Je suis totalement dépassée par le cours des évènements. Tout ça prend des tournures plutôt hors norme. J'ai l'impression d'être dans les feux de l'amour, à la différence que c'est moi qui joue chaque personnage féminin de la série. Je deviens une Maro. Ou tout ce que je n'aime pas chez lui. J'agis selon mes propres envies, sans me poser de questions, sans penser aux conséquences, sans avoir de conscience. Je regretterai mes gestes plus tard, pour l'instant, ça ne sert à rien de réfléchir, contentons nous d'agir. Voilà la Maro attitude. Et maintenant, la mienne. Je ne culpabilise même pas, et je trouve même normal de ne pas culpabiliser de ne pas culpabiliser (oui, il y est deux fois). A vrai dire, si je n'arrive pas à me poser, si je vais sans cesse de droite à gauche, c'est parce que je n'ai personne de certain. Et comme ils sont tous incertains avec moi, je suis incertaine dans mes choix et décisions. Si seulement j'avais quelqu'un aux sentiments de confiance, je n'aurais  même pas à regarder sur les côtés. J'avancerai droit, droit vers lui.

On était parti pour discuter.
Je me suis retrouvée dans le creux de ses reins, le lendemain matin.
Incroyable. Insensé. Et dire qu'il y a encore un mois, il ne me permettait pas de l'approcher à moins de 3 mètres, il me disait bonjour seulement de loin, les jours où il daignait me dire bonjour. Et cette nuit, je retouche ce corps que je connaissais sur le bout des ongles il y a deux ans de cela. Je pose mes doigts sur sa peau et il me susurre toujours des "j'ai envie de toi", les mêmes qu'avant. Malgré tout, j'ai à faire à un autre homme. Un Ex nouveau, qui me serre différemment contre son corps, mais d'une manière toujours aussi douce, en ne cessant de me répéter des "c'est pas bien ce qu'on fait.....non, c'est pas bien". Pourtant, moi je ne fais que suivre la danse de tes ondulations. C'est toi, à chaque fois, qui vient me voir, et c'est aussi toi qui t'arrête.
D'ailleurs, c'est toi, en premier, qui l'a cherché.
Ca me faisait vraiment un effet bizarre. Tu prétextais souvent des "tu sais, si ça te gène, si tu n'as pas envie, je veux pas te forcer hein.....", pour te contredire juste après avec des "mais moi j'aime bien....s'il te plait, ne t'arrête pas..."
J'aimais que tu me supplies avec cette petite voix gémissante. J'aimais, pour une fois, être maître de mes actes et me dire que non, ce n'est pas moi qui suis dépendante. C'est lui, là, qui en reveut sans arrêt. Sans arrêt. Il a envie tout seul dans sa bulle, pour son plaisir. Il me demande si ça va, mais tout ce qu'il veut c'est que je continue. Pourtant, je ne m'étais pas approchée de lui dans cette intention. Je voulais clarifier les choses, au départ. Lui crier pourquoi, pourquoi m'en a-t-il voulu si longtemps et à ce point. Et pourquoi maintenant il arrive à passer outre tout ce qu'il m'a fait subir. Revenir à moi, comme si de rien n'était, comme si rien, comme s'il m'accordait la faveur de son pardon. Et moi dans tout ça, et mon pardon, pourquoi il compte jamais?

Au fond, je ne lui en ai pas voulu...
J'étais trop attachée à l'image du passé pour ça. Celle où il était l'homme que j'aimais, l'être en qui j'avais le plus confiance. Quand je le regardais, il était le même. De l'extérieur seulement. Même son odeur, la texture de sa peau avait changé. C'était lui mais un autre. C'était terminé. On ne pouvait pas continuer l'ancienne histoire en zappant ce froid de deux ans. Mais on pouvait toujours en commencer une nouvelle....
Ca me faisait bizarre, vraiment. Parce que c'étaient les mêmes gestes, parfois, les mêmes sensations. Il y avait ce mélange insaisissable entre pareil et différent. Et je ne savais pas. Juste je me laissais porter par le courant de tes soupirs. Tu joues un peu, non? Parce que tu es très démonstratif. Tu as dit que je t'excitais toujours autant. C'est vulgaire mais venant de toi, je sais que c'est un compliment. Mais quand même, tu es paradoxal...

-" Dine, tu es trop naïve, tu croies que les hommes se mettent avec toi par sentiments... ils en profitent."

Pfff...je suis naïve, c'est vrai. Mais ce n'est pas pour autant que je suis aveugle. J'assume le fait qu'on puisse me prendre pour une conne. Et même si je le réalise, je l'accepte, et y vais quand même, parce que j'y trouve en quelques sortes mon compte, moi aussi. Parfois, j'ai l'impression que c'est un compromis. Une étape à franchir pour atteindre la vérité. Parfois je me dis juste qu'il suffit de fermer les yeux sur cela, pour réussir à passer d'agréables moments. Je suis une naïve par choix. Et c’est ce qui fait la différence. Les vrais naïfs, eux, sont bien plus heureux dans leur joli monde.
-" Dine, toi tu crois que tu pourrais subir toutes les souffrances de la terre pour avoir ne serait-ce qu'une seconde de bonheur..."
Là par contre, il avait dans le mille.
-" Mais il ne faut pas te laisser faire, tu ne peux plus te permettre de vivre comme ça, il faut écouter ta raison un peu!"

"Un jour, il y aura un gars qui s'en battra les couilles, qui te traitera comme de la merde et comment tu feras, hein? Là tu vas vraiment souffrir, et tu comprendras qu'il ne faut pas tout endurer par amour..."

Ex me voyait comme si je n'avais jamais connu de peines de cœur dans mon existence. Comme si tout le monde avait été gentil avec moi jusque là et que je pensais encore que la vie était un long fleuve tranquille. Oui, j'idéalise l'amour. Et non, tu n'imagines pas à quel point on a pu me faire de sales crasses étant jeune, bien pires que toutes celles que tu ne vivras jamais. Pourquoi, parce que j'affiche un visage béat, parce que je crois encore que les gens sont bons? Ce n'est pas parce qu'on nous a fait du mal que se sont forcément les autres les méchants. Tu as l'impression que je vais m'effondrer à la moindre frappe? Mais tu le savais, pourtant….tu savais que ça ne marchait pas. Dave il y a un mois de ça, m'avait avoué quelque chose qui m'avait étonné :

-" Pendant longtemps, Ex n'a cessé de nous rabâcher que tu étais ceci, ou cela, et nous, on a fini par le penser aussi, et tous te détester. Alors qu'en fait, tu es plutôt cool. Excuse moi si j'ai pu m'emporter contre toi des fois. Mais ce qui a le plus énervé Ex, c'est que ses attaques ne t'atteignaient pas, alors il recommençait de plus belle. Tu m'épates, tu ne t'es jamais démontée face à lui, tu es vraiment forte pour une fille."

Quel soulagement d'entendre de telles choses à la fin de l'année. Au moins, il se sera fait sa propre opinion à mon sujet. Mais....ce n'était pas vrai, hein. Bien sûr qu'Ex m'atteignait, à travers ses mesquineries, parce qu’il était l’homme que j’aimais toujours, à l’époque. Bien sûr qu'il m'est arrivé de serrer les dents, de pleurer, parfois, parce que j'étais seule contre tout le monde et que je ne comprenais pas pourquoi. Ce pourquoi que je demandais tant à Ex ce soir. Ce à quoi il n'a pas vraiment trouvé de réponse. Tout ce qu'il cherchait, lui, c'était obtenir un de mes massages. Il me l'a proposé 4 fois. 4 fois où j’ai refusé.  A croire que la persévérance paye. Alors qu'un instant plus tôt il me reprochait d'être trop naïve, il se sert maintenant de moi pour parvenir à ses fins.

-" Tu vois, je suis naïve et tu en profites pour me demander un massage, c'est ça?"
-" Mais je n'attends rien, ne croie pas que je veuille aller plus loin..."

Ah bon. Je me retrouve donc allongée dans ton lit, croulant sous tes caresses, par le plus grand des hasards. Cette pensée là m'a fait sourire....toute la nuit. J'aimais tes gestes, mais je ne les ressentais pas, j'étais hermétique à toutes ces belles paroles.

Mais quand, pour t'endormir, tu t'es collé contre moi, tes bras entourant ma taille, je n'ai pu m'empêcher de frissonner. Parce que ça, c'était vrai, c'était de l'affection. Comme avant. Et dormir avec toi, cette nuit  jusqu'au petit matin, où tu te retournais pour m'enlacer pendant mon sommeil...c'était plus beau que la plus perfectionnée de toutes tes caresses. C'est ce moment là où j'ai compris que je ne ressentais pas rien. Que ça me faisait quelque chose. Non....que TU me faisais quelque chose. Un truc de bizarre. Un truc qui voulait dire que je n'étais pas indifférente. Et qui peut-être me forcerait à vouloir revenir le lendemain, et le surlendemain. Parce qu'au final, c'était agréable...

Je suis ressortie de chez toi un peu retournée. Déboussolée aussi. Je ne m'y attendais pas, je croyais cette éventualité non plausible. Mais je l'espérais, peut-être...
J'avais l'impression de jouer un remake de mes 15 ans.
Où nous étions les premiers et l'unique l'un pour l'autre. Allons Dine, ne fais pas comme il dit, ne fait pas ta naïve. Oublie que tu as été amoureuse de lui autrefois. Oublie que cette nuit il a eu envie de toi, oublie que ce matin aussi, oublie tout, ses phrases, ses excuses, ses souffles, ses doigts, son toucher, son odeur, cette histoire, l'avenir. Oublie. Cesse. Car il n'est pas celui que tu as connu. Et il ne sera pas celui que tu souhaites qu'il soit. Désormais, il ne t'appartient plus....et il faudra bien un jour que tu l’admettes.