Ecrit le 06.02.10 à 12h35
La veille je rêvais d’une ancienne civilisation implantée sur des bateaux de bois flottants, un peu comme des pilotis, il y avait des cathédrales aux mille couleurs étincelantes à la lumière et des pyramides petit format aussi. Pour aller d’une rue à une autre, les bateaux se rejoignaient et l’on enjambait les deux bords. Pas très loin, il y avait le sable de la côte qui nous rappelait à quel point ici il faisait chaud, puis une pseudo histoire d’Histoire du serial killer avec vieilles bandes vidéos à l’appui montrant des proclamés scientifiques balançant tout un tas de thèses sur la psychologie humaine. De chaque côté de mes épaules, deux personnages, l’un blond sautillant, pirate, tueur et fuyant, l’autre brun, ténébreux, courageux, pirate et justicier qui tantôt venaient tantôt s’en allaient, m’aidant dans mes diverses péripéties. Ils avaient chacun des noms mais peut-être ne s’étaient-ils jamais présentés à moi. L’un poursuivait le tueur, l’autre était poursuivi. Moi, j’étais je sais pas quoi dans le schéma, peut-être traquais-je les bandits, peut-être étais-je juste une visiteuse, une touriste émerveillée par les énigmes et les courses poursuites. Sur la berge, les pieds enfouis dans le sable, je suivais le groupe dont avait une nouvelle fois échappé ce pirate sautillant, je me mêlais au jeu, questionnais l’équipe, à savoir où était le justicier et s’il lui avait couru après lorsque une des filles du groupe me pointe du doigt en m’accusant « C’est bon toi, on sait ! celui qui te manque c’est le blond, le blond, le BLOND ! »
Je me suis réveillée sur ces mots, totalement dégoutée du manque d’originalité de mes significations intérieures. Celui qui me manque, c’est le Blond. Pardi, j’aurais pas pu deviner toute seule. Un an que j’ai aucune nouvelle. Je sais juste par un autre qu’il s’est fiancé. Du coup, cette nuit je rêve de son mariage. Alors j’aimerais lui parler une dernière fois. Une dernière fois, revoir son sourire, se faire des vannes, s’expliquer avec un air sérieux et s’avouer les pensées invaincues. Mais impossible, je le rate toujours, je sais qu’il est là mais l’on ne se croise jamais, même si j’essaie, même si je tente le tout pour le tout. Je regarde par la fenêtre de la salle de bain, il pleut à verses. Comme c’est triste. Mais lorsque je regarde par la fenêtre de la cuisine, il y a des nuages qui s’en vont et puis du ciel bleu. Je me dis que si ça se découvre, j’aimerais bien aller voir la mer, histoire d’aller mieux. J’embarque Blues s’échouer près des rochers et je respire enfin mon sel marin. Ca fait du bien. Je le regarde, ce brun, cet énergumène si attachant et je me dis que je suis con, c’est avec lui et pas un autre. Que le bonheur il est dans ses yeux, dans sa bouche. Alors je l’embrasse. Encore. Je lui dévore les joues. On m’interpelle. C’est Blond sur les mêmes rochers. Je lui dis - « Qu’est-ce que tu fais là ? » il me dit - « Je me marie. ». Il y a toute sa famille et celle de sa conjointe réunie près de la mer, ils ont l’air de célébrer sommairement et modestement. Je prends Blond en aparté quelques secondes parce que j’ai trop de choses sur le cœur et qu’il faut que ça sorte. Mais je n’y arrive pas. A la place, je lui demande si ça va, s’il est heureux comme il est. On s’éloigne un peu pour parler et se balader entre les rochers. - « Tu as vu ma compagne ? », - « Ouais, je l’ai vue. Et toi ? », - « Oui, je l’ai vu aussi. », - « T’en penses quoi ? », - « Eh bien, je sais pas. Il a l’air cool. Tu l’aimes ? », - « Si je l’aime ? Oui, ce doit être de l’amour. Maintenant est-ce que c’est suffisant pour que ce soit lui, l’homme avec qui j’aimerais finir mes jours un peu comme toi et ta femme, je ne sais pas encore. ». Blond sourit. Je jette un coup d’œil à l’assemblée, les parents de la mariée me jettent des regards noirs vociférant « rends-nous notre beau-fils ! » alors réaction tout a fait logique dans un rêve, Blond et moi décidons de continuer à discuter ailleurs, abandonnant son mariage et Blues, par la même occasion. Il y a eu d’autres détails aussi, dont je ne me souviens plus très bien. A la fin. On réatterrit chez moi, entre deux lumières, celle de la salle de bain et celle de la cuisine. On échange là, assis dans le couloir, on se confie, on se dit enfin les choses, je me serre contre lui parce que ce sera surement la dernière fois, il se marie et moi je n’ai que ce moment là pour profiter de ses secrets et de sa présence. Accrochés l’un à l’autre on se fixe, puis on s’embrasse, puis on se fixe. Après tout tant pis, qui ça regarde, demain nous aurons changé de direction, demain nous aurons déjà oublié nous deux. Enfin, lui. Les larmes sont au bord de mes yeux. Je me lance, ultime tentative, - « S’il te plait, je veux juste savoir, est-ce qu’on m’a aimé ? Est-ce qu’on a eu des sentiments pour moi, au moins une fois ? », - « Lui il t’aime, Dine. Celui qui reste avec toi, il t’aime. », - « Oui. C’est vrai. ». Il me parle de Blues. Je le serre plus fort. « Et toi, des sentiments pour moi, tu en as ? N’importe lesquels, je veux juste savoir, que tu me dises. ». Blond me serre aussi. - « Oui, Dine, j’en ai. » Puis il se tait.
« Je t’aime. ». « Je t’aime. » qu’il me dit.
Et mes yeux s’ouvrent sur le néant.
Finalement, écrire ses rêves, c’est encore plus honteux qu’écrire ce que l’on ressent. Surtout lorsque ça tourne autour d’une seule et même réflexion. Plutôt désagréable, ce genre de songes qui me dictent avec arrogance une évidence niée. C’est comme ça que tu ressens, point. C’est comme ça que va ton cœur. Mon cœur ne va nulle part si ce n’est vers Blues. Mais qui dois-je convaincre ? Mon subconscient ? C’est inutile, il ne m’écoute pas. Ou est-ce le contraire.
Et si je n’arrivais plus à me convaincre ? Mais alors, qui est-ce qui m’a mis le doute ? Blond ? Bien sur que non, Blond est parti. Blond n’existe pas. Non. Ce sont ces maudits rêves. Ces maudits alliés de la pensée profonde et de la voix de la raison. M’en tape, vous comprenez. J’en ai rien à cirer. J’aime qui je veux et quand je veux. Personne n’a rien à me souffler et personne n’en a le droit. C’est ma vie. C’est mon bonheur. C’est…
Mes craintes.
Et ne toujours pas savoir ce qu’est l’amour et si c’en est.
Et devoir tout recommencer.
Commentaires :
Re:
Argh, fausse manip, j'ai effacé tout mon commentaire!
LES BOULES.
Je disais donc.
Absurde et limpide, je trouve cette description assez exacte dans la justesse.
J'ai l'impression parfois que les rêves veulent nous parler, ou même, qu'ils y arrivent. Le genre de questions à la "mais qu'est-ce que tu veux en fait, pauvre idiote?" ce sont eux qui te la posent. Et toi, le matin, tu ne fais qu'essayer d'y répondre, quotidiennement. C'est un espèce de dialogue. Tu leur réponds dans la journée, ils surrenchérissent la nuit. Un duel acharné pour s'entendre.
Cette nuit, je rêvais que je courais. Puis d'un coup je me suis rendue compte, j'avais beaucoup plus de facilités à courir qu'avant, à cause de mon coeur. C'est comme s'il avait commencé à se remuscler, j'ai pensé que j'avais fait des progrès. J'étais en train de courir vers quelqu'un.
Des bises à la blonde.
LiliLou
J'ai lu au début comme si c'était du vécu et compris ensuite que c'était rêvé. C'est étrange comme ça peut être à la fois absurde et limpide.
Mes rêves aussi parfois me font réfléchir, ou me regarder bêtement dans le miroir avec cette question au bord des lèvres "mais qu'est ce que tu veux en fait, pauvre idiote?"
bref toujours cette question du ou va t'on et vers qui, puis, avec qui...