Ecrit le 07.01.11 à 00h55
On ne fait que ça, rationnaliser. Décortiquer les débuts d’émotions avant même qu’ils ne s’ancrent, les extraire, analyser, peser le pour du contre, les relier à des contextes, du passé, des besoins et des similitudes. Jusqu’à ce que ça nous tombe sur la gueule et nous défonce le cerveau. Alors là on est bon à rien. Incapable de penser, d’agir correctement, ne serait-ce qu’avec décence ou au moins objectivité. Plus rien n’a d’importance, les listes de qualités et défauts, tout ça, ça nous passe à côté, on n’est qu’instant présent, moulé par l’aiguille des sens.
Toi, c’est pas vraiment ça. Avec toi je tue dans l’œuf. Tous les sentiments naissants, je les tue. A coup de strangulation. Mais à chaque fois, à chaque seconde, ils voient le jour à nouveau, et je tue encore, j’asphyxie. Petit à petit, je finirai bien par les épuiser un à un, je sens déjà qu’ils changent de forme. En fait, c’est un véritable génocide. Un camp de concentration. Toutes les parcelles de mon amour pour toi je les regroupe, les enferme entre d’énormes remparts avec miradors et je procède à la douche, à la chaîne. Bien qu’il y en ait qui se terrent encore, quelque part, des endroits où je n‘ai pas accès ou ne pense pas à chercher. Je le sais. Ils survivent dans leur coin, tapis dans l’ombre, attendant le bon moment pour ressurgir, respirer à l’air libre. Mes sentiments.
Parfois sans m’en rendre compte, des scénarios se construisent en mon crâne, de l’autre côté de mes rétines. Ils me prennent par surprise, commencent à tourner sans mon consentement et par inadvertance, la tête dans les nuages de mes nuages, je les laisse imaginer à leur guise. En ce moment, il y a une scène récurrente qui se joue en mon esprit. Tu es là assis au comptoir, tu me regardes avancer doucement, on ne s’est pas croisé depuis longtemps je suis si heureuse mais je ne laisse pas déborder la joie de mon visage, j’arrive stoïque à côté de toi on s’énonce brièvement des bonjours puis je te lance le ton curieux un lève toi pour voir?, tu t’exécutes, lève les bras, comme ça…voilà, puis je te verrais là tout debout tout bloqué avec ta mine de couillon les bras levés qui sait pas pourquoi il obéit sans réfléchir ça me ferait sourire, je te sauterais au cou pour te serrer fort contre moi te donner un véritable bonjour, tu aurais la position idéale de non refus et tu ne pourrais que recevoir l’étreinte, avec un peu de chance parfois dans mes films les plus fous tu me le rends aussi et ça me suffit.
Oh et puis après tout, je préfère jouer moi-même les rôles de ma vie.
Commentaires :
Re: Oh oui, une bonne action !
Dans les transports en commun, se tournent constamment des films, des remakes de ratages avec fin heureuse, ou la résolution de regrets, manque de courage et autres circonstances au fait qu'il ne s'est pas passé dans la réalité se qui se déroule en notre esprit aujourd'hui. Ainsi qu'une miriade de répliques marrantes et percutantes à ascéner en cas de questions essentielles. Qui n'arrivent souvent jamais, au final.
Re: Oh oui, une bonne action !
C'est un peu comme l'inconscient et la nuit finalement. Il existe également des gens qui ne rêvent pas.
J'aime à penser que c'est parce qu'ils les oublient.
Celsius42
Oh oui, une bonne action !
Elle était là, à l'abri d'une pluie fine malgré le soleil éclatant (le temps qui précède un arc-en-ciel) et m'attendait. Elle ouvrait les bras et me disait qu'elle voulait recommencer à zéro.
Et avant de pouvoir lui rétorquer "Mais tu m'as trainé dans la boue, humilié, trahi, abandonné, avant de finir au fond du fleuve !" mon esprit lui disait oui et la prenait dans ses bras.
Heureusement pour moi, car je ne sais pas ce que les autres passagers auraient fait si j'avais expliqué à la vitre que non, décidemment, notre amour n'était plus possible.
(J'avoue que je ne passe pas souvent ici, principalement par flemme et peu d'envie de prendre le temps de... mais ce hasard-ci, tu vois, et bien il à fait vibrer une corde en moi. Et ça, ce genre de petites notes, ça ne doit pas tomber dans l'oreille d'un sourd.)