Ecrit le 06.02.10 à 23h30
Je voudrais savoir s’il y a quelque chose qui cloche. Ce que j’attends. L’amour, l’amour, l’amour, ça mène à quoi. A quoi ça ressemble. Je pensais que c’était ça.
La simplicité.
Je suis bien pourtant. Je n’ai besoin de rien. Je me sens comme un embryon au creux de ses bras. Je ne pense à personne et n’ai pas envie de me faire jolie pour quelqu’un d’autre. Chaque soir quand vient le noir on s’endort l’un contre l’autre et même qu’on sait plus ce que ça fait ne pas être collés, juxtaposés, imbriqués, emmitouflés. On est ensemble. Ca pourrait se résumer à ça mais. Est-ce que c’est suffisant ?
Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? Cette fois-ci, qu’est-ce qui ne va pas ?
Pourquoi tous ces rêves ? Pourquoi je n’écris plus ce que ça me fait, le bonheur, ce que ça me fait, ressentir. Ce n’est pas que je ne ressens rien ni que je ne suis pas heureuse. Oh que non. Mais alors, qu’est-ce que c’est ? Vais-je me comprendre à la fin ?
Je me fatigue.
Ne pas être satisfaite, comme ça, alors que j’ai tout. Ca m’agace. Ca me fait m’identifier à ces jeunes chiantissimes pourris gâtés qui me répugnent et que je répugne. Ne pas saisir la joie d’être juste là, à sa place. Quelle est ma place. Pourquoi est-ce que je ne me sens pas comblée alors que je ne demande rien de plus que ce qu’il m’offre déjà. Je suis bien, là. Mais est-ce suffisant pour les années à venir. Le jeu m’ennuie. M’essouffle et ne me surprend jamais. Je préfère construire. Mais je ne sais pas. Pourquoi je n’y arrive pas.
J’veux pas vivre d’histoires sensationnelles. C’est rébarbatif, éphémère, sans promesse. Ces mots là pourraient être attrayants pour certains. J’ai pas envie de m’offrir un cahier de conquêtes et de jours plein d’artifices sans lendemains. J’ai envie de les continuer, moi, les histoires. Pour le reste j’ai l’imagination assez fertile. Et des millions d’étincelles à balancer à la pupille des gens. Faut pas que je me perde. Faut que je crée. Si seulement je savais utiliser le temps décemment au lieu de le gaspiller. Je me trouve des excuses. C’est pas que j’aime pas les bonnes personnes. C’est que je n’aime plus. Sentiment de déjà vu. Comme si ça revenait chaque année. Chaque année se sentir vide le temps d’un hiver. C’est peut-être la saison qui m’aime pas. Ou alors c’est pour mieux rebondir. Refleurir.
J’ai peur tu sais. J’ai peur de pas savoir. Faire avec ce que j’ai, être telle que je suis. Etre honnête. Si je ne suis pas honnête avec moi-même je ne me comprendrai jamais. Ce sera comme une boucle cauchemardesque et infinie. A revivre sans cesse les mêmes hivers. Froids, glacials, indolores, indifférents. Creux de l’intérieur. A laisser l’automne derrière moi, les souvenirs peu à peu se dessécher, se détacher, s’écraser contre le sol, les premiers émois. Est-ce qu’on peut ressentir deux fois un premier émoi pour la même personne ? C’est cela qui est triste. C’est peut-être ce que je n’accepte pas au fond de moi. La transformation. L’amour ça mène à quoi. Je me suis toujours posée la question sans jamais avoir le courage d’attendre la réponse. Je me suis laissé geler par l’hiver, j’ai fait crever mes espoirs sous terre et n’ai fait germer que mes doutes, ensevelie par le blanc immaculé de la neige qui recouvre tout, tout, tout jusqu’à étouffer la dernière flamme. C’est comme ça à chaque fois sans distinction. Comme si je n’avais pas l’intention de me débattre. Ma terre est incultivable. Irrécupérable. C’est le manque de courage qui la pousse à réitérer les mêmes erreurs. Elle ne pousse pas, elle se laisse pousser. Pas vers le haut, sur le côté. Sur le côté. Jusqu’à sortir du cadre. Ne plus exister. Un peu plus à chaque hiver.
Je ne veux pas finir comme ça.