Ecrit le 04.03.10 à 16h55
En ce moment, je regarde au moins une fois par jour un épisode de Knock Knock Loving You, un drama Tawaïnais. Oui, le titre est déjà risible, alors le contenu…. Mais c’est ce que j’aime, les histoires d’amour risibles. Elles me ressemblent. Je me disais, j’aurais pu être comme l’un d’eux, qui en est déjà à sa 38e demande en mariage, s’évertuer à se faire repousser par la même personne, inlassablement, en croyant qu’à force, il y parviendrait bien, à ce qu’elle tombe amoureuse de lui. J’en suis persuadée. J’aurais pu être comme lui.
J’aurais surement fait autant de tentatives. Je l’aurais séduit de toutes les façons, et si ça n’avait pas marché, j’aurais été son amie. J’aurais été près de lui, pour veiller à son bonheur, pour à chaque faiblesse lui rappeler, tu sais, je suis toujours là, ma motivation n’a jamais changé. Persuadée qu’à force il n’aurait pu que m’aimer, sans alternative. Parce qu’il aurait vu, années après années, mon appui, mon soutien, ma présence, mon dévouement, il aurait vu que ce n’était ni un caprice ni une passade, je l’aurais poli avec le temps, eu sur la durée et dans l’imprévisibilité des évènements pour lui j’aurais été sa constante. J’aurais vécu pour le convaincre. Pour le vaincre. Et à chaque pas, mon but, ma motivation, le bonheur d’avancer, de se renouveler, de penser tiens, et si cette fois-ci j’essayais cette méthode là, cet angle, ce point de vue ? Encore, le surprendre. Je ne me serais jamais lassée. Je l’aurais aimé jusque dans ses refus, je l’aurais aimé, chaque jour un peu plus. Je pourrais, mais entre temps j’ai compris des choses.
Il y a ce dernier épisode d’aujourd’hui où ils passent une nuit d’ivresse en se demandant le lendemain si c’était un rêve ou s’il fallait faire semblant qu’il n’y avait rien eu, s’il fallait faire comme s’ils étaient plus bourrés qu’attirés et rire de la mésaventure. Sauf que le gars le lendemain il assume jusqu’à lui demander sa main (ouais, ils aiment bien les mariages à Taiwan) même si c’est fou, idiot et insensé et qu’il tend la joue pour se faire gifler au fond moi je l’envie. J’aurais bien aimé pouvoir lui préparer le petit déjeuner, lui montrer ma tendresse, lui confirmer que je n’ai jamais douté d’un nous et que tout l’alcool du monde m’aurait mené au même point au même désir à la même envie celle de l’attendre, le laisser réfléchir et ressentir et puis non finalement tant pis j’ai assez réfléchi pour deux et si pour lui cette soirée avait été une défaillance, une erreur dans le parcours pour moi elle était le point d’ancrage, elle était ce qui me donnait envie de me lever le matin et de lui dire à nouveau, je t’aime, peu m’importe. Peu m’importe toi. Je vois bien dans tes yeux que tu ne comprends pas d’où provient cette hardiesse et où a-t-elle commencé, moi je sais. Moi je sais ça suffit à attendre que tu t’égares et que tu reviennes. Je te ferai des petits déjeuner jusqu’à ce qu’ils te donnent la bonne humeur, jusqu’à ce qu’ils te fassent part de la nouvelle, il y a quelqu’un qui est là et qui veille à te rendre heureux mais chut ne le dis à personne.
J’aurais tellement aimé faire tout cela. Mais c’est moi qui me suis levée seule. C’est moi qui me suis contentée de sourire au lieu des mots, qui n’ait même pas osé le serrer dans mes bras lorsqu’il dormait, si loin déjà, c’est moi qui n’ait pas bu et qui était consciente de son manque d’envie or c’est lui qui m’a rectifiée. Ce n’était pas l’envie, c’étaient les sentiments. C’était l’amour qui manquait, c’est tout. Je le savais, je n’avais pas le droit d’être heureuse d’une nuit comme celle là, même si j’ai pris tout ce que je pouvais voire bien plus. Il fallait au moins qu’il soit tendre. J’avais quand même espoir d’être la première, l’unique de quelque chose, au moins pour un truc, un geste dans sa vie, parce qu’au fond je m’étais déjà résignée. Je crois que j’ai réussi. Et puis, je serai toujours celle avant l’amour et la bague. Made in France.
Vous savez quoi ? Je suis le profil type récurent du protagoniste qui insiste, qui se met en travers du chemin, qui innove par amour même s’il n’a aucune chance, jusqu’à faire flancher l’autre, mais pas assez pour le détourner du personnage principal. Il faut toujours un rival dans une histoire d’amour, c’est une question de géométrie équitable, de triangle. Un gars un peu drôle, un peu insupportable, un challenger. C’est celui qui devant la profondeur des sentiments de sa princesse laisse la part belle au prince charmant, ouais, celui qui se fait piquer le trône à deux marches du siège et à qui on dit merci pour leur avoir fait ouvrir les yeux sur leur amour réciproque. Combien de fois.
Je pourrais être celui là mais entre temps j’ai compris des choses. Des trucs que tu saisis après avoir digéré les faire-part de mariage, que sais-je. Je ne peux pas semer partout le bonheur sur les gens. Certains le fond bien mieux que moi. Et même si j’aurais voulu être celle qui le rend heureux, sous mes yeux j’ai le même résultat sauf que j’y suis pour rien. Ce n’est qu’un détail probablement. Mais c’était réellement ce que je voulais. Qu’il soit bien. C’était un désir plus fort que celui de rester à ses côtés. C’est peut-être ce que se disent ces putains de seconds rôles miteux pour se consoler. Qu’au fond, ça revient au même, que c’était ce qu’ils voulaient y’a que le processus qui change. Peut-être qu’ils y pensent encore après la fin du générique. Qu’ils se demandent ce qui a bien pu merder et à quel moment dans l’histoire. Ou éventuellement, que c’était mieux comme ça. Que si ça n’a pu se faire, c’est que c’était pas la bonne et qu’après tout ils le méritent, leur navet à l’eau de rose en tant que personnage principal.
D’ailleurs moi aussi.
Commentaires :
Re:
Merci. Je vais bien. Je vais même mieux en fait. J'espère que petit à petit je pourrai retrouver un sourire sincère et constant dans la durée, en attendant je suis en convalescence. Mais ça se passe bien, ne t'en fais pas.
Bon et j'espre que tu vas nous raconter ton séjour à Lille, je veux des news!
Je t'embrasse. <3
aphone