Ecrit le 04.01.11 à 01h25
Houlà là, j’ai du mal à me concentrer quand il chante à mes oreilles à travers les enceintes. C’est terrible. Je suis fascinée. En dehors de tout le reste, ça passe par la voix. Elle est, celle que je voudrais entendre tous les jours, celle qui pourrait dire les mots, les fantaisistes, les quotidiens aussi parce qu’elle est douce et posée, aux bons endroits, à frôler la profondeur avec légèreté elle dérobe toute mon attention lorsque parfois elle susurre, sans même parler du contenu du sens, houlà là sans même ça. Sans ses poésies lunaires, ses phrases pudiques et le regard qui va avec. Il est si effacé qu’on aimerait le repeindre à coup de rouge à lèvres partout sur le visage, partout, y marquer son odeur, son territoire, le terrasser d’amour le plaquer au sol qu’il n’ait plus qu’à hurler, s’éprendre, extérioriser une émotion soudaine, en bégayant s’il le faut ça n’a pas tellement d’importance. On aimerait qu’il nous avoue un truc, juste un, pas grand chose, qu’il soutienne le regard quelques secondes oh mon Dieu va-t-il y parvenir, tu m’étonnes qu’il me foute le trac, j’ai peur pour lui, qu’il ne se remette pas d’autant de stupeur, qu’il se coup de foudroie tout seul, dans son coin, parce que personne ne l’a remarqué, parce que personne n’a vu qu’il débordait de nuances inaudibles, à l’intérieur tellement grand que les émotions résonnent déjà suffisamment contre son cœur qu’il ne s’entend plus ressentir, et dans ses yeux, dans ses yeux on peut y lire comme dans un livre fermé, épais, à la couverture sensible et finement manufacturée, un objet de valeur sur lequel on ne laisse pas s’entasser la poussière parce qu’il inspire le respect. Il inspire, beaucoup d’autres choses. Et l’imagination. Que je craindrais presque de m’oser à l’ouvrir.