Ecrit le 21.03.11 à 01h40
Plus que 5 jours à décompter. Et alors que j’ai beaucoup trop d’histoires à raconter je me perds dans celle qui ne s’écrira pas, parce qu’il n’y a plus rien à en dire, peut-être. Je me désabuse et c’est ma carapace. Je jette au loin ces désirs qui pourraient me blesser en me persuadant que je les ai bien entendu retomber de l’autre côté de la rive. Que désormais ils ne pourront m’atteindre, s’agitant vainement sur une autre parcelle de terrain que la mienne et qu’ils pourront crier de l’intérieur autant que leurs poumons peuvent emmagasiner d’air je n’entendrai pas, je ne peux entendre, le fleuve se déverse entre nos deux existences dans un immense fracas.
Sa voix commence à me sortir par les oreilles.
« Tu es une grande fille, responsable, inutile de te prévenir des risques d’overdose. »
Oui bah je n’ai pas écouté, pas tenu compte. J’ai fait défiler les notes jusqu’à les épuiser, cet amour pour son ton, ses mots, son travail qui ne deviennent que vieilles rengaines à se fredonner qui s’agacent d’elles-mêmes sans se renouveler. Les disques tournent en boucle encore, par habitude. Un peu comme un premier émoi qui n’a jamais connu qu’un seul corps dans lequel se fondre. J’ai perdu le goût des autres, des autres musiques, mais j’y reviens, peu à peu. C’était coriace, mais j’en vois le bout. J’ai bientôt fini d’assassiner toutes ces miettes de sentiments qui rampaient encore au sol, ces éclats, un par un, avec minutie, je m’acharne au cas où ça se relèverait, comme un cauchemar dans lequel le monstre ne meurt jamais. Et quand j’en aurai terminé, il y aura un silence intérieur. Et un vide. Que je pourrai à nouveau remplir. Quand j’en aurai terminé, je pourrai aller l’écouter jouer, revoir ses mimiques surnaturelles sans me contaminer l’épiderme de ces frissons tendres, je pourrai lui parler avec de vraies phrases qui ne se barrent pas en court de route en même temps que les jambes du cœur, je pourrai, respirer normalement, inspirer l’air, expirer l’espoir et qu’il me lâche un peu parce que c’est moi qui crève. Pas l’amour.
Moi je meurs de trouille. Tapie dans mon coin sombre à ressasser que ça ne marchera jamais, je meurs de trouille à l’idée que ça ne marche jamais. Malgré mes envies, mon désir, mes espoirs. Malgré la technicolor de mes rêves, ces belles images qui fissurent ma cavité crânienne. Tous ces mondes qui émergent de mon imagination et qui n’ont de valeur que par l’intermédiaire de ce regard d’éperdue que je porte sous mes paupières. J’aimerais bien inverser des fois. Sauf que ça n’aurait pas de sens. Ca n’a pas de sens. Ni d’envers, ni d’endroit. Ca n’a juste pas de raison d’exister autre que moi.
Et c’est bien dommage.
Commentaires :
"Et alors que j’ai beaucoup trop d’histoires à raconter je me perds dans celle qui ne s’écrira pas, parce qu’il n’y a plus rien à en dire, peut-être."
Cette phrase est magnifique.
Courage.
stupidchick
tu viens de changer des choses dans le titre ou c'est moi qui hallu?