Ecrit le 30.11.10 à 02h20
Je repense, un peu, à ces mois d’été les échos de nos chansonnettes à deux se propageant dans tout le voisinage. La mamie de l’immeuble d’en face qui nous fait signe de descendre du toit parce que c’est dangereux. Je repense un peu à ce petit goût de folie timide qui nous animait quand tu avais vaguement bu à la crêperie de cette rue où Papa Ours devait porter son siège, vu qu’on ne faisait que le croiser par hasard et souvent à cet endroit. Je repense à ces voix que l’on essayait de marier juste avant le départ, à ces élans d’égoïsme à plusieurs, à la bouée que nous avons franchie, fières, et à cette même mer qui faisait scintiller la lune en son reflet lors des bains de minuit, à tous ces dons charitables versés à la bonne bouffe qui laissaient nos poches trouées et ce fou rire qui m’a prise aux alentours de ce buisson qui te cachait à peine, à ta purée jambon et au drapeau de pirate, à ton rêve lesbien sur Buffy la tueuse et la pâte à modeler violette qui doit encore être fixée au plafond à l’heure qu’il est. Je repense à toutes ces larmes. A nous deux les bouteilles de tristesse que l’on aurait pu remplir.
Mais tu vois, quand j’énumère les détails, ça ne me parait plus si conséquent.
Je repense à lui un peu aussi. Mais c’est parce que j’en rêve. Recommencer l’histoire, je n’ai plus vraiment aimé quelqu’un depuis. Est-ce que je l’ai aimé. J’ai tellement eu l’impression de courir et ne pas savoir si j’étais devant ou derrière, à fuir, ou trop m’acharner. J’ai tellement eu ce stress de tout perdre que je ne sais pas si entre tout ça j’ai eu le temps de me demander si je l’aimais réellement. A sans cesse courir pour rattraper tous ces moments qui se cassaient la gueule, in extremis, sauver ce qui restait, et que je pouvais saisir. Qu’il m’était permis de saisir.
Mais je n’étais qu’une gamine dans cette histoire. Fais pas ci, fais pas ça, viens ici, mets toi là. Et souvent, j’ai été punie.
Et malgré la chaleur, y’avait un goût de fraicheur et de cheveux dans le vent à tous ces mois d’été. Ice Cream. Mon dessert préféré, mon pêché mignon. C’est exactement ça. Un péché mignon. Ice et Cream c’est assez inséparable. Mais dès que l’on isole la crème de la glace on a à faire à deux individus totalement opposés et incomplets dans l’amour que je leur porte. Ice n’a finalement jamais été que froid et distant, et Cream bien trop léger et vagabond. Seulement, ils m’ont fait rêver. Je peux le dire, je me sentais nouvelle dans leur monde, inspirée. Mais je n’avais pas vraiment le droit de l’exprimer. Et sûrement que c’est moi qui me le suis interdit.
Au fond ce n’était que des paroles en l’air, il n’a jamais tenu aucune de ses promesses, ses envies de m’emmener à l’autre bout de la Terre, il avait toujours un prétexte, et souvent c’était moi, le prétexte. Son désir de partir qu’il extériorisait chaque jour il avait déjà évacué l’idée de m’y inclure et aujourd’hui s’il n’est plus là c’est qu’il est très loin, avec Cream, l’autre côté du pêché mignon et va savoir qui est le pêché du mignon dans l‘histoire. Finalement, tout ce qui a pu au début ranimer le cœur meurtri d’Ice a dû disparaitre de mon être à la fin du souffle coupé de notre première rencontre et à trop poursuivre l’amour j’en ai oublié de prendre ma respiration. Mais désormais c’est différent. Parce que maintenant j’ai du temps pour les bouffées d’oxygène et plus vraiment d’occasion pour pleurer. Alors je n’ai plus de larmes. Beaucoup d’air et plus de larmes.
Je ne sais pas pourquoi ça sonne si amer.