Ecrit le 24.12.09 à 11h55
C’était quoi ce cadeau de Noël, là.
J’ai fait un rêve. Me suis réveillée en sursaut ce matin, comme violemment reconnectée à la réalité, un court circuit dans mes neurones. Ah merde, c’est vrai, ça ressemble à ça la vraie vie.
C’était pourtant un rêve stupide. Je ne suis pas capable de me remémorer les détails avant un certain temps de sommeil mais le peu qui me vient à l’esprit était de l’absurdité en barre à la chaîne. Il n’empêche que ça m’avait l’air très réel sur la fin. Je participais à un festival qui se déroulait en une journée, un marathon musical, les gens suivaient selon un parcours chaque groupe qui se produisait dans un lieu différent, extérieur ou intérieur, convenu ou incongru, lors d’une chanson unique. J’étais la choriste dans un groupe pop rock electro. Ouais, bizarre. Bref, ma prestation passée, hop, le public se hâte de se déplacer pour le prochain concert, je les suis, traverse des rues emplies de magasins et restaurants ouverts pour l’occasion. Je passe devant un fast food asiatique et là, je plisse les yeux, je crois reconnaître Maro travailler là bas, il nettoie les tables et ramasse les assiettes, je continue mon chemin en me disant que j’ai dû halluciner. Les gens arrêtent leur course dans un irish pub, non loin de là. Le concert ne commence pas avant un moment alors j’attends là, dehors, à respirer l’air de la ville. Et il me prend le bras.
C’était effectivement lui. Il était aussi étonné que moi de me retrouver ici. On se demande ce qu’on fout là tous les deux, de notre vie. Et puis Maro prend un temps de silence. Il m’attrape, il en a besoin pour me dire ce truc important qui le titille. Lorsqu’enfin il se lance, il me parle dans des termes qui n’existent pas sur un quelconque dictionnaire mais que je saisis au plus profond de mon âme. Je serais incapable de les retranscrire à l’identique aujourd’hui mais il y avait deux mots bien distincts qui s’opposaient plus ou moins. Dans leur signification, ça sonnait un peu comme. "Ne crois pas que tu aies été la seule à être affectée". A subir l’amour, à être touché au point de ne plus savoir comment réagir, à en perdre les mots, à souffrir de mal faire, ou de ne pas savoir, à regretter, à te sentir petit, à croire que c’était toi celui qui se faisait avoir, celui qui était faible, dépendant du sentiment. Le mot que Maro a employé, il voulait signifier tout ça. La syntaxe, lorsqu’il a répété s’est transformée en "Ne crois pas que tu aies été Ceci et moi Cela" en remplaçant les termes manquants par des adjectifs d’un autre langage.
Je crois que je n’ai rien pu répondre. Il a saisi mes épaules, ou mes joues, enfin c’étaient des gestes très proches et puissants, il m’a rapprochée de son visage. Et là il m’a regardée. D’une manière incroyablement pénétrante. Il a rentré ses yeux dans les miens et lorsqu’ils se sont illuminés de malice il m’a électrifiée. C’était bien l’homme que j’avais connu. C’étaient ses yeux dans son entière profondeur, comme je n’avais jamais pu les sentir par le passé. Comme je n’y avais jamais eu droit. Il m’a transmis son amour par flots et vagues géantes tout en s’approchant de mon visage, jusqu’à ce que je ne puisse voir autre chose que sa pupille dans mon champ d’horizon. Là, ses yeux m’ont souri d’une immense joie, et je le lui ai rendu. C’était atypique, je crois n’avoir jamais regardé quelqu’un de cette manière. On a été tellement émus par l’échange qu’on a ensuite fondu en larmes dans les bras l’un de l’autre.
La suite du rêve est ce qu’elle est. Je me suis demandé pourquoi il tenait à me dire cela, et s’il savait des choses. S’il avait lu mon Joueb (click !), ou la lettre que j’avais finalement récupérée (click !). C’était pratiquement impossible que ça puisse arriver. Notre conversation n’a pas pu se terminer, sa patronne l’a ramené au travail et Blues m’a ramenée à l’ordre. J’ai voulu le chercher plus tard pour lui poser la question mais il était déjà le matin et mes questions n’ont pu que rester en suspend.
C’est une fin étrange. Je pensais qu’elle avait déjà été écrite il y a bien longtemps.