste un truc, bien en gros qui prend toute la place et qui englobe le tout, comme un slogan d’accroche efficace. Et si avec toi je souris et je suis bien c’est parce que c’est toi. C’est toi et pas moi.
Moi je suis…
Je SUIS ces mots qui t’embarquent pas.
Je SUIS ce truc triste et sans vie qui ne te fait pas d’effet.
Et je ressasse.
Là non plus, je t’ai pas convaincu.
Mais c’est pas grave, un jour tu me prendras dans mon entier.
Commentaires :
Re:
C'est que finalement, malgré le temps qu'on se connait, on doit se laisser le temps d'apprendre à connaître l'autre. Et c'est pas un enchaînements de discussions sérieuses entre deux êtres qui va pouvoir éclaircir le tout du tout au bout. Enfin, je crois.
Même si moi, au fond, j'aimerais connaître Mr J dans ses plus intimes pensées. Mais mon égoïsme me rattrape et me force à me dire que je ne souhaite pas l'inverse. Je veux garder mon jardin secret.
Et qui sait, c'est peut être les petits mystères qui batissent une relation. (même si dans ton cas, j'ai bien l'impression, que ça te déçoit qu'il ne veuille pas voir ce qui pour toi paraît comme une évidence)
Des bisous ma Dine
PS : j'ai bien vu ton autre comm. Bon, pour me rattraper de cet été où j'ai eu beaucoup trop de choses (et oui, je ne souhaitais pas de comm, tu as bien compris, et merci de l'avoir respecté :) ), mais si tu viens sur Paris, alors fait moi signe. Aussi parce que Ninoutita, la belle des champs, elle y sera certainement aussi :)
Re: Disturb
Un jardin secret....je sais pas. C'est clairement pas ma vision utopique des choses. Je me dis pas "j'aimerais garder un jardin secret". C'est plutôt qu'il y a des choses que je n'arrive à partager avec personne. C'est comme les voyages. Les trip en solo, ça a jamais été mon truc.
Si j'fais un tour vers Paris oké oké, j'te ferai signe! On ira se boire un pot avec Ninoutita si ça lui dit!
Ziboux Bella.
Re: LiliLou
Il m'intrigue ce texte.
Est-ce qu'on doit vraiment aimer l'autre dans son entier? le comprendre en entier?
Est-ce vraiment indispensable?
Re:
Peut-être qu'on est pas obligé de l'aimer dans son entier (quoi que j'en doute) mais il faut au moins savoir qui elle est vraiment et l'accepter. On ne peut pas aimer simplement qu'une partie d'une personne et dire "je l'aime". Je l'aime parce qu'elle fait des bons gâteaux. Je l'aime parce qu'elle me fait marrer. Oui d'accord mais là pour moi on parle plus de la même chose ni du même mot.
Après il y a aussi l'être, et les actes. Tout un tas de nuances et qu'est ce que c'est alors tout ça, à quel point ça fait partie d'une personne? Je dis juste qu'on ne peut pas fermer éternellement les yeux sur un côté de quelqu'un.
Et pour ce qui est de comprendre, oui, je pense que c'est indispensable.
Dans sa durée et son évolution, tout du moins.
Re:
Surtout si c'est une part de toi que tu as construite et que tu revendiques...oui je comprends. Mais en meme temps, c'est très subjectif.
Peut-être qu'il est passé dessus sans vraiment comprendre le sens que tu y mets, justement. Ca dépend de quel côté on regarde. Jsais pas. Si c'est une question d'égo, comment dire, il ne faut pas oublier que dans un couple on est toujours 4 comme dit la citation éculée.
Dans l'autre sens, tu ne sortirais pas avec quelqu'un juste parce qu'il est fan de ce que tu fais. si? jsuis peut-être complètement hors-sujet, mais je crois que c'est de ça que tu parlais.
(mais j'ai l'impression de venir d'une autre planète quand j'interviens dans ce genre de conversations.)
Re:
Peut-être que c'est une question de sens que l'on y met, mais je n'avais pas vu ça comme ça.
Ce n'est pas de ça dont je parlais. Ce n'était pas qu'on aime ou pas ce que je fais, mais qu'on me dise, ce n'est pas toi, ce n'est pas de toi, ça ne te ressemble pas. Toi tu es plutôt ci, ou plutôt ça, etc.... C'est dénigrer des parts de moi sous prétexte qu'on m'imagine d'une autre manière. Il est clair que tout dépend de la personne qui te fait la remarque. Or, quand cette personne est justement la plus importante à tes yeux, que tu pensais qu'elle était même un bout de toi même, qu'elle était entrée en toi et pouvait tout comprendre parce que tu t'étais ouverte....bah c'est décevant. Ca remet en question, aussi.
Bisous Mawi!
LiliLou
J'suis
anonymeet j'aime à te connaitre.Si Lui il comprend pas, c'est qu'il te regarde pas assez. Et puis Oui, laisse lui le temps de te prendre en entier. On peut pas toujours être un sourire. On est trop complexe pour ça. Et torturée, toi et moi!
Plutôt que des points et des virgules, j'te conseille de mettre des majuscules.
J't'embrasse fort parce que jle ressens ton texte.
Putain de mots.
Et putain de Toi, Belle Inconnue.