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Et la tendresse bordel
--> Ruiner l'espoir, étape 1

Ecrit le 04.04.10 à 23h45


Je lui ai annoncé à moitié en pleurs au téléphone ce matin.
-"Tu sais, j'ai fait une connerie...."
-"Une connerie? Quel genre de connerie?"
-"...tu vas m'en vouloir....."
-"...tu t'es remise avec Blues?"
-"Non c'est pas ça..."
-"Alors c'est quelqu'un d'autre?"
Il était très difficile de comprendre mes mots noyés par les larmes mais oui, des conneries, plein de conneries, pour me punir, me montrer à quel point je ne contrôle rien, à quel point je suis faible et que mes phrases, les plus sincères puissent-elles être, sans l'intonation sévère qui va avec ne valent absolument rien. Surtout aux oreilles d'un bourré. Le bourré c'est ton meilleur pote. Cream, celui qui te ressemble comme deux gouttes d'eau, celui que tu considères comme un frère. Celui qui me plait parce que c'est un peu toi et en même temps un autre, celui qui est amoureux de Poubelle ma meilleure amie c'est tellement aguichant ce genre de situation complexe de carré amoureux, je me rappelle quand on rigolait toi et moi on parlait de faire ça tous les quatre pour contenter chacun en sachant très bien que ça me rendrait malade que tu ne regardes pas que moi. Hier soir sur le chemin du retour Cream me traitait de perchée parce que moi, je n'avais pas bu, alors qu'au final c'était moi la moins claire des deux. Je voulais absolument me casser de cette soirée, je sentais bien que je commençais à me morfondre, je me réfugiais sur le balcon seule dans un coin d'obscurité et j'avais la larme facile, encore une fois. Puis demain Cream et moi on devait se lever tôt pour monter le son et les lumières, décharger le matos, etc. Quand il m'a pris par la main tenant à ce que je lui montre le chemin menant à son appartement, je lui ai répété. Toi tu aimes Poubelle et puis moi j'aime Ice, et puis on va travailler ensemble sur le même projet tu t'en rends évidemment compte, toi comme moi en ce moment c'est la loose, je sais très bien que tu vas aussi mal que moi et qu'un peu de réconfort dans ce monde qui ne tourne pas comme on le souhaite ça réchaufferait les cœurs glacés mais c'est juste pas possible de prendre plus que ça. Quand on est monté jusqu'à chez lui, il a répondu "je ne te laisse pas le choix". Et la tendresse bordel pourquoi c'est pas autosuffisant hein, pourquoi y'a l'envie aussi qu'on est obligé d'assouvir comme un devoir, moi je voulais juste ses bras pour pleurer, et à la limite dormir mais mes phrases, mes phrases sans cette putain d'intonation sévère qui va avec ne veulent plus rien dire dans ce genre de moment. Il m'a crié "donne moi de l'amour" je lui ai répondu "il y a des milliers de formes d'amour, je peux te donner toute la tendresse que tu désires" mais ce n'était pas ça, forcément. Je m'en fous. Je m'en fous qu'il ne cessait de rabâcher. Qui s'est transformé en J'ai envie de toi lorsque qu'il a mis en lambeau la chemise qu'il m'avait prêtée quelques minutes plus tôt, les boutons valsant dans toute la pièce. On s'est battus, je me suis débattue puis enfuie qu'il s'était déjà mis à poil, il m'a rattrapé sur les carreaux froids de la cuisine à faire l'amour contre le sol, j'aurais pu crier être méchante ça me faisait juste rire, puis encore pleurer à quel point je sais pas me faire comprendre. A quel point je ne veux pas sans que mon corps ne m'écoute ne serait-ce qu'une seconde. Au final il était déjà le matin que je n'avais pas pris mon pied de cette façon depuis bien longtemps. C'est que je commence à pas mal le connaitre Cream et qu'il m'a toujours plu, ce nouvel an il y a trois ans en Belgique où il avait arrêté les préparatifs pour me faire les lumières lorsque toute seule et timide je m'étais osée au piano, je l'avais trouvé à part, pas comme les autres défoncés de la fête. Aujourd'hui il est des leurs j'en ai conscience. Blottis contre les draps il m'avouait qu'en réalité malgré tout ça c'était juste un con romantique qui tombe amoureux pour si peu, et qu'il m'aimait aussi. De toute manière lorsque j'ai lu ses textes j'ai tout de suite senti qu'il était sensible comme une nana. J'ai peut être jamais rien lu d'autant à mon goût provenant d'une écriture masculine proche, c'était d'ailleurs une bonne claque. Quand les premiers rayons du soleil ont tapé sur les vitres du salon, il a mis du rock des années Woodstock et on a dansé à s'en manger la bouche, il embrasse bien c'est rare putain, et il a ses mains qui ont le don de m'exciter, tellement que c'est juste n'importe quoi puissance mille et que ça enfreint toutes mes règles. Vous allez me dire les règles c'est de la merde. Sauf que si elles sont là c'est justement pour ne pas que je me fasse mal avec des conneries pareilles.

Lorsque j'ai sonné à la porte de Tagada pour qu'elle me prête des affaires de rechange, j'ai fondu en sanglots et ce jusqu'en milieu d'après midi. Elle s'est emportée face à mes propos et a pleuré avec moi accrochées aux bras l'une de l'autre, au milieu des larmes elle a gueulé, m'a sermonnée, a crié à ma place, on a tapé de toutes nos forces dans les coussins du matelas puis on a rechialé ensemble, elle m'a dit plein d'uppercuts qui m'ont remis en place et donné la force de ne plus me détruire moi-même. A six heures et demi du matin j'avais envoyé un texto d'au secours à Ice "fais chier qu'tu sois pas là, c'est n'imp, c'est le gros bordel sans toi" du coup dans l'aprem je reçois un appel de lui alors que je suis aux toilettes. Ma connerie je la lui sors en bloc mais la bouche n'arrive pas à articuler le prénom. Il me dit quelque chose comme : 
-" En même temps c'était plus ou moins convenu, et puis je ne vais pas te faire une crise de jalousie alors qu'on a décidé de rester comme ça."
-" Je ne suis pas à ta place et tu n'es pas à la mienne. Mais si jamais tu m'avais fait la même chose j'aurais eu vraiment mal."
-" Ca m'aurait fait de la peine si on avait été ensemble, oui."
Au final c'est lui qui m'a rassuré. Quel monde étrange. Il sait forcément que je suis dans une situation où tout s'écroule et rien n'est stable, il était certes prévenu. Moi aussi j'étais prévenue. Mais se voir dans cet état, même au courant, ça fait toujours aussi mal, et ça surprend encore.

Quand je lui ai demandé s'il savait que je tenais vraiment à lui il m'a répondu qu'il savait. Qu'il s'en rendait compte, qu'il essayait en même temps de ne pas trop y penser pour pouvoir avancer lui aussi. Que depuis qu'il était rentré chez lui cette semaine, il se prenait plein de claques qui lui faisaient du bien. Moi aussi je veux endurer puis grandir. Ce présent là si désespéré ce n'est plus possible. C'est bon là j'ai fait le deuil, maintenant c'est à moi de me relever d'entre les morts. J'veux plus être un zombie, ni une succube. Les conneries ça va cinq minutes, désormais je suis prête à retourner chez moi. Dans la chambre partagée avec Blues, remplir les étagères de l'armoire à fringues qu'il a vidée, dormir à nouveau dans la couette que l'on s'est achetée pour mon anniversaire, mais sans lui, sans avoir l'impression de mourir de solitude amère parce qu'il n'est pas là au creux du lit entre les draps. Faut que je m'en sorte. Que je redouble de courage, ou à défaut que je m'en procure, au moins à petite dose. Je veux me détacher de toutes ces craintes qui m'empêchent d'avoir les pensées en harmonie avec mon corps. Je parlais de tout ça à Ice dans un moindre effort lorsqu'il a acquiescé mon choix, de toute manière il faudra travailler là dessus...
-".....si jamais on doit faire notre vie ensemble."
Parce que pour lui c'est comme une certitude. Ou un vœu démesuré.
-" Tu sais, je sais pas pour toi mais c'est la première fois que ça me fait ça. T'as beau ne pas être là sans arrêt je sens ta présence, c'est presque physique comme sensation, ça n'a pas de rapport avec l'impression de manque, t'es comme auprès de moi tout le temps..."
-" Bah oui. Je te l'avais dit, que je ne t'abandonnerai pas."

Et je me suis remise à chialer de plus belle.


Ecrit par Dine, le Dimanche 30 Mai 2010, 17:44 dans la rubrique Actualités.

Commentaires :

stupidchick
stupidchick
30-05-10 à 18:39

!

non...

c'est pas possible...

j'ai bloqué à la cinquième ligne du texte, merde alors, j'ai l'impression d'avoir loupé un épisode... mais z'enfin, qu'est-ce qui s'est passé?

 
MangakaDine
MangakaDine
02-06-10 à 20:32

Re: !

Il s'est passé ça, entre autres. Entre autres beaucoup de choses, beaucoup trop.

 
aphone
aphone
30-05-10 à 20:16

Oh il est trop beau ton texte, je l'ai dévoré. La façon dont tu écris tout ça, j'aime beaucoup. Je pourrais pas m'arrêter sur une phrase en particulier, c'est l'atmosphère de ton texte qui m'a charmé. Et j'aime beaucoup ce que tu écris, sur les milles façons d'aimer par exemple, enfin tout ça est très beau.
J't'embrasse et j'espère te voir bientôt

 
MangakaDine
MangakaDine
02-06-10 à 20:31

Re:

La phrase sur les mille façons d'aimer, c'était un vrai dialogue. C'est dommage qu'il ait choisi de ne pas l'écouter. M'enfin.
Merci pour tes gentils mots.

Et puis j'attends que tu descendes me voir hein, j'ai pas réussi à te joindre au téléphone, j't'enverrai un message alors.

Bisous bisous!

 
ecilora
ecilora
31-05-10 à 15:41

Je suis resté bloquée à la cinquième phrase aussi. J'ai continué à lire mais dans ma tête, je me suis arrêtée là. A me dire, non?! Non! Si? Non! Et après, j'ai compris pourquoi tu n'avais pas vraiment répondu à ma question dans la tribune.
Et je n'ai pas très envie de te voir écrire l'étape deux.
C'est frustrant là, parce qu'il y a presque deux mois et que zut! je sais plus quoi dire.
T'embrasse

 
MangakaDine
MangakaDine
02-06-10 à 20:37

Re:

Il y aura hélàs des étapes deux, trois, des rééditions, un remake et une adaptation cinématographique. C'est comme ça. Ca ne peut pas toujours se passer bien. Et c'est bien que ça se passe comme ça.
Je me suis fait une raison.

Je me suis fait une raison, argh, qu'est-ce que j'aime pas cette expression, se faire une raison, la fabriquer de toute pièce, c'est anti-organique au possible et à l'impossible.

M'enfin, je me suis fait une raison.


 
Eliath-Feu
31-05-10 à 15:56

Oh Dine...
Est-ce que j'ai bien compris : tu as quitté Blues pour Ice, après une période d'"entre-deux" ou tu étais plus ou moins avec les deux ? Et Ice, de son côté, il est pris ? Et du coup, histoire de rajouter au bordel ambiant déjà mastoc, tu t'abandonnes une nuit dans les bras d'un autre - ce qui ne fait, paradoxalement, que renforcer ton besoin encore plus grand d'être rassurée, par Ice (par un amour passion), ou par Blues (par une tendresse douce).

Si c'est ça, comme c'est étrange, cette correspondance : je viens de connaître ça...

C'est étrange, quand l'esprit dit non, et le corps oui. On se sent déboussolé, on a l'impression de trahir une partie de soi, comme écartelé entre deux pôles. C'est un non et un oui simultanés, une sensation de fissure profonde, qui égare tellement.

 
MangakaDine
MangakaDine
02-06-10 à 20:28

Re:

Un bordel ambiant déjà mastock! MOuahaha! Non mais c'est pas drôle en vrai.

On va dire que c'est plus ou moins ça, même si pas vraiment en même temps, mais j'ai pas trop envie d'expliciter pour l'instant, c'est encore trop près de moi et de mon vécu.
Concernant les correspondances entre toi et moi, ça ne m'étonne même plus à force. Juste, je ne te le souhaite pas forcément. C'est douloureux.

Pour ce qui est de ton dernier paragraphe, oui, tu as raison, c'est étrange. C'est comme un dialogue avec soi-même qui se transforme en dispute qui n'abouti à rien dans un brouhaha total. Chaque partie essaie de crier plus fort que l'autre au final nait de tout ça une espèce de léthargie du corps et de l'esprit incapable de faire face à l'instant présent. On se retrouve à ce que la situation choisisse pour nous. Même si elle fait le mauvais choix. Pourtant, physiquement, je me suis battue aussi. Mon corps a fait un refus. Enfin, il a fait ce qu'il pouvait dans la mesure de ses moyens. Mais comment le comprendre d'un point de vue extérieur.
Je me sens trahie par moi-même, c'est encore plus étrange. Je m'en veux comme si je n'avais vraiment pas souhaité cela, comme si je m'accusais d'avoir délibérément voulu me faire du mal. Depuis je suis en oui et non simultané et constant. Diviser pour  mieux régner, mais qui et sur quoi?
Au final quand ça s'est passé je n'étais avec personne. Cream non plus, Ice non plus.
Et pourtant, le sentiment d'adultère vis à vis de mon coeur est ce qui me fait souffrir le plus.

 
passionnee-par-les-reves
passionnee-par-les-reves
01-06-10 à 12:00

Bon. Déjà il y a ça : "Quand les premiers rayons du soleil ont tapé sur les vitres du salon, il a mis du rock des années Woodstock et on a dansé à s'en manger la bouche". Juste cette phrase qui me parle terriblement à moi.

Ensuite, il y a toute le reste, toute cette atmosphère. Il y a du beau, du bien tourné, et puis juste à côté parfois, du percutant, du glacial. Une sorte d'oralité assez déconcertant. Et ça, ce mélange, ça rend un truc vraiment puissant.
Maintenant pour le reste, et bien comme les autres, je ne sais pas quoi dire. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé, je ne sais pas et je voudrais savoir. Tu seras là à la prochaine rencontre?


 
MangakaDine
MangakaDine
02-06-10 à 20:13

Re:

Haha, oui, j'imagine bien que ce passage te parle à toi.

"Ensuite, il y a toute le reste, toute cette atmosphère. Il y a du beau, du bien tourné, et puis juste à côté parfois, du percutant, du glacial. Une sorte d'oralité assez déconcertant. Et ça, ce mélange, ça rend un truc vraiment puissant." Merci pour ça. C'est heu...wow. Et j'aime que le mot oralité soit là dedans.

Ensuite, pour le reste, je vais essayer d'être là le 27, comme je le disais sur le joueb d'aide va falloir que je me fasse un aller retour Bruxelles Paris dans la journée pour venir, mais ça me dérange pas plus que ça, en revanche je pourrai pas être là le soir.....

Sinon, pour ce qui est de l'histoire en général, je finirai bien par en parler petit à petit.