Ecrit le 31.03.10 à 00h25
J'ai fait une rencontre. C'est la deuxième fois que je l'écris. La première fois, tout s'est effacé lorsque j'ai cliqué sur envoyer. Permission refusée qu'y'avait marqué. Oui, ce doit être ça. Exactement ça même. Permission refusée.
J'ai pas le cœur à reformuler, fais chier bordel. J'ai fait cette rencontre qu'il ne fallait pas faire, c'était comme un sale accident qui nous laisse cloué à perpétuité dans une putain de chaise roulante à se dire "ce sera jamais plus pareil". Ce sera pas comme on se l'était imaginé, les espoirs, les trames, les plans sur la comète et les projets d'avenir. La vision change elle est meurtrie par ce truc qui chamboule, rase le terrain dans son intégralité. Je me rappelle tous les détails et les interactions, précisément, c'est ça qui est dingue, c'est si net en ma mémoire comme si elle se devait de l'inscrire à l'avance. Je me rappelle ce type qu'on me présente de loin, je m'en rappelle très bien même s'il me connaissait pas à l'époque. Sauf qu'en fait il me connaissait. Il avait fait ce rêve il y a déjà cinq mois de ça.
Je me souviens aussi de ces soirées et le mal être qui accaparait mon sourire, une espèce de fourche en ferraille plantée dans ma poitrine puis un vide soudain. De la mélancolie. C'est qu'à l'époque je n'avais pas encore conscience de l'impact physique et tout ce que cela impliquait. La première fois que l'on s'est abordé c'était pour s'échanger nos numéros, avant même de se dire bonsoir ou de se donner des prénoms. Il y avait beaucoup de bruit et je ne sais pas pourquoi j'avais autant insisté à aller à cette fête, faire semblant d'aimer ça alors qu'en fait je détesterais presque bref, j'ai pas l'habitude de demander le numéro de quelqu'un, encore moins de l'appeler mais là c'était une circonstance pratique et professionnelle, il fallait absolument que je puisse joindre quelqu'un qui était proche de lui. En lui expliquant ce genre de choses et d'autres et m'apprêtant à décoller pour rentrer chez moi, c'est là qu'il m'a serré dans ses bras. Pause. On s'est alors regardés interloqués pendant quelques secondes, puis on s'est serrés dans les bras une seconde fois. Vous savez, pour mesurer l'impact physique. Il était tellement, tellement différent lors de ce moment que je n'ai pas tout de suite réalisé que c'était la même personne, celle qui enlevait le feu et que j'avais violemment haïe quelques heures plus tôt.
Puis il y a eu le rendez vous improvisé sur la pelouse du rond point, sous l'arbre en forme d'ananas géant on a parlé de ces choses que l'on ne peut pas trop ébruiter aux voisins. A chaque fois il disait, si je te dis ça comme ça tu vas me prendre pour un fou alors qu'en fait, j'étais juste parfaitement d'accord avec lui. Il y aurait bien eu d'autres passages en guise de suite, pour beaucoup insignifiants. De plus en plus je me sentais mal, au milieu des soirées, le grand trou noir des émotions, incapable d'avaler la pilule, je pensais à lui, le regard tourné vers ses déplacements et ce profond désespoir qui m'envahissait, d'une manière si bizarre, c'était dans mon corps, c'était celui là qui voulait s'exprimer à travers les douleurs et l'humeur, c'était la tristesse d'avoir envie de quelqu'un sans même savoir pourquoi. C'est quand il a pris ma main pour m'emmener danser que j'ai réellement compris, je me sens bouleversée c'est à cause de lui, à me casser la gueule dans les escaliers tellement le choc est intense, tourner ensemble, lui sourire en pleine lumière, les larmes dans l’obscurité et une fois la chanson terminée rester dans les bras l'un de l'autre, ce geste, un nombre incalculable de fois en si peu de journées. Envie d'en chialer à me faire fondre la gueule. Il m'a dit "à un moment donné va falloir que tu lâches ma main" puis il m'a présenté à un de ses potes danseurs pour prendre la relève, avant qu'il ne s'enfuie à l'étage supérieur.
Ce n'est que le matin, après la fausse manif improvisée, les pancartes "maintenant j'y vais", le couple dans cette voiture qui puait la coke à chanter à tue-tête faisons l'amour avant de nous dire adieu et qui nous a filé un billet de cinq euros parce qu'ils étaient totalement défoncés, ce n'est qu'après tout ça assis à la terrasse du café devant tous les gens bourrés que tu m'as fait cette déclaration ahurissante, ces mots sortis de nulle part qui touchaient tout droit la pièce porteuse faisant dégringoler toutes les autres dans un immense fracas. Tu m'as tendu ces phrases incroyables et c'est peut-être à partir de cet instant que la connexion s'est faite entre tes yeux. C'était d'un coup d'un seul le passage entre plusieurs mondes, des temps anciens, des réminiscences incontrôlables, cette boule dans le ventre c'était finalement l'anxiété de te trouver là ici aujourd'hui dans le cours de mon existence, comme de bonnes vieilles connaissances qui se recroisent après des années d'absence, peut-être même des disputes ou des tragédies, elles s'entrechoquent sont bouleversées par la coïncidence puis s'en remettent et se disent à dans une prochaine vie ça m'a fait plaisir de te revoir tu sais. Sauf qu'on s'en est pas vraiment remis. J'ai explosé son rideau de protection intitulé "c'est fermé revenez plus tard". Quand à lui ce qu'il m'a fait? Il m'a fait mal.
Mais c'était peut-être le temps de passer à autre chose. Après tout, comme il lui plait de répéter sans cesse, il n'y a pas de hasard.
On ne se connaissait que depuis quelques maudits jours qu'il était convenu que l'on s'aimerait tout de suite à s'en faire des gosses et que l'un sans l'autre c'était juste impossible à gérer, à passer la nuit entière à se manger les yeux la lumière allumée que j'en ai joui par le regard, mais ça c'était la force de l'expérience et de l'ancienneté qui pouvait nous unir à savoir qu'il n'y avait rien à comprendre rien à construire, simplement continuer ce qui s'était déjà acquis par l'évidence. En trois jours il avait tout appris de moi même le plus sale et puis de toute manière je ne pouvais pas lui mentir, il savait, il savait tout, il les ressent tellement bien ces choses là, à la limite du palpable. Le sommeil s'empare de mes pensées. En plus je ne sais pas où en venir et s'il faut que j'en vienne à là tout de suite.
A cet impact physique qui maitrise mon corps lorsque je le sens s'approcher à plusieurs mètres, ou bien les malédictions que l'on s'envoie lorsque l'on veut chacun pénétrer les barrières de l'autre. Immensément puissant et autodestructeur.
Commentaires :
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la curiosité est une chouette qualité :)
Re:
Prends soin de toi pucette.
Re:
C'est un peu maso, mais je ne suis pas encore décidée à m'en passer.
Et la première fois, j'étais enfant, c'est avec quelqu'un de très différent. Un enfant aussi. :)
Kyrah
juste. Wah