Ecrit le 26.07.09 à 23h45
Se réveiller au son murmuré d’un « je t’aime » est un trésor de vie incroyable. L’impression d’avoir à ouvrir les yeux une seconde fois. Mais c’est bien là. C’est bien lui qui a enlevé la sonnerie du réveil pour te susurrer l’amour à ton oreille. Deux heures de sommeil, et pourtant en pleine forme. Je suis heureuse de pouvoir vivre cette vie là. Je me dis qu’il faut que je m’en souvienne. Que je retienne ce genre de moments pour les fois qui seront moins belles. Je penserai alors, tu vois, il y a eu des matins comme ça aussi, et il pourra y en avoir encore alors ne te décourage pas.
Jamie ne portait pas de chapeau cette fois-ci. Ma revanche est tombée à l’eau.
Blues n’a pas non plus sauté la barrière. Non. Il a escaladé le mur, s’est accroché à la clôture, est passé au travers d’un trou, au travers des gardiens et s’est caché dans un buisson pendant plus d’une heure afin d’avoir le droit de me rejoindre. Fallait vraiment avoir envie, hein.
En ce moment Blues et moi c’est plus que de l’amour. C’est du mongolisme. De la gagaterie. Les gens nous verraient ensemble, ils se poseraient des questions quant à nos quotients intellectuels et nos capacités motrices. Peut-être qu’à force de se coller on va devenir siamois. Peut-être que c’est ça qu’on veut vraiment, ne plus jamais avoir à se quitter. Déjà que pour aller acheter le pain séparément ce sont des au revoir d’une demi heure et une liste de recommandations aussi longue que la liste des courses d’un mois. C’est pas mon cœur, mon amour, c’est pire. Anaïs nous entendrait parler elle aurait des pulsions meurtrières. On veut pas infliger notre bonheur aux gens pour autant. Mais que voulez vous, se rouler dans la pelouse du parking d’Auchan et c’est la nuit de noces. C’est récupérer des couvertures pour aller pique niquer sur le rond point en face du port, comme si baigner dans la merde des chiens et les vieilles bouteilles des poivrots clodos c’était romantique. En fait je pense que le cadre idyllique c’est juste sa tronche de niais heureux en face de mon regard et puis voilà. C’est partout Bora Bora.
Mais ce que j’aime peut-être le plus chez lui, c’est son côté chevaleresque lors de nos disputes. C’est le fait qu’il relève toutes les situations jugées sans espoir. Qu’il soit toujours derrière en train de me courir après, ou bien devant à anticiper mes départs. C’est le fait qu’il se soit débrouillé pour être avant moi dans le bus que j’allais prendre, à temps pour essuyer mes larmes. C’est toutes ses phrases incroyablement touchantes qu’il me sort alors que c’est moi qui devrais m’excuser. C’est le fait qu’il vienne me chercher lorsque je suis perdue. Qu’il devine quand je ne lui dis pas. C’est le fait qu’il m’aime malgré nos caractères et nos penchants si différents. Qu’il ne se dise pas « je devrais trouver quelqu’un de plus compatible avec moi » mais « j’aimerais être plus compatible avec elle ». Compatible. C’est un mot moche. On dirait qu’on parle compas, comptabilité. Alors que ça n’a rien à voir avec les chiffres où les choses bien tracées. C’est juste deux personnes qui essaient d’être ensemble.
Enfin, elles n’essaient pas.
J’aime à penser qu’elles y arrivent.
Commentaires :
Re:
La maniere dont tu commentes, j'ai l'impression que t'as un peu vecu de quoi tu parles, tu te bases sur les experiences presentes ou passees? (ouais j'essaye de resquiller des infos)
Oui l'echange.
L'echange de personne entiere a personne entiere. C'est surtout ca qui fait la difference, je crois.
T'as un namoureux toi?
Re:
Hé oui, bien joué, ma réponse se base sur du vécu, huhu.
A vrai dire, c'est un peu ce que je suis en train de vivre en ce moment. Bon, hop je me lance, et je t'explique la situation... Petit pavé, me voici.
Pour résumer, je viens de quitter un garçon dont je suis tombée lentement et joliment amoureuse (un truc assez doux et progressif, comme avec Phil), avec lequel je suis restée huit mois, pour un autre garçon, dont je suis tombée très violemment très amoureuse il y a quatre mois... C'est bizarre, je croyais avoir trouvé une stabilité avec le premier, qui était assez différent de moi (= calme, posé, plutôt silencieux, un peu méticuleux, un peu timide, assez égal de caractère, très intérieur et serein) ; j'éprouvais un apaisement, et je ne me sentais pas du tout disponible sentimentalement, quand boum, j'ai rencontré le second, et tout a été chamboulé. Impossible de faire marche arrière, donc j'ai choisi de me jeter à corps perdu dans cette histoire compliquée (parce qu'on n'était pas vraiment libres), un peu éprouvante parce qu'on est très semblables tous les deux (= verbaux, hyper-sensibles, un peu dingues, parfois mélancoliques et parfois fous de joie, un peu névrosés, très réceptifs, en alerte au moindre signe de manque d'attention de l'autre, etc...).
Et avec ce second garçon, même si c'est parfois épuisant d'être nous, j'ai l'impression d'avoir trouvé un mode de communication, d'échange perpétuel, de rebondissement comme je n'en ai jamais trouvé. (Peut-être avec Phil, mais en même temps, c'était juste le début de ma vie "sentimentale", comme on dit...) Ca saute dans tous les sens, ça pétille, je traverse des émotions comme je n'en ai pas éprouvées depuis longtemps, c'est déboussolant, mais tant pis, au moins j'aurai connu ça!
Donc quand je te vois évoquer cette fusion ravie, de dialogue mental et physique fou avec Blues, ça fait un peu écho à ma situation de bonheur amoureux... Ca paraît bête à dire, mais je suis contente que tu aies trouvé un garçon avec lequel vivre ça, cette "couplitude" tellement pleine de plaisir d'être à deux - parce que ça ne paraissait pas simple de trouver la tranquilité pour toi, depuis le début de tes écrits ici, si je me souviens bien... (ma mémoire me fait peut-être un peu défaut, hein!)
Bon, voilà pour les petites explications... Il te manque pas trop, du Japon? (quelle veinarde d'y être, d'ailleurs)
Re:
C'est marrant que tu dises "impossible de faire marche arrière". C'est assez intéressant de le formuler comme ça, je trouve. Et puis la description que tu fais de toi et ton partenaire, je m'y retrouve aussi. En fait, ça ne me décrit pas forcément pleinement en tant que personne, mais en tant qu'amoureuse dans un couple, oui! J'ai toujours pensé que Blues était différent de moi pour plein de raisons. Mais pour ces choses là que tu décris, il me ressemble. C'est ce qui fait qu'on a pu traverser des émotions très variées et souvent très fortes. Mais bizarrement, ou plutôt, malgré cela, il est le seul qui m'apaise autant. Qui me fasse me sentir régulière et autant en sécurité. Je ne me sens pas très violemment amoureuse si ce dont tu parles est de passion. Je me sens très violemment heureuse auprès de lui, ça oui. Je me sens capable de vivre avec un mec comme lui à mes côtés. De vivre simplement, et longtemps. Et ça, c'est ce que je n'étais pas arrivée à trouver auprès de ses prédécesseurs. Tu sais, tu l'as lu, les je t'aime moi non plus, les suis moi je te fuis et autres jeux d'ambiguités essoufflants et jamais rassasiants. Qu'est-ce que j'ai pu souffrir de subir ce genre de choses alors que j'avais moi même choisi cette situation là. Je suis contente d'avoir pu comprendre cela, et d'avoir pu le mettre en pratique. C'est grace à ça qu'aujourd'hui, je peux être amoureuse de quelqu'un comme Blues.
Quatre mois, c'est encore tout jeune et tout frais. Tu me tiendras au courant de votre évolution hein, dis? C'est un musicien? (comme si c'était un critère obligatoire....)
On a tendance à oublier qu'être à deux, c'est un vrai plaisir. C'est vrai. L'écrire, ça nous l'enfonce un peu plus dans le crâne. C'est qu'on est pas très disciplinée nous les filles.
Je t'embrasse et j'espère qu'on pourra correspondre de temps à autre pendant encore de longues années.
J'aime mieux, aussi, parler d' "entente", de "rencontre" entre deux esprits qui vont trouver entre eux des "correspondances". Des endroits où l'on se correspond, et où l'on correspond, comme en s'envoyant de petites lettres l'un l'autre.
C'est créer ce truc sublime entre deux personnes : l'échange.
Et encore re-oui, lorsque tu dis que "le cadre idyllique c’est juste sa tronche de niais heureux en face de mon regard et puis voilà".
C'est exactement ça.