Ecrit le 22.10.09 à 02h40
J’étais partie pour me plaindre. Pour dire que j’étais en train de tout lâcher. Que je n’avais pied nulle part et de l’eau jusqu’au menton, des larmes qui coulent au visage et viennent se perdre dans cette mer de merde qui m’ensevelit. Mais en fait c’est pas de la merde. C’est de l’indécision, ou alors un excès de lucidité qui me montre les incohérences de ma vie et de comment je souhaite la mener.
Mais en fait. Je pars au Japon la semaine prochaine. Blues qui dort paisiblement à côté de moi et le chien entre. Pourquoi je me plains. T’enlève le n à plains ça fait plais. Plais, pas plaies. Faudrait que je me plaise plus souvent à défaut des autres.
Alors d’accord c’est franchement pas facile. Ca faisait un bail que t’avais pas pleuré de la sorte. C’est comme ça, quand on comprend les choses. Maintenant qu’on a compris on regrette de ne plus pouvoir faire semblant. Il y a des paradoxes et pas vraiment de compromis à faire. Je ne peux pas traîner mon cul à errer sans but, surtout quand j’en ai un. Mais la fac bordel, c’est une incohérence. Bien sur que ça me plait, que j’aime ce que j’apprends et avec qui je travaille. Ca me réinstalle dans une ambiance qui m’avait un peu manquée, les nouvelles rencontres, les discussions sur le chemin du retour, les retards répétés et les ambiguïtés des vieilles connaissances. Tout ça c’est grisant. Sauf que c’est plus moi.
Ca m’appartient plus désormais. Faudrait que je m’y fasse, chuis pas sure que ce soit le bon choix retourner dans ce machin. Le but de la manœuvre c’est quoi ? C’est justement de ne pas en avoir pendant un an supplémentaire ? C’est pas possible, j’ai trop glandé jusque là. J’ai l’impression d’être retournée à ma sortie de bac, lorsque j’ai réalisé que non, la couture et le stylisme c’était loin d’être toute ma vie et que j’avais rien à foutre là. Que j’ai pris mes clics et mes clacs pour me rapprocher de mon rêve, la musique. Maintenant que le choix s’est affiné et que j’ai aujourd’hui l’occasion de faire avancer mes chansons, faut pas que je revienne à la fac. Je me suis prise les phrases de ce prof en plein uppercut alors que ce sont les petits avertissements de base adressés à l’étudiant lambda. C’est vraiment ce que tu veux faire de ta vie, la recherche ? Te sens-tu prête à donner tout ton temps aux bouquins et devenir un rat de bibliothèque ?
Non, bien sur que non, puisque je suis là pour avoir la bourse.
Vous l’avez bien lue cette phrase du haut ? Pendant que je l’ai écrite elle m’a fait honte. Peut-être que c’est une pratique courante chez les étudiants. Moi j’arrive pas à me regarder en face. J’arrive pas à me lever et être heureuse de vivre dans une bulle confortable de brouillard routinier qui avance en rien ce pour quoi je suis faite. J’arrive pas à me dire, je perds mon temps mais c’est pour la bonne cause. Parce que la bonne cause c’est pas la même. C’est celle que je remets toujours au lendemain.
Je ne peux pas. Je ne peux pas perdre cette année là aussi. Je sens que c’est important. Que je dois tout lâcher. Lâcher et fermer les yeux. Et à ce moment là je pourrais enfin me rendre compte que j’avais déjà les deux pieds sur la terre ferme et qu’à présent les mains libres de toute attache, je pourrais enfin me diriger où bon me semble, sans contrainte.
Va quand même falloir taffer sec, mon ptit gars.