C'est un mini chagrin d'amour. On a finalement reussi a ne pas se rater. Mais c'etait pour se dire au revoir. Je vois pas comment ce ne seraient pas des adieux. Entre deux ascenseurs il m'a tendu un t-shirt jaune et vert Brazil. Il me raconte la petite anecdote de ce vetement qui lui appartient. J'trouve ca mignon qu'il m'ait donne un truc a lui, pour ne pas que je l'oublie, qu'il m'a sorti. Il s'est avance vers moi le coeur grand ouvert, alors comment ne pas se donner plein d'amour. On s'est serre dans les bras, puis il m'a serre dans ses bras et murmure un tas de phrases qui touchent l'ame. Je pensais bien qu'en faisant ce voyage je retrouverai des liens anciennement tisses avec de belles personnes. Je n'imaginais simplement pas qu'au Japon ce puisse etre avec un bresilien.

Va savoir comment, ca s'est fait le plus naturellement du monde. Des le premier soir dans cette salle internet, puis des le lendemain, partout, tout le temps, a chaque fois totalement surprise. On sait pas pourquoi on a tenu a se parler l'un l'autre. Il n'est pas specialement beau, nous ne sommes pas dans le meme groupe, il a le double de mon age et nous ne parlons pas la meme langue. Mais il a suffit d'echanger quelques mots pour comprendre. Nous etions tres proches. Nous etions amis. Avec surement un millier de points communs et la meme vision particuliere du monde. Il a une femme et trois enfants, et puis moi j'ai mon amour de Blues. Pourtant pourtant on etait lies, tisses l'un dans l'autre. Y'avait pas d'explication particuliere, c'etait dans son regard. L'impression de le connaitre, de l'avoir connu, d'avoir vecu, beaucoup vecu aupres des multiplicites de son etre. Quand il m'a serre dans ses bras, il a porte tous ces mots jusqu'a mon coeur, des mots si justes. Il les a dit avec ce ton de quelqu'un qui veillera toujours sur moi. Il a fait le sourire de quelqu'un qui n'attendait rien, de celui qui avait compris la ou je desirais vraiment aller, au fond de moi. Qui pense a mon bonheur. Alors ca m'a touche, je n'oublierai pas cette rencontre inopportune. Ses encouragements, cette vision qu'il m'a tendue et offert, comme un miroir embellisseur. Je me suis sentie enveloppee de sa bienveillance et ca m'a rendue jolie. Je suis touchee, oui, c'est le mot. Je ne saurais pas l'expliquer.

Ce soir, j'ai dit au revoir a un membre de ma famille. J'ai ete un peu decue, un peu frustree de n'avoir pas pu le connaitre davantage. Ce n'etait pas une erreur de parcours, j'en suis persuadee. Il devait etre la, dans ce meme hotel. Surement qu'un jour on s'est promis qu'on se reverrai. Et qu'on a un peu traine dans le temps. Vous savez, les decalages horaires, tout ca.
J'ai quand meme un petit noeud dans la gorge. La tentation de l'inceste. L'inacheve. Les pensees qui valdinguent.
Mais vraiment. Cet au revoir etait trop bouleversant pour oser transformer la rencontre en histoire ambigue.

Ce n'est qu'une question de sensations.