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6 minutes
--> Le temps de vivre

Ecrit le 31.08.10 à 03h20
Gênes c’est un peu Marseille en Italie. Son port, son étendue, son côté « je suis crade mais c’est parce que j’ai un certain standing à respecter » une certaine ambiance, une odeur salée mais pas celle de la plage, celle des marins en sueur.

En haut de la pinède avec vue sur les étoiles dans les yeux des lampadaires, vue sur la splendeur, j’avais cette impression familière d’être assise au bord d’une des collines des Trois Ponts, au milieu des baraques de chanceux et la nuit noire, le silence bercé par le chant des grillons, j’étais bien chez moi, persuadée d’avoir toujours habité à dix minutes à pied d’ici.

Et dire qu’il y avait à peine quelques heures c’étaient mes larmes qui dévalaient les quais de gare, la sensation récurrente d’être abandonnée par la vie et tous ces inconnus qui souhaitaient le rester. Je n’avais qu’un arrêt à faire dans ce train là. 6 minutes. Le contrôleur qui entre et commence à me parler en italien. « Francese
». Essayant vaguement de m’expliquer un truc incompréhensible pour mon cerveau qui n’a pas dormi de trois jours, à moitié en train de capituler il finit par me lancer un « où tu vas » en italien. « Ventimiglia », prononcez avec l’accent qui va avec. Je comprends qu’il veut m’indiquer que ce train où je suis montée est le seul de la soirée et que pour rentrer sur Vintimille ce ne sera pas avant demain. Je sais bien, j’ai raté le dernier départ à la gare de Milan, je me suis par défaut résolue à dormir à Genova Piazza Principe. Le bonhomme s’inquiète, la station d’où je viens était la plus sure pour se reposer, il serait préférable que je retourne sur mes pas et attende le premier train du matin là bas. 6 minutes. Les portes s’ouvrent, le contrôleur ferme son bouquin imprégné de petites annotations de marge, me demande de le suivre je ne sais pas très bien pourquoi, comme un petit toutou je fais des vas et viens derrière lui. Ma course s’arrête dans le wagon par lequel je suis précédemment descendue, je le vois discuter avec le conducteur dans sa cabine alors je m’assois sur une des banquettes et patiente pour je ne sais toujours pas quelle raison.

Le contrôleur passe devant moi, m’annonce « vous avez le train pour vous seule, c’est que vous devez être quelqu’un d’important ». Le paysage commence à avancer à travers la vitre et je comprends enfin. 6 minutes. Je suis revenue au point de départ. Sauf que je ne sais plus où aller.

Alors je le suis, rentre dans les locaux réservés aux employés, un monde étrange, un passage secret, des étages à monter, des boîtes aux lettres aux dizaines de noms fixées aux murs. Il s’appelle Paulo et il a oublié de vérifier mon billet qui n’était pas en règle.
« Tu veux plutôt aller manger une crêpe ou faire le tour de la ville en moto? »
Paulo a tout de suite su comment parler à mon cœur. Mais quand même, partir à 1h30 du matin sur la bécane du contrôleur de son train, il fallait le faire….au moins une fois dans sa vie.

Dans un monde parallèle j’aurais pu me faire violer dans un coin. Or ici, il était trop gentil pour tenter quoi que ce soit de déplacé et j’ai pu le remarquer plusieurs fois, les italiens de ce coin là n’insistent finalement pratiquement jamais.

Ainsi on se surprend à éprouver une once de regrets lorsque voyant la fatigue se lire sur nos bouches entrouvertes Paulo nous ramène aux portes de la gare. Il était mimi avec sa tête de gentil et ses paysages d’amoureux romantique, à surplomber la ville illuminée qu’il aime tant. Quand il m’a demandé si j’avais un copain j’ai répondu « un peu ». C’est juste que je ne voulais pas qu’il croie vainement que mon cœur était libre d’aimer à nouveau et d’en avoir envie. Les hommes et moi c’est terminé et depuis ce serait presque ce qui me serait arrivé de mieux, n’avoir à aimer personne en particulier.


Ecrit par Dine, le Lundi 24 Janvier 2011, 02:36 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

ryne
ryne
01-02-11 à 13:02

Tiens, une histoire que je ne connaissais pas à l'avance, ça devient rare, et ça fait très plaisir.

Tu sais, je pense que c'est bien, cette période de vide testosteronien. J'pensais que t'en arriverais pas à cette conclusion là, et puis si, te voilà toute seule avec toi, et c'est une très bonne chose parce que je peux te dire par experience que tu es une personne avec qui il ai bon d'être seule.

Tu manques à moi Fillote;

Quand est ce que tu viens?

 


 
MangakaDine
MangakaDine
01-02-11 à 17:47

Re:

Bon, pour 2011 je penserai à te ménager quelques surprises dans le récit oral du cours de ma vie comme ça t'auras ton suspense à la lecture! ;)

Oui, la solitude c'est bien aussi. Pleine de ressources.
Même si ça m'arrive pas souvent....

Si tu pensais que j'en arriverais pas à cette conclusion là, tu pensais que j'en arriverais à quelle conclusion?

Tu manques à moi, idem.
Je pensais à toi hier aprèm d'ailleurs, me disais que ça faisait longtemps que je n'étais pas montée.
Mais bon, le compromis du nouvel an était une bonne idée je trouve, on pourrait déjà se retrouver au milieu. Surtout que je ne tarderai surement pas à revenir.

T'embrasse Mamounette. <3