Je me suis assise sur les marches, à la sortie du métro. J'ai posé ma sandale sur un gros chewing-gum pêgueux. Quinze minutes. Dix huit heures quinze minutes. Je commençais à m'inquiéter surtout que Rooky m'avait dit que de toutes façons, il serait là avant moi, vu que son grand pote Rambo habitait à deux pas d'ici.
Je les ai vu arriver de loin tous les deux. Son copain le faisait deux fois en taille, grand, baraque, blond queue de cheval, les yeux bleus glacés, l'allure nordique....tout ce que Rooky n'était pas, en somme. Et puis lui, avec sa chemise british à rayures ordonnées, qui ne collait pas du tout à son caractère. J'aimais contempler ce tableau peu orthodoxe, ces deux êtres radicalement opposés qui se dirigeaient vers un même but, une même direction. Je me suis précipitée vers Rooky, lui ai tendu les bras, et l'ai sermonné. Il m'avait fait tout un flan pour que j'arrive à l'heure et c'est finalement lui qui était en retard. Je fais la bise à son pote qui de près, me parait très jeune....mais il doit avoir mon age. Son frère joue aussi ce soir, dans un autre groupe que celui de Maro. Il a eu l'occasion de le rencontrer, quelques fois. Le monde est vraiment petit.
Nous nous dirigeons chez ce grand blond dadais, il habite en sous sol, à côté des poubelles, ça me fait marrer. C'est vraiment très petit, et je me demande bien comment ils peuvent squatter ici toute la journée...Rambo branche sa guitare sur son nouvel ampli, m'en met plein les oreilles, je m'amuse à chanter avec lui sur M, rien à ajouter, il a vraiment un bon feeling avec sa gratte. Avec Rooky, ils ne parlent qu'en termes techniques, qu'en marque de fabrique et numéro de série, la lecture ici se fait avec des magazines qui vendent du matoss musical, les posters collés aux murs représentent la guitare de ses rêves et moi, j'ai l'impression d'être dans une autre dimension...
Heureusement que Rooky est là pour me faire des câlins, sinon je m'ennuierai ferme. Non, en fait ce n'était pas de l'ennui, mais de l'impatience. J'avais du mal à attendre que le temps veuille bien défiler....et me rapprocher de ces instants où je chanterai avec Maro ses chansons que je connaissais par cœur, lui sur la scène et moi dans la salle. Rooky le sait, Rooky sait qu'il fut une époque, je n'avais d'yeux que pour cet homme. Ce qu'il ne sait pas, c'est que rien n'a vraiment changé aujourd'hui. Enfin si un peu quand même.
Je suis bien, à présent, dans ses bras. J'ai confiance, un peu...il est si attachant...
Le petit problème de fin d'après midi, c'est que je voulais capricieusement que ces heures passent, pour enfin mettre les voiles jusqu'au concert, mais qu'en même temps il n'y avait aucune voile de disponible pour nous y emmener. Tout étais incertain. Le lieu de la fête, l'horaire de la fête, les gens à la fête.....alors de là à se préoccuper du moyen de nous y conduire....
20h à nos montres, je commençais à sérieusement péter un câble, surtout que personne n'était joignable. Alors, en femme forte que je suis (mouahaha), je me suis levée du canapé et ai annoncé à la clique des deux paumés:
-"Je file chez Poubelle pour nous trouver de la place dans les voitures, je vous rappelle arrivée là-bas."
Comme je n'ai pas de portable, j'emprunte celui de Rooky. En partant, je lui fais pleins de gros poutous. Mais ça ne change pas de d'habitude, on se fait des poutous à longueur de journée.....
Hop, direction la maison folle à lier. A la sortie du métro, je marche d'un pas vif et affirmé. J'ai hâte d'y être. Puis je plisse les yeux. Crois reconnaître au loin quelques silhouettes familières. Mince je me mets à courir, mon pantalon tombe, et je suis en sandales. J'arrive pile à temps, parviens à bloquer la portière de la voiture avant qu'elle ne se referme :
-" Oh Dine, tu te gaves, quel timing! Il restait juste une place pour toi!" me lance Poubelle, réjouie de m'apercevoir, m'incrustant comme une marguerite dans un bouquet d'églantine.
Je reprends mon souffle afin de pouvoir enchaîner ma question :
-" Il ne reste qu'une place....parmi toutes les voitures disponibles?"
-" Bah oui! Dépêche toi de monter qu'on est en retard, tu as vraiment de la chance qu'on ne soit pas encore partis!"
De la chance.....hum. Je n'appellerai pas ça comme ça...
J'explique le topo à tout le monde. C'est pas une place mais trois qu'il me faut, et les autres m'attendent, comptent sur moi. On me dit alors que je n'ai pas trop le temps de réfléchir à cela, les états d'âme, ça sera pour après, en attendant, il faut filer! Je retiens toujours la portière de la tutu en otage, et tapote sur le portable de Rooky, lui fait part de la situation, et désemparée, lui lance avec déchirement et pré-remords :
-" Qu'est-ce que je fais...?"
Je n'obtins pas de véritable réponse. Poubelle me rappelle une dernière fois à l'ordre. C'est maintenant ou jamais.
C'est Maro ou Rooky.
à suivre...
Commentaires :
Mmm, je dirais comme Ryne, tu y es allée, avec Rooky dans la tête, et puis, peut-être que celui-ci s'est débrouillé pour te retrouver là-bas (ou se retrouver là-bas, hum) par ses propres moyens... ;)
La suit-euh!!
Bon... je réponds pour les trois à la fois.
Oui je suis sadique. J'aime ça, faire languir les gens. Mais je préfère de loin le sadisme mental.
Alors, Rooky ou Maro? La voix de la raison va-t-elle se prononcer? Vous faîtes déjà des pronostics, c'est bien. Lol. En fait, si j'ai écris un épisode à suivre, c'est tout simplement parce que je n'ai pas fini d'écrire la suite (ouais je sais, je suis pas productive...), mais il y a tellement de petites choses à raconter, je ne veux passer à côté d'aucun souvenir, aussi infime qu'il soit. Alors bon, je me dépêche, promis! Ca serait magique d'arriver à terminé aujourd'hui....mais ça fait longtemps que je ne crois plus aux miracles.....(même pas vrai en plus).
La saga Rooky VS Maro....hu hu....
....prochainement.
ryne