Je ne mange plus, je ne dors plus, j'ai juste un creux au ventre, là, à la place de ce quelque chose qui aurait pu me remplir. Je suis fatiguée, vidée de tout, de courage et d'espoir, incertaine au possible. Personne qui décroche. Quelqu'un dont je meurs d'envie d'appeler, et un autre sans téléphone exilé loin qui m'envoie des lettres et sa figure en guise de timbre poste. Je me sens trop jeune, pas capable. Les gens autour de moi ne font que m'ouvrir des portes mais moi je voudrais que l'on me prenne par la main, qu'on me force à pousser le pas. Elles sont tellement lourdes de sens les enjambées et je ne désire pas faire une erreur de plus.

C'est bien beau les rencontres du destin. Sauf qu'on en connait pas la couleur, les nuances et surtout la luminosité. C'est trop, trop à la fois pour ma gueule. Vraiment trop puissant ça me disperse me déchire me creuse le plexus solaire je me sens transpersée par la fureur et la déprime que j'en pleure chaque minute inhérente à chaque heure indissociable aux jours depuis que le temps se fissure, depuis que le présent à changé en un truc incroyable mais dur. Lourd. Pesant sur mes épaules les choix à faire et s'y tenir. Je me décompose au fur et à mesure, depuis combien de temps n'avais-je pas frôlé la folie, les émotions tangentes et grotesques, je ne sais plus où est le vrai ni où est la décision, alors de là à savoir si elle est bonne on est dans un tout autre état.  Ils me rendent malade. Je palis à vue d'oeil. Je n'ose même plus me présenter à quelqu'un de peur qu'il me découvre, je n'ose même plus rentrer chez moi de peur qu'ils me découvrent aussi. Au final je suis nue et en pleine misère mais personne ne se rend vraiment compte à quel point je peux faire pitié.

Ils me manquent. Je me sens manquée. J'ai tout foutu en l'air et ça n'est retombé au sol que pour se briser davantage. Il y avait deux directions et pourtant moi j'ai choisi le mur. Pile entre les deux, de quoi s'écraser contre quelque chose et s'enfoncer les idées dans le crâne. Quelles idées. Des sensations venues du surnaturel. Ca n'aide pas à penser avec discernement du tout, ça. C'est juste magique et destructeur, bien plus que chacun ne peut supporter. Tu m'as foutu en vrac qu'il m'a dit. Ca a libéré beaucoup de choses. Sauf que moi je suis scellée depuis longtemps, rouillée par l'amertume et le manque de confiance en ceux pour qui je sers, forcément ça se ressent, forcément si tu veux pénétrer les barrières tu t'en prends plein la tronche et tu te fais mal tout seul à vouloir brusquer le timing propice, mais moi dans tout ça, je te vois juste t'éloigner et renoncer à faire de moi quelqu'un de plus fort, je te vois m'abandonner à ces humeurs incontrolables, ces agressions invisibles me laissant la tendresse dans les bras alors que je ne voulais la donner à personne d'autre. Tu me fais regretter ma motivation héroïque, mes coups de balai sur le quotidien. Je l'aimais moi mon quotidien. Pourtant j'ai fait le choix de me prendre des claques et des revers alors respecte au moins ça bordel, je suis faillible, j'ai envie de me relever, de me sortir de là mais ne me demande pas en plus de le faire avec brio, c'est trop, trop tout de suite, trop de tout ou rien, je ne peux pas jongler avec les évènements faudrait déjà que je tienne debout sur mes jambes et à peu près droit. Après on verra.

Après on verra.