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Dématérialisée
--> Dans quel but a-t-on souffert de la sorte?

Ecrit le 27.07.10 à 15h20
Je suis dans l’expectative. J’attends qu’il m’appelle, que je monte le rejoindre dans d’autres montagnes. J’attends de vivre. Ici j’ai l’impression d’être sur pause. C’est mon chez moi, mes habitudes, mon confort et mon manque total d’inspiration. La réalité qui vient toquer à ma fenêtre avec tout le courrier en retard des bonnes résolutions que je n’ai pas ouvert, des prises de conscience que je me devais de réaliser et cette rentrée que je n’ai pas planifiée pour un sou, ces gens qui me relancent, ceux qui s’en vont et avec qui je dois accomplir du primordial avant leur départ tout ça en un espace infime de jours qui se succèdent comme une faim de petits pains.

Mais je suis figée. Dématérialisée. Mon corps inerte est bien là mais mon cœur. Mon âme. Mes envies. Dispersées. Elles on pris des chemins différents et par un concours de circonstances se regroupent en un même point central des évènements.

Hier je sentais son bonheur à l’autre bout du fil. Sa voix avait chopé une bonne tierce dans les aigus, c’est comme s’il avait rajeuni de cinq ans dans l’énergie, il était pimpant à quatre heures du matin près à reprendre la route et repartir travailler quelques heures après. Il riait à mes blagues comme un enfant content de les entendre, il m’en faisait aussi et à mes tu me manques c’était un oooh mignon de compassion, pas encore un moi aussi. Mais ça viendra.

Il a changé. Je l’ai pas déjà dit ça?

Il est heureux. Que j’aurais envie de le suivre un peu partout sur la Terre. Enfin, peut-être pas si loin. Mais c’est beaucoup pour moi déjà. Ryne disait qu’il pouvait être tellement plus que cet homme plein de blessures, ce serait magique que cela puisse se déceler dès aujourd‘hui. Il y avait bien eu ce truc les premiers jours, ceux là même que je ne cesse de ressasser comme pour m’auto-persuader qu’ils ont bien existé, qu’ils n’étaient pas fabulations, que ce que j’ai ressenti ces jours là n’étaient pas pure invention de mon esprit en manque de sensations fortes, qu’on ne m’avait pas fait boire, encore moins dilué de substances étranges dans mon verre au point que je délire, que je m’exalte. Je commençais forcément à douter puisque passé ces jours là, plus rien. Plus rien qui nous relie, comme s’il n’y avait rien eu d’aussi mystique, juste des déviances et des points absolument pas communs dans la manière d’aborder, de voir, d’être, de vivre. Juste un certain attachement pas justifié et une facilité, une propension énorme à se faire du mal. Si l’extraordinaire avait été perdu, ce n’était désormais plus légitime. Dans quel but a-t-on souffert de la sorte?

Désormais et depuis peu je retrouve cette matière, belle, impalpable, qui nous connectait par l’esprit sans passer par les barrières psychiques de nos peurs, nos phobies, nos dysfonctions du cerveau, le cadre social et familial dans lequel nous avons été élevés. C’est là. Peu importe nos vies d’avant et d’aujourd’hui nous nous sommes retrouvés nous, nos accords, nos mésententes.

Et lorsqu’enfin il s’embarque à me serrer dans ses bras je voyage. Un autre tableau, une autre temporalité, échelle des valeurs. Echelle des sens. Ils ne réagissent plus pareil. Je frôle l’orgasme dans chacun d’eux, dans tous mes pores, il suffit qu’il fasse un geste sans appréhension c’est pourtant si simple! Mais je n’aime pas mes mots. Ils sont incapables d’expliquer un état de fait aussi primaire que celui là. Primaire, mais dont je ne connaissais pas l’existence quelques mois plus tôt. Je pensais avoir découvert avec Blues un autre mode d’amour qui s’approchait avec dangerosité de l’idéal que je m’étais fixé. Mais ici. C’est étrange. Je ne sais pas pourquoi. C’est une euphorie proche de la folie. Il me met à genou à coup de décharges électriques et de frissons dans tout le corps. Sauf que c’est ridicule. Décrire une telle chose sans que ça paraisse exagéré, non objectif ou décrédibilisant compte tenu de l’histoire, son passé et le banal de son présent je ne sais pas faire. Je pourrais tout connement arrêter d’en parler. Et puis c’est instable. Et les sensations se perdent déjà. Les mots aussi.


Ecrit par Dine, le Jeudi 18 Novembre 2010, 04:47 dans la rubrique Actualités.