Ecrit le 02.05.10 à 19h25
« Tu es ce que je préfère parmi le monde entier. »
Il y a des mouvements incongrus qui s’animent en ma poitrine quand je relis ces phrases. Je me rappelle, un peu, ce que ça faisait. C’était fort, beau, simple, des instants comme ceux là. Comme l’Italie. Tellement hors du temps, je vivais le film de mon existence avec des lunettes 3d, la palpitation en plus. Ca me ferait presque pleurer dis donc.
C’est juste que je frôle l’hypersensibilité ces derniers jours, c’est tout.
On a souvent l’impression qu’à la jeunesse les sentiments sont plus authentiques, plus intenses même. Que le premier amour ne sera jamais égalé par tous les seconds. Que c’était au lycée ou à 20 ans qu’on a fait le plus de folies parce qu’on vivait à cent à l’heure dans les émotions, du rire aux larmes, avec brio. Qu’après la vie est morne. Le quotidien banal une fois stabilisé. Et j’en passe.
Pour l’instant j’ai plus vécu la jeunesse et l’adolescence comme une ébauche, un brouillon de sensations. Alors qu’aujourd’hui, c’est le propre. C’est peut-être maintenant que ça commence. L’amour rime avec d’autres choses, et le vide est cent fois plus vide qu’auparavant. Le fade, bien plus fade. Les différences accentuées entre les jours avec et les jours sans. Comme si tout était décuplé, ou, à véritable échelle à partir d’ici. C’est étrange. Se dire qu’il faut s’appliquer si on veut pas rendre un torchon à la fin. Rendre à qui. Elle est où la maîtresse.
J’ai passé cette semaine auprès de Blues qui était revenu de Paris. Malgré la complicité, la tendresse, les gagateries, les parties de contrée les rires les blagues les glaces énormes autant que la joie d’être réunis ensemble, il n’y a plus l’amour. Il n’a pas été remplacé ou transmis au suivant, non, c’est juste qu’il n’est plus là. Ca me rend davantage triste. J’aurais aimé passer le relai à un autre parce que cet amour là, il était vraiment à préserver. Vraiment. Mais je ne suis pas à me demander si je retrouverai quelque chose de cet ordre là une nouvelle fois. J’y ai eu droit, c’est déjà pas mal. Maintenant il faut que je respecte cela et ne pas exiger en dessous. Pour Blues. Je ne dois pas me brader. Pour son amour. Il faut que je fasse attention à moi.
C’est difficile parce que j’avance les yeux bandés avec des béquilles dans une mare de brouillard épais. A chaque pas je manque de me casser la gueule, et même que des fois j’aurais envie de me jeter moi-même pour abréger mes souffrances. Mais faut que je profite de la vie avant. Que je l’aime. Que j’apprenne à m’aimer et ça commence par faire ce que je pense bon de faire, avec ce que j’ai envie de faire. Et savoir dire non lorsque ça ne va pas. Parce que le non pour protéger la connerie des autres, pour les bousculer et les inciter à se dépasser ça je sais faire. Mais lorsque c’est pour me protéger moi, c’est considéré en mon cerveau comme totalement subsidiaire. Le temps que je perds à vivre pour les autres aussi. Tu m’étonnes que je me tape des crises d’angoisses en plein milieu de la nuit après ça. J’attends même plus de la reconnaissance ou des mercis. Non, dorénavant j’attends de vivre pour moi. Et une fois que j’aurai fait ce pas là, je me dirai merci moi-même. Et ce sera le plus beau des cadeaux que j’aurai pu m’offrir.
D’ici là j’essaie déjà de traverser les journées sans reproduire les mêmes erreurs.
Commentaires :
LiliLou
Tu sais, tant que tu dessines avec le coeur... rien n'est comparable.
Prends le temps pour toi, pour mieux Donner ensuite.