Ecrit le 08.05.10 à 01h05
Au lieu de pleurer un temps indéfiniment long et mourir noyée dans ma morve, je leur ai demandé des feuilles blanches avant qu'ils ne s'en aillent prendre le bain de foule des évènements footistes. A la place, j'ai eu droit à une espèce de bloc-notes arrivant sur la fin. Le gars qui me l'a tendu m'a dit "maintenant il n'est rien qu'à toi" un truc du genre avant de retourner dans sa piaule jouer sur sa console à un jeu de football, fêter la victoire à leur façon.
J'aurais pu écrire sur un des ordinateurs. A la base c'est ce que je voulais faire. Je n'aime pas le papier et puis je suis gauchère, j'écris mal et trop lentement pour que chacune de mes pensées reste à leur place. Cette fois-ci, je voulais me confier à quelqu'un. Et puis, ce n'était pas n'importe qui. Il m'avait déjà fait lire son intimité plus que quiconque, et même que toute seule allongée sur son lit ses textes entre mes mains ses phrases comme des claques sur mes joues m'avaient bien fait chialer. Décidemment, je n'ai jamais rien lu d'aussi beau et personnel provenant d'un homme. De ma connaissance en plus, quelle classe. C'est juste hyper touchant. Et extrêmement sournois, puisque c'est tout ce que j'aimerais qu'un jour quelqu'un m'écrive. Sauf que ça ne m'est absolument pas adressé. Bref.
J'étais donc dans sa chambre avec mon petit calepin lorsque je me suis rendue compte qu'il n'y avait même pas d'ampoule dans la pièce, quel couillon. C'est comme ça que j'ai commencé ma lettre. Si jamais je la récupère d'une quelconque façon, je la recopierai ici. Elle parle de cette soirée dont je n'ai plus envie de trouver une nouvelle fois les mots. Elle ne donne jamais aucun prénom même si elle énumère beaucoup de personnes, au final je ne fais que me décharger d'un poids trop lourd sur le moment, c'est plus qu'égoïste, mais j'avais envie qu'il le sache, lui et pas un autre, qu'il m'apprenne un peu par le verbe comme moi j'ai pu apprendre de ses idées tordues encrées contre un papier. Onze petites pages et il en reste encore, alors à la fin des lignes je lui dis que je viendrai le continuer, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de place, qu'il serait mon journal intime l'espace d'encore quelques feuilles supplémentaires. J'ai posé le tout à l'envers dans les bras de l'ours en peluche sur sa table à peu près rangée, et sur le tout j'y ai callé en presse papier la souris d’ordi blanche Apple et son fil entouré sur elle-même. Cream est un être à la base tellement non-sens que j'ai peur qu'il ne remarque jamais cette anomalie en face de ses deux yeux. En revanche, ses colocataires je me ferais moins de soucis, mais là n'est pas le débat.
Excitée par ce petit élan de folie à la con je me suis endormie sous sa couette avec presque un sourire aux lèvres. Ice a ouvert la porte de la chambre de Cream vers les quatre heures du matin tout bourré à l'alcool et à la tristesse pour me dire que ça allait trop vite pour lui. Je lui ai tendu mes bras et finalement il n'a pas dormi sur le canapé. Mais c'est juste naze. Rien que des semblants de limites que l'on se donne pour se protéger du bonheur. Si ça pouvait nous préserver du malheur aussi je dis pas mais on ne fait que ça, d'en souffrir. Souffrir de l'avoir si près sans qu'il ne soit vraiment là. Vraiment à nous. Je ne peux pas continuer à espérer qu'il me tende la joue pour lui donner mon baiser et être dépendante de ses faiblesses, ses attachements vis à vis de ce que l'on est l'un pour l'autre. Mais alors. Je ne peux juste pas le voir pour l'instant.
Courage, fuyons.
Commentaires :
Re:
Tu sais, moi aussi j'ai souvent pensé à t'appeler ou t'écrire un texto, te relancer pour le Sud, tu sais, je t'attends toujours, je me suis dit que si tu ne m'avais pas prévenu c'est que tu n'avais pas trouvé de weekend pour descendre alors je n'ai pas insisté, il y a quelques jours encore je me disais, allez, je lui envoie un message, et puis pareil, procrastination, et puis j'ai pensé aussi que peut-être tu m'avais oublié. Enfin j'aurais mieux fait d'agir au lieu de penser!
On parle souvent de la fuite en avant, mais il y a aussi la fuite immobile. Et puis il est vrai qu'à forcer de vouloir affronter la vie, on s'agite souvent dans le vide et on se fatigue pour rien. Parfois il suffit de s'assoir, ou de changer de décor pour y voir plus clair. Tu sais, comme en dessin, on retourne sa feuille et les défauts nous sautent à la gueule en transparence. Voir les problèmes sous un autre angle, un contexte nouveau, une nouvelle respiration. Entraînée dans un cycle d'obstacle c'est dur de la gérer la respiration. Or, c'est très important.
Moi aussi je te fais de gros bisous! Et puis c'est toujours quand tu veux je t'accueille avec plaisir!
A plouche.
LiliLou
Donc je n'ai pas appelé.
Alors je me suis dit, ça fait longtemps, et puis il y a eu l'après-midi sur Paris, et tu n'étais pas là.
Et je m'en voulais de ne pas avoir donné de nouvelles et blablabla et blablablou.
Donc je viens polluer ton article ce matin. Voilà c'est comme ça.
Et tes mots m'ont manqués, toujours aussi joli.
Et je prends du retard, sur les histoires de ta vie (je me suis arrêtée à un changement de gare).
Alors je prends en cours, comme toujours.
Et je ne sais pas si le plus courageux c'est de rester ou fuir.
il y a tant de monde qui affronte la vie et ce qui leur semble comme des barrières des difficultés des obligations et ne se rendent pas compte du sens des choses. Et parfois en fuyant pour aller ailleurs, affronter une vie un peu plus réelle et belle à sa façon c'est pas plus mal.
Fuir pour vivre plus fort ailleurs. Se dégager des fausses responsabilités et des faux semblants.
Bon je m'égare encore...
Je n'ai jamais lu les récits d'un homme qui m'aient touché.
J'aimerais.
Bon je te laisse, il est tôt, je suis au boulot, il faut quand même que je travaille.
Et désolée, pour ces si peu nombreuses nouvelles de moi.
Je t'embrasse
Plein de mots et de bisous à la volée !
(et j'ai la flemme de relire alors hop j'valide direct, tant pis, tant mieux !)