Ecrit le 26.09.09 à 01h00
Parfois quand j’y repense, c’est avec un soupçon de regrets. Au fond c’était comme une espèce de fantasme. Le fantasme du plan à trois, du triangle amoureux. Je me rappelle ces soirées d’été où l’on se baladait sur la rive main dans la main, une pour chacun. A se lancer des vannes à tour de rôle, des gestes affectueux. Je les avais pour moi, rien que pour moi. C’étaient des meilleurs amis et de parfaits opposés, je les aimais à ma manière. L’un plus que l’autre.

Fabulous, je l’aurai jamais sa vision de l’histoire. C’est pas un génie de malice ni de complexité, il n’empêche qu’il n’a jamais réellement dit ce qu’il ressent. C’était pas un j’étais là et puis voilà. J’en suis certaine. Parce qu’il n’est pas non plus du genre à convoiter les femmes des autres. Avec sa dégaine de mec classe qui frime un peu trop sur les bords, au fond de lui c’est le même que Blues. C’est le mec qui cherche l’amour et pas moins que ça. Qui ne tente pas l’à peu près. Qui fuit les propositions hasardeuses, les filles intéressées dans tous les sens du terme. Il a tellement peur de ne pas être aimé pour ce qu’il est. Alors qu’il a un cœur gros comme ça. Depuis que je le connais, il les a toutes repoussées. Ce mec si simple dans ses désirs, c’est avec la copine de son meilleur pote qu’il est allé le plus loin. Bien sur qu’il s’est senti mal. Paradoxalement, c’est peut-être la personne la plus loyale que je connaisse.

Il cache tellement bien son jeu.
Malgré tout, je sens qu’il n’est pas indifférent. Je le sentais lorsque l’on regardait la télé tous les deux, ma tête reposant sur ses jambes. Je le sentais lorsque l’on se faisait des confidences l’un contre l’autre dans le hamac. Je l’ai senti lorsque l’on arpentait seuls les métros de Paris. Lorsqu’il a déposé ses mains dans mon dos pour la première fois. C’est un réflexe malsain que celui de titiller la faiblesse des gens. Je ne pouvais pas m’en empêcher. J’avais besoin de savoir jusqu’où, où était la limite. Je l’ai su, je crois.
Mais il y aura toujours un doute.

J’aimerais un jour m’asseoir dans une de ces grandes salles avec plein de chaises et l’écouter jouer autour de tous ces gens qui auront payé leur place. Ecouter ce son si limpide qui sort de ses doigts, regarder cet homme et ses gestes englober la pièce, y voir un tout autre homme que celui qui s’endormait contre mon épaule dans la voiture en ratant le lever de soleil. J’aimerais pouvoir fêter avec lui sa réussite, à blaguer, s’embêter toute la nuit dans une grande chambre d’hôtel et faire des batailles de polochon, être complice de tout ce travail acharné qui lui vaut enfin sa récompense, j’aimerais l’accompagner lors de ces voyages là comme il me l’avait promis.
Enfin, c’était peut-être des mots en l’air.

Même si j’avais rencontré Fabulous avant de connaître Blues.
Il n’y aurait pas eu d’autres débuts d’histoires, ni d’autres fins. Je le sais.

Mais, même infime, il subsistera toujours un doute.