Ecrit le 11.09.10 à 14h10
Assise seule pour déjeuner à la terrasse d’un café, j’explore une nouvelle vie. Celle de faire les choses pour soi-même. C’est étrange, le temps parait se démultiplier sans pour autant devenir pesant ou prompt à s’ennuyer. Peut-être parce que je n’ai plus ce sentiment de le perdre.

Je suis rentrée dans ce café bio il était quoi, midi? Il y avait ce guitariste posé sur l’escabeau du piano et le patron nous a présenté, parce que de manière générale, on aime bien introduire les gens seuls les uns aux autres, on a peut être l’impression que cette fois-ci ce sera une rencontre géniale. On a joué ensemble l’heure a passé je l’ai mis en retard, puis ensuite j’ai récupéré l’escabeau et devant le piano j’ai perdu la notion du temps qui me restait.

Il est maintenant 15h30 je viens de terminer mon repas et on parle musique avec la serveuse qui fait de la flute au conservatoire et qui aimerait se lancer dans le chant. On projette des duos de voix, des chœurs, des harmoniques, elle possède plein d‘instruments bizarres. Il y a ce groupe de musiques camerounaises avec qui je travaille en ce moment. J’ai appris hier que le concert était prévu pour dans trois semaines dans la deuxième salle de Marseille, il me reste une vingtaine de jours pour apprendre par cœur un répertoire d’une heure trente chanté en camerounais, ainsi que les danses traditionnelles. Bien sûr il devait y avoir plusieurs choristes sur scène mais finalement je me retrouve seule et pas trop le profil de l’emploi. Mais bon, c’est d’une certaine manière d’autant plus excitant..

Il est 17h05 mes discussions se terminent. Entre deux échanges de phrases j’ai aperçu ce chanteur au loin. Il était à une de ces soirées musicales qui partent en délire total d’improvisation renouvelée. Je me souviens à moitié bourré il m’avait confié qu’il allait rejoindre une fille dont il était éperdument amoureux. Puis, pendant une bonne demie heure il m’avait raconté à quel point il aimait tout chez elle et quelle était leur histoire. Il avait une copine et elle un copain mais ils n’étaient que l’un à l’autre, demain il irait dans sa ville pour diverses requêtes or il ne ferait qu’espérer la croiser par hasard à chaque coin de rue, les yeux bien ouverts. Il m’avait touchée le bonhomme, il était naïf et peu conscient de la douleur, c’était beau. Il était jeune mais éveillé. C’était un soir de rupture avec Ice, il ne me regardait plus, ne me touchait plus, il me laissera dormir sans ses bras, et dans ce vide qui m’emplissait pouvoir échanger avec un être aussi saoulé à l’espoir c’était comme une bouffée d’oxygène dans un aspirateur.

Ce gars là il a un groupe qui tourne pas mal dans la région, peut-être joue-t-il ce soir? Il m’a donné envie de repencher l’oreille sur ses chansons. Ca ne m’a pas sauté à la gorge aux premières écoutes mais maintenant qu’il m’a tendu son petit intérieur je vois les choses si différemment.