Ecrit le 15.05.10 à 00h25
Un coup de fil de Fabulous pour savoir si j'étais pas dans le centre et si je voulais boire un coup ce soir. Allez, deux gentils mois que je n'avais pas eu de news, depuis ma rupture au moins. Ce matin un texto d'un autre de ses proches qui me disait en gros si jamais t'es dispo ou que t'as envie de changer d'air fais moi signe.
Je sais que ça vient de Blues tout ça. Je sais qu'il a appelé Fabulous pour lui demander de prendre de mes nouvelles, qu'il leur a même dit que je n'allais pas bien. En raccrochant le téléphone j'avais les sanglots dans la gorge, j'étais émue qu'il ait fait ça pour moi, émue qu'on s'inquiète de savoir comment je pouvais aller, finalement, même si c'était hypocrite, même si Fabulous a du attendre le feu vert de Blues pour daigner me faire un signe de vie, j'étais émue qu'on fasse un effort pour ne pas m'oublier.
Non je ne veux pas disparaître de ta vie. Je ne veux pas te perdre. Tu sais qu'en faisant tout ça, par l'intermédiaire des autres tu existes encore un peu. Mais ce n'est pas ce que je veux. Je veux pouvoir me blottir contre toi pour pleurer. Et qu'on exorcise le fait que ça ne sera jamais plus comme avant. Il y a trois jours au téléphone tu m'as dit que tu l'avais choisie elle et que c'était pour ça qu'on ne devait plus se parler, parce que ça lui faisait du mal et parce qu'il fallait que tu passes définitivement à autre chose sans que je ne vienne sans cesse recharger ta bouillotte à espoir dès que tu retrouvais ma voix à l'autre bout du fil. Mais tu vois, les mots ne sortent pas, même par écrit. Je ne suis pas prête. Ni à exorciser, ni à voir les vérités en face. Toi tu m'as déballé la rancune qui faisait moisir ton cœur et moi j'ai dit d'accord, comme d'habitude. Tu te plains que je m'incline sans vraiment dire ce que moi j'en pense. Sauf qu'à la fin j'ai quand même dû choisir à ta place. Tu étais incisif et balançais ce qui faisait mal, il y avait ces paroles justes qui perdaient tout leur sens une fois que tu revenais sur ta décision parce que tu avais vidé ton sac et que tu te sentais mieux. Tu me parles de moi mais toi aussi, assume. Tiens-les tes propos. Même si on en chiale ensemble toute l'heure à m'en filer des douleurs au front. Je veux bien que tu refasses ta vie mais je ne veux pas perdre notre amour, tu comprends la nuance? Ne t'en vas pas trop loin. Je ne le supporterai pas. Je n'ai pas encore fait mon deuil. Et même si je pleure tous les jours, j'esquive la tristesse, je la reporte sur le reste, tu es un peu comme un tabou, un coup de Blanco sur un livre d'histoire, la page a été trop vite tournée et plus personne n'aborde le sujet. Prétendre ignorer. Alors quand j'entends Fabulous lancer "Blues m'a dit que tu n'allais pas bien", j'ai encore le petit picotement qui me glisse que tu t'es encore mêlé de ce qui ne te regardait pas et puis en même temps j'entends mes larmes invisibles couler le long de mes tympans, que l'on me prononce "tu ne vas pas bien" c'est comme un éclat de miroir dans les côtes, je regarde la blessure et j'y vois un reflet de ma tronche, tant pis c'est comme ça, c'est fait c'est fait, ne pas repenser à tous ces moments pour l'instant c'est juste trop pour moi, tu veux que je t'avoue, le pire dans nos souvenirs, ce sont les voyages, les virées tous les deux qui m'ont laissé des axes, des pancartes indiquées bonheur à suivre, des machins immanquables à ma vie, mes piliers, mes soleils, l'horizon que je fixe lorsque je ferme les yeux c'est une image basée sur notre réel qui avait l'air d'un rêve dans tous ces paysages de folie que l'on a traversés ensemble, c'est un peu sournois, aujourd'hui quand je ne me sens pas bien j'ai des envies de m'évader d'ici, d'être déjà loin, à des kilomètres en un clignement de cil alors la chose la plus logique et la plus aisée dans ces moments de fuite serait de simplement fermer les yeux, imaginer un horizon autre que le sien sauf que tu l'as compris, quand je visualise un horizon, c'est le notre qui me vient à l'esprit, c'est ce paradis de soleil rose se levant sur l'oasis du désert de Siwa dans un immense silence, ah non, je ne veux déjà plus me rappeler le reste ni l'écrire, c'est là où tout avait commencé et il y a eu des milliers d'autres instants qui en ont été la continuité alors ça suffit, je voudrais partir, voir un nouveau monde, une nouvelle page vierge qui n'attend qu'à être barbouillée mais je vais te dire ce que j'aimerais le plus, ce serait repartir. Repartir dans tous ces instants qui se réaniment à l'ombre de mon esprit et figer la vie là où elle est restée la plus belle. Le temps que ça passe.
Mais ça passera.
Commentaires :
Re:
Merci.
Tu sais, y'a rien qui est vraiment cruel là dedans, encore moins injuste. A partir du moment où on est prévenu de l'étape à traverser c'est pas comme si elle nous tombait sur la gueule. Alors ça va. Ce qui me fait souffrir, c'est ce que je ne comprends pas. Mais là ce n'est qu'une question d'acceptation, pas de compréhension.
C'est sur, les belles images, je vais les garder précieusement.
Encore merci pour les mots qui encouragent. Ca paie pas de mine mais ça a de la valeur à mes yeux.
Re:
En tout cas ça me touche.
Avoir conscience que ça ne va pas, c'est déjà un pas vers la guérison, non ?
Tu es forte je le sais bien, et puis comme plus rien ne sera comme avant quoiqu'il advienne, il faut tourner la page. Tu auras tout le temps d'une vie pour y revenir et saisir toutes les nuances.
Je t'embrasse !!
Re:
Avoir conscience que ça ne va pas oui c'est un premier pas, mais il faut que le deuxième arrive vite, celui où on se dit qu'on a envie d'aller mieux. Sinon ça n'a juste pas de sens.
Au fait, je t'ai pas demandé, et Madagascar?
Art-Orange-2004